Publié le 18 Feb 2023 - 22:47
LUTTE CONTRE L’ÉMIGRATION CLANDESTINE À KOLDA

Enda Jeunesse et Action engage la guerre de dissuasion

 

Depuis quelques semaines, Enda Jeunesse et Action sillonne la région de Kolda pour sensibiliser sur les dangers de l’émigration clandestine et, surtout, montrer aux jeunes et parents les opportunités à saisir chez eux, pour réussir dans leur vie.

 

Chaque année, ils sont des milliers de jeunes, de femmes et d’enfants qui tentent de rejoindre irrégulièrement l’Europe qu’ils perçoivent comme un Eldorado. Les raisons à ces velléités de départ sont nombreuses : les raisons économiques, l’éducation, le contexte social, la famille et la violence domestique, les conflits et l’insécurité, le changement climatique ou l’insécurité alimentaire.

De plus, il y a d’autres facteurs qui peuvent influencer leur vulnérabilité. C’est les capacités physiques et psychologiques, et la capacité de résilience, la connaissance de leur projet migratoire, le niveau d’information, ainsi que le niveau de connaissance de leurs droits. Et surtout, lorsqu’ils voyagent, ces jeunes sont susceptibles d’être exposés à plus de risques.

Quant aux filles, lorsqu’elles se déplacent, elles sont exposées à de plus grands risques, notamment la violence sexuelle, l’exploitation sexuelle et la traite à des fins d’exploitation sexuelle.

Cette situation de vulnérabilité est aussi plus accentuée sur les trajectoires migratoires vers l’Afrique du Nord où l’on estime que plus de 6 000 migrants ont trouvé la mort dans le désert du Sahara, en 2017, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

D’ailleurs, elle considère que ce chiffre est seulement une petite fraction du nombre de migrants morts ou abandonnés en essayant d’atteindre l’autre rive.

Car, outre la traversée du désert et de la Méditerranée, les arnaques, la prison, les violences corporelles, les injures racistes sont le lot quotidien de ces candidats à l’immigration.

Les jeunes Koldois évoquent l’absence de perspectives d’avenir et le désespoir

Mais pourquoi risquent-ils leur vie ? La plupart des jeunes Koldois interrogés évoquent la faim, le chômage endémique, la faiblesse du niveau de l’enseignement, la qualité de l’éducation. Ils affirment qu’il n’y a ‘’aucun espoir’’ pour eux, s’ils restent au pays face à la galère et à la misère familiale.

Certains disent qu’ils rêvent d’aller en Europe pour ‘’continuer leurs études et avoir des moyens pour soutenir leurs familles’’. Mais atteindre l’Europe est en train de devenir un enfer pour ces jeunes en quête pourtant d’un bien-être social et économique.

Pour stopper cette sombre aventure, l’ONG Enda Jeunesse et Action, en partenariat avec Save the Children, a lancé une vaste campagne dans plusieurs localités de la région. L’objectif est de dissuader à la fois et les parents et les futurs candidats sur les dangers liés à l’immigration illégale. L’étape de Coumbacara n’est pas fortuite.

Selon Malick Ngom, agent à Enda Action, Coumbacara est une commune frontalière avec la Guinée-Bissau. Elle est devenue une zone de transit pour la plupart des migrants. Fort de ce constat, l’ONG Enda Jeunesse et Action, en partenariat avec Save the Children, est allée à la rencontre des jeunes de cette localité, dans le cadre du projet dénommé ‘’Protejem’’.

Ouvrir les yeux sur les opportunités et les trésors dont regorge la région

 ‘’Nous menons cette campagne de sensibilisation. L’objectif est d’améliorer la protection des enfants et des jeunes migrants. Nous avons vu au-delà de la protection des enfants, qu’il y a un volet important qu’on rencontre. Parce que, quand on parle des risques liés à la mobilité, il faut aussi voir les jeunes qui envisagent de rester dans leurs localités pour travailler et réussir chez eux. C’est dans cette logique que le projet a décidé d’organiser ce panel. L’objectif est de permettre à ces jeunes-là, à travers les expériences et les échanges, de pouvoir connaitre qu’il y a des opportunités chez eux. Et à partir de ces opportunités-là, les jeunes peuvent mettre en œuvre et réussir chez eux’’, explique Malick Ngom.  

Ainsi, au cours de la rencontre, les panélistes ont expliqué aux jeunes les souffrances liées à cette aventure malencontreuse dans le désert et dans les villes d’accueil. Mais aussi les opportunités qu’ils peuvent saisir et réussir chez eux.

Il s’agit, entre autres opportunités, de la création d’entreprises de prestation de services, de faire de l’agriculture, de l’élevage, l’exploitation forestière, créer des plantations d’anacardes, de manguiers, de goyaves, de citrons, faire du maraichage ou de l’apiculture, etc. Une initiative appréciée par certains jeunes et parents.

Ces derniers sont aujourd’hui conscients qu’ils sont assis sur une mine d’opportunités.  Ils ont décidé de tourner le dos à l’émigration. Car sur les routes du désert ou de la Méditerranée, ces candidats ont toujours vécu l’enfer, notamment la soif, la faim, la peur, les arrestations, le brigandage, toutes sortes de brimades.

NFALY MANSALY

 

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