Au RV des «personnes dignes et non des traîtres»
Le congrès du Parti démocratique sénégalais a été l'occasion pour les libéraux de remobiliser les troupes groggy après la débâcle de leur chef le 25 mars dernier.
Ça avait tout l’air d’un adieu. Wade regagnant son véhicule sous ovations, cris et pleurs des militants libéraux. Il s’est même offert une petite marche bleue. Comme il l’aime. La salle du CICES était trop petite pour recevoir ce monde fou. 10h, les militants étaient déjà là. Les rangs grossissent au fil des heures. Au final, «2500 délégués et 3000 observateurs du parti», accompagnés de leurs militants. De la musique par ci, des tam-tams par là, le folklore est entretenu. Pour montrer que le coup de massue reçu le 25 mars est en voie d'être oublié. Ils crient, chantent et montrent qu’ils sont forts. Les artistes sont également de la partie : Pacotille, Kiné Lam, Maty Thiam Dogo…Fierté et confiance renouvelées. ‘’C’est le rendez-vous des personnes dignes et non des traîtres qui sont en train de quitter le parti’’, dit Abdou, un jeune griot debout au milieu de la foule.
L’arrivée de chaque responsable est un moment d'ovation. C’est le cas de cette meute de griots chantant les louanges de Bachir Diawara, proche collaborateur de Karim Wade. On se salue, on se congratule, mais difficile d’effacer les stigmates d'une défaite encore visible sur les visages. C’est aux environs de 13 h que le président Wade arrive. Délire total. Détour au salon d’honneur du CICES. Puis accès à la grande salle, staff avec lui. Une fois le seuil franchi, la salle est prête à exploser. Coups de sifflet, cris…et ’’Gorgui’’ fusent de partout. L’odeur des sueurs mêlée à la chaleur brûle l’air aux alentours des issues.
Remobiliser les troupes, gagner la base et reconquérir le pouvoir.
«Combattant infatigable», un caractère que le président battu a voulu insuffler à ses militants. Question de responsabilité. ‘’Vous allez aborder la campagne électorale pour les législatives du 17 juin prochain dans l’unité. Rien n'est encore perdu et il ne faut pas faire comme ceux qui partagent la peau de l’ours avant de l’avoir tué, il faut aller à la conquête de l’Assemblée’’. Applaudissements. ‘’Les investitures locales se feront sur la base des militants qui mobilisent le plus chez eux. Il ne faudrait pas que les suppléants se découragent, je leur demande de se battre à la base, c’est ça le comportement d’un bon militant. Le parti doit aller résolument vers la conquête de l’Assemblée nationale’’. Applaudissements encore. Puis annonce. ‘’Dans quelques mois, je vais remettre la base du parti à un successeur qui sera choisi par vous-mêmes en interne’’. Fixant la foule qui se déchaîne, Abdoulaye Wade lance une dernière salve. ‘’Après cela, j’irai m’inscrire à l’Union des jeunesses travaillistes libérales’’. Les ovations le porteront en triomphe jusqu’à la sortie. Il est presque 16 heures. Le soleil darde encore ses rayons sur un chef politique atypique, au crépuscule de sa carrière.
AMADOU NDIAYE