La partie civile veut une contre-expertise
Après deux mois passés en prison pour viol sur mineure et pédophilie, A. Ndiaye pourrait recouvrer la liberté grâce à la science. Car le test ADN est négatif, cependant l’avocat de la partie civile suggère une contre-expertise.
FATOU SY
Lueur de liberté pour A. Ndiaye. Le chauffeur de la société de transport Dakar dem dikk est en prison, depuis le 17 novembre dernier. Soit depuis deux mois, à cause d’accusations de viol suivi de grossesse et de pédophilie. Mais aujourd’hui, ce père de famille d’une cinquantaine d’années entrevoit la liberté grâce à la science. Soumis à un examen de paternité, le test ADN s’est révélé négatif.
En d’autres termes, A. Ndiaye n’est pas le père de l’enfant de Nd. Niang, âgée de 15ans. Mais l’avocat de la partie civile est loin d’être convaincu par ce résultat. Conforté par sa cliente qui a soutenu mordicus que A. Ndiaye est le seul homme avec qui elle a entretenu des rapports sexuels, Me El Hadj Basse a sollicité une contre-expertise.
Non seulement la fille mise au monde par sa cliente ressemble au prévenu, mais le conseil a décelé une erreur matérielle sur le document médical. ‘’Le rapport ne nous convainc pas, car il est mentionné que Nd. Niang est née le 4 août 1960, or ma cliente est née le 17 août 1997’’, a argué Me Basse. A défaut d’une contre-expertise, il a réclamé le paiement de dommages et intérêts d’un montant de 5 millions de francs Cfa.
Moins dubitative sur les résultats du test Adn, la représentante du parquet a demandé que le chauffeur soit tout simplement relaxé. ‘’Je suis très triste aussi bien pour le bébé que pour sa mère’’, a déclaré le substitut du procureur, Ramatoulaye Ly Ndiaye. Sa conviction est que la victime a caché le véritable auteur de sa grossesse de peur des représailles de ses parents. ‘’Nd. Niang a été abusée. Mais par qui ? C’est la grande question mais les résultats scientifiques sont clairs et nets. Si vous ordonnez une contre-expertise, mettez le prévenu en liberté provisoire’’, a conclu la juge. La défense s’est engouffrée dans cette brèche ouverte par le parquet, pour demander la relaxe de son client qui a persisté dans ses dénégations.
Comme lors de sa première comparution le 23 novembre 2012, hier, A. Ndiaye a nié catégoriquement avoir abusé de la victime. ’’Elle est venue deux fois pour remettre un versement à mon voisin boulanger. Mais je ne la connais pas et j’ignore même son adresse’’, s’est défendu le quinquagénaire qui n’a pu retenir ses larmes. Idem pour la victime. Vêtue d’un ensemble vert-orange, Nd. Niang, enveloppée d’un grand voile vert, a aussi versé de chaudes larmes, lorsque la représentante du parquet lui signifiait la contradiction entre les résultats du test ADN et ses accusations. Malgré cette confrontation, elle a persisté dans ses accusations. La jeune fille a affirmé que le prévenu est le père de l’enfant qu’elle a mis au monde en début novembre.
Elle a expliqué que A. Ndiaye a commencé à abuser d’elle depuis 2010, quand elle était en classe de CM2. ‘’Pendant deux ans, il abusait de moi tous les jours. Même en période de menstruation’’, a précisé la victime qui, lors de l’enquête, n’était pas en mesure de révéler le nom de son présumé violeur. ‘’On ne peut pas ne pas connaître le nom de quelqu’un qui te viole pendant deux ans’’, a fait remarquer Me Barro. ‘’ Puisqu’elle dit n’avoir entretenu de relation sexuelle avec un autre homme, le tribunal doit tirer les conséquences des résultats du test ADN’’, a appuyé Me Khalilou Sèye qui a demandé au tribunal de mettre en liberté provisoire leur client, au cas où l’affaire serait en délibéré. Une demande rejetée par le tribunal qui rend son délibéré mardi prochain, 22 janvier.
FATOU SY