Les engagements tombent un à un
Des conclusions des Assises nationales que Macky Sall s'était engagé à appliquer, les plus en vue sont en train d'être abandonnées par le Chef de l'Etat.
En marge du forum sur le Sénégal entre la présidentielle et les législatives organisé par la Fondation Konrad Adenauer, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Serigne Mbaye Thiam a déclaré que ''le Sénat ne sera pas supprimé comme le prévoient les Assises nationales.'' Parce qu'''il est utile''. Cette déclaration peut ne pas surprendre, venant d’un responsable du Parti socialiste (PS) car, le Sénat a toujours été inscrit dans le programme des Verts qui l'avaient institué en 1998. Mais, elle peut paraître curieuse lorsqu’elle vient du porte-parole du gouvernement de Macky Sall, lequel a pourtant pris l’engagement d’''appliquer les conclusions des Assises nationales''.
Or, comme le rappelle Serigne Mbaye Thiam, les Assises nationales dont il était membre du Comité scientifique, ont préconisé la suppression de la deuxième chambre du Parlement jugée ''budgétivore'' et ''inutile''. Même si le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique est d’avis pour que l’on révise le Sénat afin que les Sénégalais sachent ''comment et quel est son rôle et sa place'', il est difficile de croire à une rupture annoncée par Macky Sall. En réalité, M. Thiam n’a fait que paraphraser certains responsables de l’Alliance pour la République(APR) comme Mahmouth Saleh. Or, l’opposition a toujours dénoncé le fait que 65 des 100 membres de cette institution soient nommés directement par l’ex-président de la République, Abdoulaye Wade. Mieux, le candidat Macky Sall, dans son programme Yoonu Yokkute, avait promis de soumettre la question du maintien ou non du Sénat aux Sénégalais. C'est-à-dire par référendum. En tous les cas, c’est une situation dans laquelle les alliés de la coalition Benno Bokk Yaakar (BBY) semblent se complaire. D’ailleurs, le journal EnQuête avait révélé que Moustapha Niasse a déjà distribué les 5 sièges qui ont été déjà attribués à la coalition Benno Siggil Senegaal (BSS).
Renonciation à petites doses
Il faut dire que le président Macky Sall, à petites doses, est en train de revenir une à une sur ce qui faisait les fondamentaux des conclusions des Assises nationales et sans que le ''Peuple des Assises'' ne réagisse. En effet le leader de l'APR, au moment de signer la Charte des Assises et intégrer Benno Siggil Senegaal, n'avait émis que deux réserves. À savoir la nature du régime que le document voulait parlementaire (Macky Sall militant pour le maintien du régime présidentiel) et la question de la transition sur laquelle il n'était pas d'accord, estimant que le président élu doit finir son mandat. C'est une fois président qu'il a décidé de rester chef de parti en contradiction avec la Charte qui bannit le cumul du poste de président de la République et celui du chef de parti. Dans les conclusions des Assises nationales, il est clairement dit que «le président de la République ne peut être ni chef de parti politique, ni membre d’une quelconque association durant l’exercice de ses fonctions». Le président Macky Sall continue de présider pourtant les réunions de l’APR même si les rencontres ne se tiennent plus à la salle des banquets du Palais de la République. Et selon des responsables «aperistes», le président de la République n’est pas prêt à lâcher son parti ''qui n’a que trois années d’existence''. Autre point d’achoppement, c’est la déclaration de patrimoine pour tout détenteur d'une charge publique. Même si la Constitution n’oblige que le président de la République à se soumettre à cet exercice, l’APR comme le «Peuple des Assises» avaient fait de ce point une exigence de transparence que Macky Sall ne montre pas trop d'empressement à mettre en œuvre.
DAOUDA GBAYA