Publié le 18 Jun 2013 - 08:07
LUTTE CONTRE LE TERRORISME

Comment le Sénégal compte blinder son dispositif sécuritaire

 

Paris et Dakar ont signé hier une convention dénommée Plan d'action contre le terrorisme (PACT) financée à hauteur de 463 millions de nos francs et qui vise à renforcer le dispositif sécuritaire sénégalais pour mieux faire face aux menaces terroristes.

Son implication dans le règlement de la crise malienne faisant de lui une cible potentielle, le Sénégal s’attelle à blinder son dispositif sécuritaire afin de prévenir toute menace terroriste. Pour ce faire, il a signé hier, avec la France, un projet dénommé Pact (Plan d'action contre le terrorisme). Ce projet ambitionne de «renforcer les capacités des services de police et de la gendarmerie du Sénégal impliqués dans la lutte contre la menace terroriste ainsi que celles des magistrats chargés de poursuivre, d'instruire et de juger les affaires judiciaires à caractère terroriste», a explique Jean-Luc Peduzzi, commissaire divisionnaire et attaché de sécurité intérieure à l'ambassade de France.

Élaboré en collaboration «étroite» entre l'ambassade de France et les autorités sénégalaises, le Pact intervient dans un contexte marqué par la multiplication des crises dans la sous-région. De plus, «les opérations militaires en cours au Mali renforcent le risque de voir les djihadistes en fuite des théâtres d'opération tenter de venir se réfugier dans les pays voisins comme le Sénégal dont la sécurité peut être impactée par ces périls», souligne le super flic français. Qui note que ''l'engagement du Sénégal dans le processus de reconquête, de libération et de reconstruction du Mali fait de lui une cible potentielle comme la France».

Pour toutes ces raisons, il fallait donc «prendre des mesures pratiques». C'est ainsi que ''la conjugaison de nos efforts a abouti à la réalisation de ce projet fondé sur l'idée que des services de sécurité intérieure mieux organisés, mieux formés et mieux équipés à la lutte antiterroriste seront mieux à même de protéger le Sénégal et ceux qui y vivent», soutient Peduzzi. Le policier français a aussi rappelé le Pact poursuit un autre objectif, celui de «former des magistrats du parquet, de l'instruction et du siège appartenant au Tribunal régional de Dakar susceptibles de devenir le socle d'un futur pôle judiciaire antiterroriste de compétence nationale prévue par une loi spéciale de 2009 qui prévoit des dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme».

Vers la création d'un Pôle judiciaire antiterroriste

Prévu pour une durée de trois ans, ce projet prévoit «l'organisation de plus de cinquante actions de formation pour plus de 1000 éléments de la police, de la gendarmerie et du système judiciaire''. A cette fin, «il sera suivi par un comité de pilotage avec des autorités sénégalaises et françaises et les premières actions qui seront conduites très prochainement devraient concerner le renfort de capacités des sections d'intervention de la gendarmerie (GIGN) et de la Police (BIP)» a confié Jean-Luc Peduzzi. Toutefois, a-t-il ajouté, «le projet s'inscrit en continuité et en cohérence avec les autres plans d'action au bénéfice des pays de la sous-région notamment le Plan sahel développé au Mali, en Mauritanie et au Niger et baptisé Jusec (Justice et sécurité), la stratégie de l'Union européenne pour le Sahel qui concerne également la Mauritanie, le Mali et le Niger et qui va probablement être étendue au Sénégal et au Burkina Faso''. 

Financée à hauteur de 700.000 euros (environ 463 millions de francs Cfa) consacrés à la formation, aux achats de matériels et à des échanges d'expertises, cette convention atteste, selon l'ambassadeur de France au Sénégal, Nicolas Normand, présent à la rencontre, toute l'importance que ''les deux pays attachent à la question de la lutte contre le terrorisme''. Pour sa part, le ministre de l'Intérieur, le Général Pathé Seck, a estimé que ''les enjeux de ce projet ne sont plus à démontrer car le terrorisme est de nos jours, la menace la plus grave à la paix et à la sécurité internationale''.  
Outre l'ambassadeur de la France et le ministre de l'Intérieur, cette rencontre en présence du ministre délégué au Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, du nouveau Directeur général de la police nationale, Abdoulaye Niang, et du représentant du Haut commandement de la gendarmerie nationale.

ASSANE MBAYE
 

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