Une Fédération nationale des victimes en gestation
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Pour faire face aux litiges fonciers qui deviennent de plus en plus récurrents au Sénégal, la mise en place d’une Fédération nationale des victimes du foncier est prévue. L’annonce a été faite hier, lors d’une conférence de presse, par la représentante du Collectif des copropriétaires des immeubles des Hlm-Maristes, Sokhna Marème Mbacké.
Le Collectif des victimes de démolition du quartier Darou Salam Bègne bi, celui des copropriétaires des immeubles Hlm-Maristes, les victimes de démolition de Tivaouane Peulh et le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp) ont fait face à la presse, hier. L’objectif de leur rencontre était de dénoncer les litiges fonciers devenus de plus en plus fréquents au Sénégal.
‘’Le problème du foncier commence à être récurrent, au Sénégal. Il est temps que tous les acteurs se prononcent sur le combat que les citoyens sénégalais sont train de mener. Au fait, le problème, c’est qu’on achète des terres, on y habite pendant des années et, du jour au lendemain, les autorités viennent vous déplacer au profit des étrangers ou une personne bien nantie qui a des biens partout’’, regrette la représentante du Collectif des copropriétaires des immeubles des Hlm-Maristes.
Venue soutenir les victimes de démolition, Sokhna Marème Mbacké déclare qu’en général, les victimes sont des gens qui se sont battus pendant toute leur carrière pour acheter un terrain. Et les autorités imposent souvent un rapport de forces pour les déplacer. ‘’Il est temps que ces actes cessent au Sénégal. En tant que victimes, nous nous battrons pour que toute personne qui a un litige foncier soit rétablie dans ses droits. Ce qui se passe au Sénégal n’est pas normal, qu’on le dise ou non. On parle d’’Un Sénégal, un toit’. Mais c’est juste du verbiage. Nombreux sont, aujourd’hui, les Sénégalais qui n’ont pas terre ou l’ont perdue. Maintenant, il est tant qu’on mette en place la Fédération des victimes du foncier du Sénégal. C’est le combat que nous menons avec Frapp et d’autres acteurs’’, affirme-t-elle.
Pour le porte-parole du Frapp, il urge de stopper ce phénomène qui a touché les habitants des Maristes, des Niayes, de Gadaye, de Mbaan, de Tambacounda, de Wassadou, etc. Guy Marius Sagna rappelle que le chef de l’Etat, Macky Sall, a lui-même dit récemment que ‘’le foncier est l’un des sujets sur lesquels il est le plus interpellé’’. ‘’Il admet que c’est source de beaucoup de litiges, de malentendus, de désaccords. C’est pourquoi nous voulons apporter notre pierre à l’édifice. On ne peut plus regarder les gens perdre leurs terres, leurs champs, leurs vergers, que leurs maisons soient démolies. Tous les secteurs primaires sont touchés. Les agricultures ont des difficultés pour cultiver, parce qu’ils n’ont plus de terres, c’est pareil pour les éleveurs’’, renchérit l’activiste.
En effet, le représentant du Collectif des victimes de démolition de Tivaouane Peulh a lui relevé qu’ils n’ont ‘’rien vu’’ des promesses qui leur ont été faites par les autorités étatiques. ‘’Les 20 ha qu’on nous avait attribués à Rufisque, les services techniques nous ont fait savoir que leur ministre de tutelle, Abdoulaye Daouda Diallo, leur a dit que le chef de l’Etat Macky Sall est revenu sur sa décision. Quand ils nous promettaient ces 20 ha, c’était acté, écrit noir sur blanc sur un papier qu’ils nous ont remis. Mais s’agissant du recul du président de la République, personne ne l’a écrit sur papier. Et on leur a fait savoir que pour rien au monde, nous n’allons céder’’, indique Papa Khalil Gaye.
Sur ce, il appelle le chef de l’Etat à revoir sa décision, si c’est avéré qu’il compte leur ‘’retirer’’ ces 20 ha. ‘’Il doit savoir que les victimes de Tivaouane Peulh souffrent. Cela fait 3 ans que leurs enfants ne vont plus à l’école et des familles se sont disloquées, des ménages brisés. Donc, nous lui demandons de revenir sur sa décision. Il doit savoir que nous sommes au même niveau qu’il nous avait trouvés, au moment où il a demandé qu’on nous rembourse nos impasses’’, fait-il savoir.
MARIAMA DIEME