De Zerbi pourrait-il être tenté ?

Roberto De Zerbi va-t-il claquer la porte de l'OM après une seule saison ? Débarqué l'été dernier dans l'euphorie générale et figure de proue du projet marseillais, le technicien italien serait en pole position pour s'asseoir sur le banc de l'AC Milan, qui cherche d'ores et déjà un successeur à Sergio Conceiçao. Heureux à Marseille, "RDZ" pourrait toutefois vaciller face à une offre milanaise.
Tous ceux qui connaissent l'OM le savent : la saison marseillaise est arrivée à un point de bascule. Soit elle le fait du bon côté, avec un succès dès dimanche lors de la réception de Toulouse (20h45) pour stopper cette hémorragie de trois défaites consécutives et s'éviter tout psychodrame. Soit elle le fait du mauvais, et les troupes de Roberto de Zerbi risqueraient alors de compromettre très sérieusement une qualification en Ligue des champions qui semblait acquise. Les dernières rumeurs n'ont d'ailleurs rien de bien rassurant pour les supporters marseillais. Management plus sévère de "RDZ", joueurs contraints de dormir à la Commanderie après la défaite à Reims, colère de Rabiot devant les micros : la Commanderie n'est pas encore en feu. Mais méfiance aux étincelles qui commencent à en sortir. D'autant plus que la presse italienne a décidé de rajouter un peu d'huile cette semaine...
Mercredi, La Gazzetta dello Sport confirmait dans ses colonnes nos informations de début mars. Avec un titre limpide et éloquent : "Roberto De Zerbi est en pole position pour le banc de l'AC Milan". Une tendance confirmée par deux quotidiens généralistes très sérieux : la Repubblica et le Corriere della Sera. En concurrence, entre autres, avec Antonio Conte, sous contrat avec le Napoli, et Massimiliano Allegri, libre depuis son licenciement de la Juventus Turin en fin de saison dernière, l'entraîneur marseillais serait désormais le choix du numéro un du club lombard, qui aurait d'ores et déjà acté le départ de Sergio Conceiçao à l'issue de ce désastreux exercice 2024-2025.
"Son profil plaît pour deux raisons : ses idées de jeu, en adéquation avec la grande histoire de Milan, et son ADN du club, puisqu'il a été formé sur les terrains de Milanello", écrivait le quotidien aux pages roses, rappelant ainsi le passé milanais du technicien de 45 ans. De Zerbi a en effet fait peaufiné sa formation de joueur avec les équipes jeunes du Milan entre 1995 et 1998. Il en garde un souvenir intact et un lien très fort. Là-bas, l'ex-milieu de terrain a fréquenté les grandes stars de l'époque : l'exigence, le travail et le sérieux sont des valeurs qu'il a toujours emportées avec lui. Encore aujourd'hui. Il n'en est toutefois pas un supporter, puisque lui demeure surtout un "tifoso" de Brescia, sa ville de naissance.
Je suis un fils de Milan
"J'ai grandi à Milan, je suis un fils du centre de formation, se remémorait-il à la BoboTV en juin 2023. À l'époque, c'était une équipe différente de toutes les autres : elle gagnait avec un jeu différent de toutes les autres. Mon éducation footballistique, je l'ai prise des différents Maldini, Baresi, Tassotti, Costacurta, Boban, Savicevic... Les valeurs de l'entraînement et du sérieux. Quand je dis que je joue pas pour le résultat, ce n'est pas que je ne vis pas pour le résultat : moi aussi je veux jouer pour gagner tous les matches mais moi, à travers le football, j'arrive à être moi-même. Comme le football est ma vie, je dois le faire en étant aussi moi-même. La façon dont je fais jouer mes équipes, de vouloir le ballon, c'est la façon de me représenter moi et mon histoire."
Formé, marqué par son passage à Milan, De Zerbi pourrait-il tout envoyer valser l'été prochain, lui qui est la grande figure du projet marseillais, initialement bâti sur trois ans par le duo Longoria-Benatia ? Pour l'heure, son entourage laisse filtrer une concentration totale sur la saison en cours. Les échéances qui arrivent sont trop importantes pour s'éparpiller. Le technicien marseillais n'a qu'une seule chose en tête : se qualifier pour la Ligue des champions. Tout comme ses dirigeants, qui n'ont aucunement l'intention de s'en séparer après une seule saison. Ils ont tout fait pour l'attirer en juin dernier, en concédant dans la foulée bien des investissements et des sacrifices pour le satisfaire. Repartir de zéro serait un nouvel échec cuisant. Côté Milan, on nous assure que le technicien marseillais n'a pas été contacté, directement ou indirectement.
Une promesse, pas une garantie
Heureux à Marseille, une ville dont la passion qui en découle lui rappelle le pays, l'ancien entraîneur de Sassuolo et Brighton, également passé par le Shakhtar Donetsk, ne souhaite donc pas se laisser distraire par toutes ces rumeurs. Bien qu'il soit évident qu'une offre concrète du Diavolo (le "Diable", l'un des surnoms de l'AC Milan) pourrait le faire réfléchir. Il l'a longtemps attendue, l'été dernier, lorsque des rumeurs de ce possible mariage existaient déjà. Mais les Rossoneri avaient finalement décidé de miser sur Paulo Fonseca, viré six mois plus tard pour laisser place à son compatriote Sergio Conceiçao. Là aussi un échec. D'où la volonté de redémarrer la saison prochaine avec un entraîneur italien. C'est en tout cas ce que souhaite Fabio Paratici, ancien dirigeant de la Juventus et Tottenham, annoncé comme le prochain directeur sportif du club lombard.
La semaine passée, ce dernier a d'ailleurs rencontré au "Palazzo Parigi", un hôtel situé dans le centre de Milan, Edoardo Crnjar, l'agent de Roberto De Zerbi. Un rendez-vous pour parler d'un éventuel avenir commun dans la capitale lombarde ? "Allons-y doucement. Mais le nom de l'entraîneur marseillais est toutefois le préféré des techniciens émergeants capables de construire un projet à long terme", prévenait La Gazzetta dello Sport mercredi. Car Milan est également conscient du risque que porterait ce choix de miser sur De Zerbi. S'il a engrangé bien de l'expérience ces dernières années, l'entraîneur de l'OM n'est pas encore devenu une garantie absolue de résultats. "Le club pourrait aussi décider de miser sur un coach habitué à entraîner des grandes équipes, et donc viser à gagner immédiatement, quitte à ne pas jeter des bases sur du long terme" précisait le quotidien lombard. Fabio Paratici, qui connaît bien Antonio Conte et Massimiliano Allegri pour leur passé commun à la Juve, tenterait alors de miser sur l'un des deux pour calmer la gronde des supporters milanais, lassées de voir leur grand rival, l'Inter, amasser les titres ces dernières saisons.
"De Zerbi sait bien faire jouer ses équipes, mais lui donnera du temps sera fondamental, prévenait Antonio Di Gennaro, ancien joueur notamment de l'Hellas Vérone et de la Fiorentina devenu consultant respecté en Italie, à TMW Radio. Mais à Milan, tu ne peux pas en avoir beaucoup car tu dois gagner tout de suite. Conte et Allegri sont des certitudes, et De Zerbi me plaît pour la manière dont il fait jouer ses équipes. Au club d'être clair et dire les choses d'entrée." "Après ses trois expériences à l'étranger, Roberto pourrait maintenant avoir envie de se remettre en jeu en Serie A, enfin à la tête d'un grand club", concluait de son côté La Gazzetta dello Sport. Et l'OM dans tout ça ? "C'est sa seule priorité, nous répond l'entourage de De Zerbi. Roberto est une personne trop intègre et entière pour penser à autre chose que son équipe. Il est pleinement concentré sur sa mission et absoluement rien ne pourra changer ça. Ses pensées vont à 100% pour l'Olympique de Marseille." Reste à savoir jusqu'à quand.
EUROSPORT