Monsieur le Président, qu'est-ce qui a changé dans ce pays ?
Au lendemain de votre investiture, les forces vives ayant soutenu votre candidature vous avaient averti que vous ne bénéficierez pas d’un état de grâce comme celui accordé à votre prédécesseur. Pourquoi ? Parce que tout simplement pendant des années et des années vous avez été au cœur du « système » qui nous gouvernait. Pendant toutes ces années d’accointance, vous avez été largement imprégné de leur « méthode de gestion ». Vous avez côtoyé les plus grands prédateurs de notre économie et vous les connaissez tous.
En un temps record, vous avez, de façon extraordinaire, brûlé les étapes pour devenir un potentiel remplaçant de Me Wade à la tête du Pds et du Pays. Directeur de campagne de ce même Me Wade en 2007, vous avez, on ne sait comment, gagné les élections présidentielles « au 1er tour ». Au moment même où dans votre propre camp certains de vos alliés s’attendaient au pire et commençaient même à évacuer familles et biens vers l’extérieur. Des quatre coins du globe, journalistes et observateurs avides de scoop affluaient vers le Sénégal pour assister à la cuisante défaite du Pape du Sopi. La suite on la connaît : pour avoir démontré votre capacité et votre ambition légitime pour diriger ce pays, vous avez été conduit vers l’abattoir. Les Sénégalais, comme ils l’ont exprimé naguère à Djibo Kâ, Moustapha Niasse et Idrissa Seck du temps de leur disgrâce, ont compati à votre douleur face à cette injustice.
Le 25 mars 2012, le Peuple sénégalais, dans son écrasante majorité, s’est levé comme un seul homme pour affronter toutes les forces de répression mises en branle par le régime de Wade. Par la grâce de Dieu, nous avons pu mettre hors d’état de nuire cette horde de prédateurs hors pair, une race de vermines qui a sucé notre sang jusqu’à la dernière goutte ; ce gang mafieux qui a eu l’indignité et la cupidité de spolier nos terres et l’indécence d’avoir érigé le mensonge, la corruption comme manuels de procédures. En tentant de manipuler la Constitution du Pays dans le but de nous imposer une dynastie qui heurte notre conscience républicaine, le peuple décidé d’en découdre avec eux s’est solidairement et courageusement opposé à cette forfaiture : ce fut un jour historique ce 23 juin 2011.
«Soutiens massifs et historiques»
Jamais dans l’histoire politique de notre Nation, un Président de la République n’a bénéficié d’autant de soutiens. De la Société civile jusqu’aux partis politiques les plus représentatifs, de l’intellectuel sénégalais au background avéré jusqu’au paysan des profondeurs, du marchand ambulant aux confédérations patronales qui ont été, depuis plus de 10 ans, tenues à l’écart de la reconstitution de notre économie, tous se sont érigés en boucliers pour soutenir votre candidature. Sans oublier les élèves et étudiants, tous victimes d’un système éducatif volontairement déstructuré par des enseignants cyniques, cupides et irresponsables et qui pendant plus de six mois ont eu encore le toupet de s’adonner à leur jeu favori sur fonds de chantage : déserter sans état d’âme les salles de classes pour aller, au vu et au su de tous, faire du « xar matt » dans les instituions scolaires privées tout en ne gênant point de se bousculer dans les banques pour percevoir leur salaire de fonctionnaire : quelle honte, quelle preuve d’ingratitude, mais aussi, quel manque de courage de la part de l’Etat qui tarde à sévir face à cette farce de mauvais goût.
En tout état de cause, le 25 mars 2012, nous avons tous poussé un ouf de soulagement quand le Pds, ses affidés arrogants et ses souteneurs zélés, ont été humiliés malgré leurs innombrables mallettes bourrées d’argent (du contribuable sénégalais) distribuées par-ci et par-là. Malgré aussi leurs pratiques occultes qui les ont conduits jusqu’en Inde pour dénicher le « faiseur de miracle » lequel n’a pas oublié de leur préconiser des sacrifices humains et autres pratiques que la religion et la morale réprouvent : tout cela pour se maintenir au pouvoir.
Vous voila élu Président, et les Sénégalais, gagnés par l’euphorie d’un moment, se sont mis à rêver d’un Sénégal prospère ; d’un Sénégal débarrassé à jamais de cette race d’arrivistes doublés d’affamés, plus prompts à voler nos ressources qu’a travailler.
Ousseynou CISSÉ
Comptable à la retraite
Gueule tapée,
Dakar, le 24 octobre 2012
A suivre....