«Il y a eu au plan sentimental, au plan humain, des choses très fortes qui se sont passées à Dakar»
Invité de RFI ce vendredi, le Président Macky Sall a apprécié le voyage effectué au Sénégal par le Président américain Barack Obama. Il a soutenu qu’«au delà de l’aspect protocolaire et coopération, il y a eu au plan sentimental, au plan humain, des choses très fortes qui se sont passées à Dakar».
Quand on lui demande ce que Barack Obama retient du Sénégal, le président de la République préfère rapporter les derniers mots échangés avec le Président américain à la coupée d'Air Force One. «Il m’a dit qu’il avait passé des moments inoubliables au Sénégal, pour son hospitalité. Il a beaucoup apprécié l’accueil, la façon dont il a été reçu. Je pense qu’il m’a dit aussi être ressorti de Gorée avec une vision autre et surtout une autre compréhension de ce que fut l’esclavage et il pense que cela ne va manquer pas de le marquer».
Ce n’est pas tout, selon Macky Sall, Obama «a beaucoup apprécié les musiques ouest-africaines, qu’il connaissait déjà. De grands musiciens comme Youssou Ndour et Baba Maal se sont produits et il s’est même permis de danser, hier (jeudi), avec son épouse. Donc au-delà de l’aspect protocolaire et coopération, il y a eu au plan sentimental, au plan humain, des choses très fortes qui se sont passées à Dakar».
«J’ai la conviction que le Président Obama est fondamentalement engagé sur la question de la démocratie. En 2009, dans son premier discours d’Accra, il avait dit que les pays ont besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts : Etat de droit, justice équitable, liberté de presse et d’opinion. Faire en sorte que ces principes de base soient fonctionnels, pour installer la confiance et attirer les investisseurs et développer les échanges commerciaux».
Et quand on lui fait remarquer que sa position était assez « audacieuse » face au Président américain sur la question de l’homosexualité, le Président Macky Sall répond : «je ne sais pas si c’est de l’audace, mais c’est certainement ma position. Je dois la tenir quel que soit l’interlocuteur en face de moi. Parce que je défends des idées et des principes qui ne vont pas changer en fonction de l’interlocuteur ». A l’en croire, quand il dit que « le Sénégal n’est pas prêt », ce n’est pas une fenêtre laissée ouverte à la dépénalisation. «Je suis totalement opposé à l’idée de dépénalisation. Parce que je considère que c’est simplement des garde-fous, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’homosexualité. Mais enfin, ce n’est pas à l’ordre du jour et personnellement je suis opposé à ce projet».
Abordant auparavant l’état de santé préoccupant de Nelson Mandela qu’il considère comme un modèle pour tout dirigeant, Macky Sall a soutenu : «il livre son dernier combat. Toutes nos pensées vont vers lui et nous prions. La vie est ainsi faite et nous nous résignons à préparer sa disparition». Macky Sall ajoute qu’il garde de Mandela «l’image du patriarche qui regarde le continent africain, une image de sagesse qui donne confiance au continent tout entier, à l’humanité».
«La France est plus jacobine »
Répondant à une question lui demandant de comparer les démarches du Président Obama qui vient de clore une visite de deux jours au Sénégal à celle du Président français François Hollande, le chef de l’Etat rétorque que «c’est difficile», avant d’ajouter : «le dénominateur commun, c’est tout ce qu’il faut faire pour accroître la transparence».
Et pour expliquer l’approche américaine plus favorable à la société civile, contrairement à la France qui traite plus avec les Etats, le Président Macky Sall avance que « la France est plus jacobine. On le voit dans le modèle social français ; l’Etat est plus présent, les choses publiques prennent plus d’importance que dans le régime libéral américain qui privilégie l’intervention du secteur privé et de la société civile».
A en croire Macky Sall, «ce qui est en train de changer, c’est la perception vis-à-vis de l’Afrique. Pour la première fois, l’Europe comme les autres partenaires du continent ont un regard tourné vers l’Afrique comme étant un continent partenaire avec qui on peut développer des affaires, et non plus comme un partenaire qu’il faut aider, qui de toutes les façons ne peut rien faire pour le développement du monde. Je crois que c’est ça qui est essentiel et qui est nouveau. Que l’Afrique soit véritablement un partenaire, qui développera aussi avec l’Europe du gagnant-gagnant».