Quel ancrage institutionnel ?
Le Gouvernement du Sénégal a élaboré une nouvelle stratégie de développement, dénommée «Plan Sénégal Emergent (PSE)» qui retrace les ambitions et la vision pour l’émergence économique du pays à l’horizon 2035. La mise en œuvre de cet ambitieux programme sera effectuée à travers trois axes stratégiques à savoir (i) la transformation structurelle de l’économie et croissance ; (ii) capital humain, protection sociale et développement durable ; (iii) gouvernance, institutions, paix et sécurité.
Le premier axe stratégique qui constitue le pivot du programme repose sur la réalisation de grands projets d’intégrateurs dont l’ambition est de faire décoller le Sénégal à l’horizon 2018. En effet, la mise en œuvre de ces projets et programmes permettrait à l’économie d’atteindre des taux de croissance relativement importants se situant, en moyenne, sur la période 2014-2018 autour de 7,1% par année. Toutefois, la réalisation de ces projets requiert, au-delà des ressources financières, une bonne expertise en management public.
Depuis le début des années 2000, les programmes économiques se fondent essentiellement sur la réduction de la pauvreté avec un accent sur les services sociaux de base. Cette approche n’a pas permis de générer la croissance économique nécessaire pour créer de l’emploi et atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Par ailleurs, le suivi du DSRP n’a jamais été très efficace. En effet, l’Unité chargée de sa mise en ouvre n’intervenait pas en amont pour s’assurer de la cohérence entre les budgets et les axes d’intervention du Programme d’Actions Prioritaires inscrits dans le DSRP.
De même, le suivi continu des programmes d’investissements publics n’était pas effectué. En lieu et place, l’Unité se contentait de revues annuelles qui n’épousaient pas la forme d’une évaluation de performance qui doit prendre en charge à la fois les critères de performance, d’efficacité et d’efficience. D’ailleurs, les documents n’ont jamais intégré un cadre logique permettant un exercice d’évaluation gage de la performance de l’action publique.
En revanche, le PSE comporte, en sus des réformes structurelles, 27 projets intégrateurs qui nécessitent dans leur mise en œuvre une planification des actions à entreprendre en amont ainsi que le suivi de leur efficience et de leur efficacité en aval. En effet, ces projets de grande envergure dont les phases de maturation s’étalent sur plusieurs années requièrent une compétence rompue dans les actions de planification et de suivi-évaluation.
La création du Ministère du Plan chargé, entres autres, des questions de planification et développement à moyen et long termes devrait permettre de prendre en charge le pilotage des projets et programmes inscrits dans le PSE, en rapport avec les ministères sectoriels.
En outre, le rattachement au cabinet du Ministre du Plan, du Centre d’Etudes de Politique pour le Développement (CEPOD) et de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie qui étaient les départements économiques opérationnels du Ministère de l’Economie et des Finances ainsi que la création d’une unité de suivi des programmes d’investissement territoriaux de l’Etat font du département le plus apte du point de vue institutionnel, à piloter les documents de politiques économiques à moyen et long termes.
Par ailleurs, le CEPOD est la seule structure de l’administration publique qui peut se prévaloir d’avoir participé à l’élaboration du PSE depuis le début du processus.
En outre, les missions et les compétences du Ministère du Plan cadrent avec la vision qui est développée dans le PSE. En effet, le Ministère du Plan est chargé, entres autres, de : élaborer des réflexions prospectives et des visions à long terme ; préparer les documents de planification, diriger les études préparatoires et assurer la cohérence avec les plans territoriaux ; veiller à l’exécution des politiques sectorielles ; appuyer l’élaboration des documents de planification territoriale et assurer le suivi des programmes et projets d’investissements territoriaux de l’Etat.
De manière spécifique, l’érection de la Division de la Planification Sectorielle et de l’Evaluation en Direction permet de renforcer la place de l’évaluation ex anté des projets ainsi que la sélection du portefeuille le plus pertinent au regard des critères standards.
De même, la création d’une Direction de la Planification Nationale (DPN) permet de prendre en charge les questions de cadrages à moyen terme, pour une meilleure allocation des investissements publics.
Dans la même perspective, la mise en place de l’USPITE permet d’assurer le suivi de la programmation des investissements publics suivant l’approche territoriale pour s’assurer de la résorption des inégalités. Ce monitoring est également effectué pendant la phase d’exécution des investissements afin d’assurer l’efficacité et la performance des réalisations.
Par ailleurs, la mise en place de la Direction du Suivi de l’Exécution des Marchés Publics (DSMP) permet de veiller au respect des plans de passation des marchés publics et à l’exécution physique des marchés.
En outre, le Ministère du Plan regroupe en son sein des ressources humaines de qualité constituées d’une trentaine d’économistes, d’une dizaine de planificateurs ainsi que des spécialistes en suivi et évaluations des investissements publics. C’est dire que le Département regorge des potentialités en ressources humaines uniques dans le Gouvernement de par la richesse de la diversité des profils et de la qualité.
Au total, le Ministère du Plan dispose de par ses missions et prérogatives ainsi que de par ses ressources humaines les compétences nécessaires pour mener à bien le suivi et l’évaluation du Programme Sénégal Emergent.
Ibrahima Ba
Ingénieur Statisticien Economiste