Les leçons d’un drame
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L’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis est en deuil après la découverte tragique du corps sans vie de Matar Diagne, étudiant en Master de Droit public, retrouvé dans sa chambre du campus 1.
Selon un communiqué du Parquet de Saint-Louis, la découverte a été signalée aux autorités judiciaires dans la soirée du 10 février. Les premiers constats effectués par la Brigade de Recherches de la Gendarmerie nationale ont permis d’identifier le défunt, originaire de Guinaw Rails (Dakar). Une enquête a été ouverte afin de déterminer les circonstances exactes de son décès, et une autopsie a été ordonnée.
Toutefois, selon plusieurs témoignages de ses camarades et d’après ses propres écrits retrouvés dans ses effets personnels, Matar Diagne souffrait depuis longtemps d’une maladie qui l’affaiblissait progressivement.
*Un drame qui pose question*
Ce tragique événement remet en lumière une problématique majeure : l’accompagnement social, psychologique et médical des étudiants dans les universités sénégalaises.
Dans un contexte marqué par la précarité et un isolement grandissant, nombreux sont les étudiants en détresse physique ou mentale, sans un réel soutien institutionnel.
Les structures d’accompagnement existent, mais sont-elles réellement adaptées ? Peuvent-elles répondre efficacement aux besoins de ces jeunes qui, souvent, souffrent en silence ?
La société actuelle, marquée par l’individualisme croissant, le repli sur soi et la course effrénée au succès personnel, laisse de plus en plus de jeunes livrés à eux-mêmes. Or, l’université ne devrait-elle pas être un espace de partage, de solidarité et d’entraide ?
*Une tragédie qui nous interpelle tous*
La disparition de Matar Diagne doit être un signal d’alarme, et non un simple fait divers vite oublié.
Ce drame nous renvoie à notre responsabilité collective. Il nous oblige à nous interroger :
Que faisons-nous pour nos étudiants en détresse ?
Pourquoi la solidarité, autrefois pilier de nos communautés, s’effrite-t-elle autant ?
Comment réintroduire l’humain au cœur de nos interactions quotidiennes ?
L’indifférence, l’isolement et l’injustice rongent progressivement notre tissu social, brisant des destins dans le silence le plus total.
Matar Diagne en est une triste illustration.
Un étudiant, un jeune homme avec la tête farcie de rêves et d'ambitions, qui, dans la solitude de sa chambre universitaire, a fini par succomber à la maladie.
Peut-être dans l’oubli. Peut-être sans que personne ne puisse (ou ne veuille) entendre son cri… silencieux.
Il est temps de réagir. Il est temps de rompre avec l’indifférence.
Aujourd’hui, l’UGB et le Sénégal pleurent l’un de leurs fils. Un guerrier incompris, jusqu’à sa tombe.
Repose en paix, Matar.
*Par Babou Biram Faye*