Publié le 28 Oct 2015 - 13:52
MAHAMMAD BOUN ABDALLAH DIONNE

‘’Le dividende démographique peut se traduire en cauchemar si…’’

 

Les leaders confessionnels et religieux de la CEDEAO réfléchissent sur le dividende démographique et l’accès aux services de santé de la reproduction, afin d’améliorer les conditions économiques et les opportunités offertes aux femmes et aux jeunes.

 

La situation sanitaire reste critique en Afrique, en particulier pour les populations les plus vulnérables que sont la mère et les enfants. D’après les statistiques de 2015, la mortalité infantile, malgré une réduction significative, reste élevée (64 pour 1000). Et sur le plan démographique, l’Afrique a une population en âge de travailler croissante. Sur ce, une consultation régionale des leaders confessionnels sur le dividende démographique et l’accès au service de santé de la reproduction des pays de la CEDEAO est organisé à Dakar. Selon le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne qui a présidé la cérémonie, l’Afrique de l’ouest connaît un croissement rapide de sa population, notamment celle jeune  qui progressivement devra approcher l’âge de la population active avec ses besoins de formation, d’emplois et de quête de bien-être. Donc, dit-il, il est de la responsabilité des gouvernements et des leaders dans les différents domaines de la vie, d’assurer à notre jeunesse un avenir sûr où elle peut exprimer son plein potentiel.

‘’Parallèlement, nous devons faire face aux défis de la mortalité, de la morbidité et de la pauvreté. A travers le monde, des milliers d’hommes et de femmes continuent à vivre dans l’extrême dénuement. Ce constat balise la voie à l’émergence de plusieurs initiatives. Les progrès acquis en matière de santé devraient nous mettre à l’abri de pareils drames. Fort heureusement, les réductions de mortalité maternelle infanto-juvénile et néonatale dans certains de nos pays, comme le nôtre, contribuent à ouvrir la voie à la capture démographique’’, a soutenu le Premier ministre.

’L’absence d’opportunités pousse beaucoup de jeunes à la radicalisation’’

Pour lui, la réalisation du dividende démographique nécessite des investissements des divers programmes de santé, notamment en matière de santé de la reproduction, mais aussi dans l’éducation avec une attention  particulière pour celle des jeunes filles et dans la création d’emplois des jeunes. A défaut, ‘’le dividende peut se traduire en véritable cauchemar, si l’emploi n’est pas au rendez-vous. Cette réalisation contribue à instaurer, l’équilibre de l’entité familiale, pour un développement durable solidaire partagé et inclusif. Il s’avère fondamentale l’implication des leaders confessionnels  et religieux dont le rôle dans l’engagement et les prises de décisions des communautés ainsi que la recherche de l’équilibre familial sont connus de tous’’.

Pour gagner le pari de l’exploitation du dividende démographique, les pays doivent investir davantage dans la santé de la mère et de l’enfant y compris la planification familiale. C’est l’avis du directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Mabingue Ngom. Egalement, des efforts importants doivent être faits dans l’éducation des jeunes particulièrement celle des filles. ‘’Investir dans la jeunesse, c’est investir dans la paix, la sécurité et la stabilité, sans lesquelles il est difficile d’accomplir des progrès dignes de ce nom. L’absence d’opportunités pousse beaucoup de jeunes à la radicalisation et constitue un terreau fertile pour les mouvements extrémistes’’, a expliqué M. Ngom.

Selon lui, le besoin de travailler avec les organisations confessionnelles, parmi les principaux acteurs du changement au niveau communautaire, ne doit plus être un sujet de discussion, mais plutôt un engagement systématique et délibéré de partenaires poursuivant le même objectif. ‘’Les leaders religieux constituent des acteurs incontournables lorsqu’il s’agit d’impulser le changement tant attendu dans les comportements des individus et des communautés pour une amélioration effective de l’utilisation des services de santé de la reproduction. Aujourd’hui plus que jamais, l’avenir de la région dépend de ce que nous allons faire ensemble.’’

VIVIANE DIATTA

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