Les électeurs aux urnes contre vents et marées
1,2 million de Mauritaniens iront voter demain pour élire 120 nouveaux députés contre 95 dans le parlement sortant. Favori, le parti présidentiel devrait rafler une bonne partie des sièges, suivi ds islamistes modérés dont le parti Tawassoul pourrait devenir la deuxième force politique du pays. L'opposition radicale qui a appelé au boycott, pourrait élever le taux d'abstention.
La campagne électorale pour les élections législatives et municipales prévues le 23 novembre en Mauritanie prend fin aujourd'hui, vendredi. Les électeurs iront finalement ce samedi pour élire les 120 députés de l'Assemblée nationale contre 95 auparavant, les maires et les conseillers municipaux après une campagne qualifiée de «morose» par l’opposition boycottiste. 47 partis politiques sont en lice pour les législatives et 64 autres pour les municipales, pour l'essentiel de la mouvance présidentielle, de l’opposition participationniste et des islamistes modérés.
Après deux ans d’attente et de tergiversation, le pouvoir du Président Mohamed Abdel aziz est déterminé à organiser les scrutins, à moins d’un an de la présidentielle. Les opposants radicaux réunis au sein de la Coordination de l’opposition démocratique (COD) ont opté pour un boycott actif de ces élections qualifiées de «mascarade», «inopportunes et techniquement irréalisables», selon Kane Hamidou Baba, leader du Mouvement pour la Refondation (MPR).
Un boycott actif
La COD a organisé une marche pacifique ce 06 novembre pour exprimer son ras-le-bol. Selon des estimations de la presse, plus de 2 500 personnes y ont participé. Au long du parcours, les manifestants ont scandé entre autres slogans «Aziz dégage…». À l’arrivée, Ahmed Ould Daddah, président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), a crié «non à l’utilisation par le pouvoir des moyens du peuple pour réprimer le peuple».
Pour sa part, le MPR de Kane Hamidou Baba a organisé le 17 novembre une autre marche de soutien à la feuille de route proposée à la classe politique (pouvoir/opposition) pour une solution de sortie de crise. Il a invité les Mauritaniens à faire du 23 novembre une «journée ville morte». Dans cette feuille de route, il est proposé de «renforcer les structures d’enrôlement à travers le pays et à l’étranger, d’assurer la gratuité de la carte d’identité, tout en décentralisant sa délivrance, de mettre en place une CENI représentative de toutes les sensibilités, ainsi qu'une commission d’enquête parlementaire paritaire (majorité-opposition) sur l’Enrôlement et le Ravel» (Recensement à vocation électorale, ndlr».
Tawassoul en bonne position
Du coté présidentiel, les principaux ténors ont battu campagne, sauf le Président Aziz. Messoud Ould Boukheir (Alliance populaire progressiste), président de l'Assemblée nationale sortante, l'ancien ministre Bodiel Ould Hmeidy (El Wiam), et Abdessalam Ould Horma (Sawab). Le Tawassoul, parti d’obédience islamiste membre de la COD, très populaire et représentatif sur l'échiquier, pourrait s'imposer comme la deuxième force politique du pays en capitalisant sur le boycott. Même son de cloche chez Ibrahima Moctar Sarr de l’AJD/MR qui estime qu’aller aux élections permettra à son parti d’avoir des députés pour continuer à exiger le règlement du passif humanitaire.
Pour ces scrutins, 100 observateurs ont été déployés sur l’ensemble du territoire national. Ils viennent de l’Union Africaine, du Maghreb Arabe, de l’Observatoire national des élections et de certaines Ong opérant dans la supervision des élections en Afrique. Absente, l’Union européenne se contentera d’envoyer deux représentants (un Belge et une Française), faute de consensus entre acteurs politiques locaux.
Ibou Badiane (Correspondant)