Le Sénégal ne sait pas (encore) gagner
Encore une fois, l’histoire s’arrête prématurément. Le Sénégal s’est vu au fil de la compétition, assez beau, très beau pour terminer à la première place africaine. Pour une fois, sans fausse modestie, ce n’était pas un rêve usurpé, mais bien possible. Qualifiée de meilleure équipe du tournoi par son tranchant offensif et surtout par la qualité de ses individualités, le Sénégal a séduit, déroulé, marqué les esprits. Mieux, ce que les puristes réclamaient depuis l’arrivée d’Aliou Cissé s’est produit, l’entraîneur reconnaissant par ailleurs lui-même que son équipe commence à avoir une identité de jeu, en plus du mental qu’il a réussi à lui insuffler et de la bonne ambiance de groupe.
Mais, le Sénégal, malgré tous les espoirs, s’est déçu lui-même, ne parvenant pas à aller jusqu’au bout de son rêve. Simplement parce qu’au fond de lui, cette équipe ne sait pas encore gagner. Elle sait désormais jouer. Ce qui est bien. Mais dans ce genre de compétition, ce que l’on retient, c’est plus le nom de l’équipe gagnante que celle de l’équipe qui a mieux joué.
Ce scenario, qui a marqué le quart de finale contre le Cameroun, est la seule leçon à retenir : savoir gagner ne s’acquiert pas, ça s’apprend. Cela commence par inculquer à nos joueurs un esprit de victoire qui signifie en football, que même une demi-occasion se marque. L’on n’a pas besoin en football d’avoir 60% de possession comme ce fut le cas, samedi, d’avoir 15 tirs dont 5 cadrés pour violer les filets adverses. Le Burkina Faso a eu trois tirs cadrés dans son match contre la Tunisie et a mis le ballon au fond des filets à deux reprises, s’octroyant, en passant, une place dans le dernier carré.
Pour ce faire, l’histoire étant désormais derrière nous, il urge pour la fédération et son sélectionneur de tirer le bilan technique de cette Can (une chose que l’on ne fait presque jamais) et qu’on rectifie ce qui peut l’être. Pas de chasse aux sorcières, pas de bilans médiatiques, pas de guéguerre. Cela ne nous mènera nulle part, sinon qu’à accentuer notre frustration d’avoir été si près du but. Mais seulement si près.