''Modou Lô, c'est le roi des matchs nuls''
Après Modou Lô, lundi, c'est au tour d'Eumeu Sène de l'écurie Tay Shinger de sacrifier à l'open-presse. Comme son adversaire, Eumeu Sène a choisi un terrain qui se situe près de sa maison familiale à Pikine pour la rencontre. Paraissant très en forme, le lutteur est arrivé à 18 heures au terrain de Guinaw Rail où l'attendaient des centaines de supporters avec tam-tams. Mais, contrairement à Modou Lo, Eumeu Sène à juste fait quelques courses de vitesse, avant de s'étirer et de faire face à la presse.
Tout Pikine semble s'être déplacée pour vous voir aujourd'hui et vous soutenir. Qu'est-ce que cela vous fait ?
Cela me rend plus fort. Ce que je vois là me pousse à redoubler d'effort. À Pikine, il y a de la solidarité, de l'entraide et de l'entente. Toute la population communie. Cette mobilisation me rend complètement heureux et cela m'encourage à aller de l'avant et à faire mien ce dicton qui dit qu'un fils de Pikine ne doit jamais rester derrière.
Où en êtes-vous avec votre préparation ?
Actuellement, je suis prêt sur tous les plans. Je ne fais que du maintien en attendant le jour-j. On a préparé ce combat durant plus de 7 mois. Donc même si c'était pour demain, je suis prêt à lutter.
Quelle importance accordez-vous à ce combat ?
Ce combat compte beaucoup et je n'ai besoin de rien d'autre que de la victoire.
Votre adversaire a dit qu'il va vous attaquer et vous terrasser. Que lui répondez-vous ?
Ce n'est pas vrai, et ce n'est pas possible. Sur quoi il se base pour le dire ? Il n'y a pas de problème, puisqu'il s'est préparé à m'attaquer, qu'il le fasse, je l'attend de pied ferme.
Modou Lo a aussi déclaré qu'il y a des gens proches de vous qui lui ont soufflé votre point faible. Qu'en pensez-vous ?
Rien ne peut me surprendre en matière de lutte. Il raconte ce qu'il veut, mais il n'y a pas moyen pour lui de me surprendre. Je ne pense même pas à la défaite dans ce combat.
Ne sous-estimez-vous pas votre adversaire ?
Non, je ne le sous-estime pas, mais j'ai confiance en ma victoire sur lui. Je me suis bien préparé, sur tous les plans, avec mes proches. Je ne pense à rien d'autre qu'à la victoire.
Il dit vous avoir beaucoup suivi dans les mbapatt et vous connaît bien par conséquent.
J'ai fait le tour du Sénégal en mbapatt. Quand je débutais dans l'équipe nationale du Sénégal, je n'avais que 17 ans. Cela ne peut pas lui permettre de me connaître, il raconte ce qu'il veut.
D'aucuns avancent que vous faites dans la bagarre de rue, que vous ne savez pas vous bagarrer alors que votre adversaire est bien outillé dans ce domaine et compte vous le montrer le jour-j...
C'est impossible. Et bientôt vous vous rendrez compte de ce que je vous dit, le combat c'est pour bientôt. Puisqu'il s'est préparé pour la bagarre, qu'il vienne le jour-j au stade avec cet état d'esprit et ne pas fuir le combat. On parle de lutte avec frappe, je me suis préparé sur tous les plans.
Où en êtes-vous côté mystique, quand on sait que votre adversaire y tient beaucoup ?
Sur ce côté-là, tout le monde sait que cela ne me mobilise pas trop, je vais au stade avec peu de bouteilles. Ma croyance en Dieu me suffit largement, ainsi que les prières de mes proches.
Combien de séances d'entraînement faites-vous par jour ?
J'en fait deux et exceptionnellement trois, quand j'ai une bonne récupération. Je me réveille le matin, je fais des courses. Le soir, je fais soit de la musculation, soit des contacts. Le combat peut se terminer par un accrochage comme il peut se terminer par un Ko.
Vous êtes allé en Gambie récemment, pourquoi faire ?
J'ai des parents en Gambie et en Casamance. Ma mère est en Casamance et je vais la voir à chaque fois que j'ai un combat. Son petit-frère est en Gambie, j'y vais aussi. Je n'y faisais rien de suspect. C'était juste une visite de courtoisie chez mes proches.
Votre adversaire a déclaré que de toute façon vous ne trouverez que de la poussière en Gambie et en Casamance, puisque lui a déjà tout pris. Que lui répondez-vous ?
Ce n'est pas grave, il peut tout prendre. Je n'ai qu'un seul parent en Gambie. Je ne verse pas dans le tiraillement avec mon adversaire. Il se peut même qu'il ait fait un tour chez mes parents sans le savoir.
Honnêtement, n'avez-vous pas de pression dans ce combat ?
Je n'ai aucune pression. J'ai connu des fortunes diverses dans ma carrière de lutteur. J'ai goûté à la victoire comme à la défaite. Rien ne peut plus m'impressionner.
Selon toujours Modou Lô, si on lui recommande de vous jeter quelque chose, il le fera...
Si j'ai parlé de cette affaire-là (Modou Lo aurait versé sur lui du liquide mystique), c'est à cause de la non violence que l'on prône dans l'arène. La non violence doit commencer par nous les lutteurs, parce que les supporters réagissent en fonction des actes des lutteurs. Ce jour-là, cela pouvait se terminer par une bagarre énorme, je ne suis qu'un homme après tout. C'est pour cela que j'ai dénoncé cet acte. Aujourd'hui, il se dit être un exemple et fait le tour des écoles pour appeler les élèves à étudier, alors qu'il vient en retour me verser un liquide qui non seulement était bizarre, mais sentait très mauvais. Je suis resté deux jours entiers avec cette mauvaise odeur. Il fait la promotion d'un parfum et asperge les gens de mauvaise odeur, c'est un paradoxe. Le sport, c'est avant tout l'éducation, le respect. Si cela pouvait me terrasser, je serais tombé depuis longtemps. Je suis un cadavre ambulant.
Vous vous considérez comme ''l'empereur des arènes''. Êtes-vous conscient qu'en cas de défaite vous serez rétrogradé ?
Je le sais, c'est pour cela que je vous dis que pour ce combat, je ne pense à rien d'autre qu'à la victoire. Je suis l’empereur des arènes, puisque j'ai battu celui (Balla Gaye 2, Ndlr) qui a vaincu Yékini. J'ai régné. J'ai livré des combat difficiles avec des jeunes. (Modou Lo) a parlé de 8 défaites dans mon palmarès, ce n'est pas vrai. C'est Boy Kairé qui m'a battu quand je n'avais que 17 ans, alors que lui était au meilleur de sa forme. Par la suite, Gris Bordeaux m'a battu, Mafall Sèye, Khadim Ndiaye, c'est par décision médical. Je n'ai pas d'autres défaites. De plus, (Modou Lo) n'a pas battu les lutteurs que j'ai terrassés. J'ai terrassé les meilleurs, des jeunes, là où certains ont vaincu des vieux finissants. Je ne suis pas comme eux, être empereur, c'est mieux que d'être roi.
Aux yeux des observateurs, vous êtes le favori de ce combat. Qu'en dites-vous ?
Chaque fois que je viens au stade, je viens avec l'esprit de la gagne. J'ai livré des combats chocs dans ma carrière comme je vous l'ai dit, personne ne m'a tracé de route comme pour certains. Il y a des lutteurs qui ont gagné en notoriété avec l'aide d'un Bécaye Mbaye ou d'un Malick Thiandoum, je ne suis pas de ceux-là. Je me suis fait tout seul, sans l'aide de personne.
Vous rendez-vous compte que ce combat sera très difficile, parce que Modou Lô aussi a trimé avant d'en arriver là ?
Où est-ce qu'il a trimé ? Est-ce qu'il a montré son efficacité à Balla Gaye 2 ? Même Baye Mandione l'a terrassé, c'était clair et net. Nous n'avons pas le même palmarès. A chaque fois, (Modou Lo) se débrouille pour s'en sortir. C'est un champion de pacotille qui n'a eu aucune difficulté dans sa carrière.
Vous avez diminué votre volume physique. Est-ce une stratégie ?
Je suis avant tout un athlète, je me sens léger et mon corps obéit à tous les gestes que je veux faire. Et c'est avec ce poids-là que je veux remporter la victoire.
Votre adversaire a travaillé sa vivacité et sa rapidité. Et vous ?
J'ai dépassé ce stade moi. Je suis très excité actuellement, je suis tellement pressé que le combat arrive vite. L'arène me manque. Le combat risque d'être rapide, de ne durer que quelques secondes. Je ne suis pas Modou Lô, lui, c'est le roi des matchs nuls. Je l'ai entendu dire qu'il va attaquer, cogner et gagner. Qu'il tienne parole.
Modou Lô est réputé être un grand provocateur, ne risque-t-il pas de vous énerver le jour du combat ?
Je ne m'énerve jamais. Il peut dire tout ce qu'il veut, cela ne me fera rien. Je n'ai pas ce genre de problème. Je répète que je suis un cadavre ambulant, c'est une manière de vous dire que rien ne m'atteint, je suis un bon musulman et j'ai rencontré des problèmes plus difficiles que cela. Je suis resté 4 ans sans lutter, pourtant, je n'ai jamais pleuré ou crié sur tous les toits, j'ai cru en Dieu et j'ai attendu mon heure. J'ai vécu d'autres choses pires dans ce milieu de la lutte. De toute façon, Inch Allah, je vais le battre.
PAR KHADY FAYE