Des novices à l’épreuve du pouvoir
Sept “bleus”. C'est le nombre de nouveaux ministres qui entrent dans le gouvernement “Mimi”1, la plupart étant crédités de solides compétences dans leurs domaines respectifs...
Le suspense aura été long. Trop long. Annoncée à 16 heures, la liste du gouvernement sera finalement publiée à 18 heures passées. Devant un parterre de journalistes, le secrétaire général adjoint de la Présidence de la République, Maxime Jean-Simon Ndiaye, flanqué du Premier ministre Aminata Touré, et d’Abdou Aziz Tall, le Directeur de cabinet du chef de l'Etat, révélera distinctement le nom de chaque ministre.
Une équipe qui a changé en nombre et dans la forme puisqu’on aura noté la création de nouveaux départements et l’entrée de 7 ministres. Il s’agit de Me Sidiki Kaba qui remplace Aminata Touré au ministère de la Justice. S’ils sont nombreux à être surpris de la nomination de l’ancien président de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) - la presse avait plutôt annoncé à ce poste Me Oumar Youm -, ils sont presque unanimes à saluer le choix qui a été porté sur cet originaire du Sénégal oriental, avocat international jouissant d’une bonne réputation auprès de ses pairs. Mais il devra surtout convaincre sur sa capacité à gérer l'épineux dossier de la traque des biens mal acquis pour lesquels des dignitaires de l’ancien régime sont en prison depuis plusieurs mois. Pour cela, le Premier ministre ne se fait pas de souci. “Me Kaba est un éminent juriste connu sur la scène internationale. Je suis convaincue qu’il fera un bon garde des Sceaux, ministre de la Justice”, a déclaré Mimi Touré, hier au Palais.
Autre ministre dont les compétences font l’unanimité, c’est Pape Abdoulaye Seck, nommé à l’Agriculture. Ce docteur en Analyse et Politiques économiques agricoles (Ecole nationale d'agronomie – Université de Dijon) a dirigé l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA) de 2000 à 2006 avant d’être nommé Directeur général de AfricaRice. Un parcours qui laisse penser qu’il est l’homme de la situation pour la relance du secteur. Peut-on en dire autant de son collègue Diène Farba Sarr ? Débauché de l'Apix, Diène Farba Sarr atterrit au ministère de la Promotion des investissements et des Partenariats. Un défi pour ce compagnon historique de Macky Sall d’autant plus qu'une partie de l'opinion et de la classe politique doute, à tort ou à raison, de la capacité du président de la République à faire venir les investisseurs dans le pays contrairement à son prédécesseur.
Mor Ngom, une deuxième chance
Le nouveau ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba et son colistier du Budget Mouhamed Moctar Cissé, eux aussi, ont du pain sur la planche. Venus des deux mamelles de l'économie nationale, les Impôts et la Douane, ce duo de technocrates devra faire preuve d’ingéniosité pour faire (re) démarrer une machine économique grippée qui plombe le secteur des PME-PMI.
Le secteur de l’économie étant largement tributaire de l’Energie, Maïmouna Ndoye Seck a la lourde tâche de résoudre la crise énergique à laquelle le Sénégal fait face depuis plusieurs décennies. Ancienne patronne du Conseil de régulation de l’Energie (CRE), le nouveau ministre de l’Energie est un “homme” du sérail. Elle est
réputée “compétente” et “discrète”. Un détail important : Mme Seck se dit apolitique et précise qu’elle “n'est pas militante à l’Apr, pour l’instant”.
Contrairement à Anta Sarr, politiquement engagée auprès de Macky Sall depuis la création du parti présidentiel. Le ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance remplace donc sa “soeur” camarade de parti Mariama Sarr, au moment où son “frère” Mor Ngom fait son comeback. Le ci-devant Directeur de cabinet de Macky Sall revient dans le gouvernement mais occupe, cette fois-ci, le Département de l’Environnement. Cela s’appelle une seconde chance.