Il fait partie des rares personnes qui ont accompagné le roi des arènes depuis ses premiers pas. Aliou Diabaye, communément appelé ''Père Diabaye'', révèle les confidences de Balla Gaye 2. Dans cet entretien, il exhorte le fils de Double Less à redoubler d’efforts car, dit-il, les lutteurs qu’il a battus continuent de travailler dans l’ombre pour lui faire perdre sa couronne.

Diabaye, on entend toujours Balla Gaye 2 vous remercier après quasiment chaque combat. Quels sont vos rapports avec lui ?

Nous avons des rapports de respect, de confiance. À chaque fois qu’il a un besoin urgent, il fait appel à moi et dans l’intimité. Il me considère comme son propre père, personne ne peut se mettre entre nous, même nos épouses le savent. Il n’y a pas d’intermédiaire entre nous. C’est quelqu’un qui n’aime pas la médisance ni le manque de respect. Et gare à celui qui lui raconte une contrevérité car il n’hésite pas à aller vérifier auprès du principal concerné. Il a un bon cœur. Beaucoup se trompent à son égard, même les enfants qui sont ses amis.

Je vais vous raconter une anecdote. Lors de son combat contre Tyson, j’étais tombé malade pendant plus de 6 mois. Il est venu me voir à la maison et m’a dit : ‘’Lève-toi !'' Je lui ai répondu que jétais malade. Il m'a répété : ''Lève toi, j’ai une mission que je dois te confier.'' Et automatiquement je me suis levé alors que j’étais resté pendant 6 mois sans pouvoir bouger de là ou j’étais. Tout le quartier peut vous le confirmer.

Vous connaissez donc mieux que quiconque Balla Gaye 2 pour l'avoir vu grandir. Est-ce que ses prouesses dans la lutte vous surprennent ?

J'ai connu Omar (Balla Gaye 2, NDLR) en 1997. Mais on a commencé à se fréquenter à l’époque où il faisait le ‘’mbàpàtt’’ (séances de lutte simple traditionnelle). Il me plaisait beaucoup par son courage, son abnégation et son envie de vaincre l’adversaire. Il venait ici pour jouer avec ses amis. Omar (Sakho), c’est le Bon Dieu qui nous a unis. D’ailleurs, ce surnom ‘’Père Diabaye’’ par lequel tout le monde m’appelle vient de lui. Depuis son premier combat, il ne cesse de me remercier à chaque fois que l’occasion se présente. Il est comme un propre fils pour moi. Ce qui l’atteste est qu’il a eu à vivre sous mon toit et pendant longtemps.

Et c’est devant chez moi que nous avions l’habitude de boire du thé, et à l’heure de rentrer, un de mes fils le raccompagnait chez lui. Je suis devenu son premier fan. Il fut un temps où personne ne voulait l'accompagner lors d'un combat. Je me suis débrouillé pour regrouper quelques-uns et nous avions pris un car pour le stade. Depuis lors, c’est devenu un rituel à chaque fois qu’il a combat. Mais je puis vous dire que Omar n'est pas arrivé là par hasard. Certes il a le don, mais il a vraiment travaillé. Il a toujours été impressionnant. Depuis son jeune âge, il montre une réelle envie, une détermination. Pendant les ''mbàpàtt'', il emportait tout sur son passage avec des prises extraordinaires. Dans la lutte avec frappe, il n'a même pas montré ce qu'il a fait dans ces séances de lutte simple.

Que ressentez lors de ses combat ?

Quand il lutte, je me lève au moment où l’arbitre siffle. Contre Tapha Tine, une défaite m'aurait surpris, je vous le jure (l’air sérieux). Car non seulement il est courageux, mais il est bon en lutte simple. Ceux qui parlent ne connaissent pas les capacités de ce lutteur. À l’époque où il était dans les ‘’mbàpàtt’’’, il parvenait à battre plusieurs lutteurs en une nuit. Quand on avait ficelé son combat contre Modou Lo, j’avais vu quelqu’un de l’entourage de ''Xarañ'' (Modou Lô) dire que nous allions mordre la poussière si nous encaissions l’avance. Vous avez vu ce qui s’est passé. C’est la même chose que j’avais dit à un proche de Tapha Tine ; là aussi vous avez vu le résultat. Il a été battu avant d’être terrassé.

''Balla m'a dit qu'il lui reste Eumeu Sène et Gris''

Aujourd'hui, Balla Gaye 2 écarte Yékini et Modou Lô. Quel adversaire pour lui, selon vous ?

Eumeu Sène nous avait gagné, mystiquement parlant. Mais actuellement, s’il y a un lutteur dont nous avons faim, c’est bel et bien lui. Je vais vous raconter un secret : après sa victoire sur Yékini, je suis venu le trouver chez lui et je lui ai dit : ‘’Balla, tu ne me dois plus rien, je t’ai accompagné de la lutte simple jusqu’à ce que tu deviennes rois des arènes’’.  Il m’a répondu : ‘’Non, il me reste quelque chose pour toi, je dois terrasser ces trois lutteurs : Tapha Tine, Eumeu Sène et Gris Bordeaux’’.

''Une personne m'a dit, à l’époque où il n’avait même pas fait 10 combats, que Balla serait roi des arènes et pendant longtemps. Il se peut même qu’il remette la couronne à Sa Thiès, son frangin''

Quelle a été la défaite de Balla Gaye 2 la plus amère ?

C'est celle contre Issa Pouye. Elle nous avait fait trop mal. Ce jour-là, lui, deux autres lutteurs de l’écurie et moi, nous nous étions isolés dans un coin au retour de l’arène pour voir ce qui n’avait pas marché. Nous avons beaucoup pleuré ce jour-là et nous n'avions même pas dîné.

Quels conseils lui donneriez-vous pour qu'il reste longtemps au trône ?

Qu’il redouble d'efforts car il a rendu plusieurs personnes mécontentes, surtout les supporters de ceux qu’il a terrassés. Et il ne faudra pas qu’il pense que les perdants se sont résignés, ils vont continuer toujours à travailler dans l’ombre dans le but de le détruire. Donc il n’est pas question qu’il dorme sur ses lauriers ; il a terrassé beaucoup de personnes.

Qu’il soit plus vigilant afin qu’il puisse tenir la couronne pendant les années qu’on lui a prédites. Je ne vous dirais pas le nombre d’années qu'il va y rester. Mais je jure sur Dieu qu’on m’avait dit, il y a longtemps, qu’il serait roi des arènes et pendant un certain temps. Une personne était venue chez moi, à l’époque où il n’avait même pas fait 10 combats, pour me dire que Balla serait roi des arènes et pendant longtemps. Il se peut même qu’il remette la couronne à Sa Thiès, son frangin.
 

CHEIKH THIAM