Elles entraînent 74 % de décès dans le monde
La 6e édition du Forum Galien Afrique, prévu du 3 au 7 octobre 2023, a été officiellement lancée hier à Dakar. Le thème de cette édition est "Maladies non transmissibles : l'Afrique en lutte".
Depuis 2009, la fondation Galien organise un forum scientifique aux États-Unis, en marge du Prix Galien International. La première édition du Forum Galien Afrique a eu lieu en décembre 2018, à Dakar. Cette année, pour la sixième fois consécutivement, il va se dérouler en Afrique, en terre sénégalaise. Dakar sera ainsi la capitale africaine de la santé, de l'innovation et du leadership des femmes et des jeunes. Ce sera aussi l'occasion de décerner pour la troisième fois le Prix Galien Afrique pour lequel l'appel à candidatures a été lancé depuis le 20 février 2023.
Cette année, le thème de l’édition est "Maladies non transmissibles : l'Afrique en lutte".
En effet, les maladies non transmissibles (MNT), telles que les maladies cardiovasculaires, les cancers, le diabète et les affections respiratoires chroniques, sont la principale cause de mortalité et sont responsables de 74 % des décès dans le monde. Ces MNT ont en commun des facteurs de risque clé liés au comportement qu'il est possible de modifier, notamment le tabagisme, la mauvaise alimentation, l'absence d'exercice physique et l'usage nocif de l'alcool qui, à leur tour, entraînent surpoids et obésité, hypertension, hypercholestérolémie et finalement la maladie.
Elles représentent toujours un important problème de santé publique dans tous les pays, y compris ceux à revenu faible ou intermédiaire où surviennent plus des trois-quarts d'entre elles. Le rapport de l'OMS en 2022 montre également qu'un plus grand nombre de pays mène des campagnes axées sur la réduction de la consommation de tabac, sur la bonne hygiène alimentaire, l'activité physique régulière et élabore des directives cliniques sur la prise en charge des MNT.
Des progrès ont par ailleurs été réalisés pour améliorer la nutrition et l'environnement alimentaire.
Toutefois, des défis restent à relever. Le nombre de décès prématurés dus aux MNT a augmenté pour la plupart des pays à revenu faible ou intermédiaire. En outre, les taux de diabète et d'obésité sont en hausse et l'on constate un net recul des campagnes de sensibilisation à l'activité physique, des activités de surveillance des MNT et de l'élaboration de plans intégrés en matière de MNT.
La pandémie de Covid-19 a révélé que les personnes présentant une MNT étaient exposées à un risque accru de contracter une forme grave de Covid-19 ou de décéder des suites de cette maladie. Elle a entraîné un bouleversement profond des systèmes de santé, des économies et des sociétés. Dans de nombreux pays, elle a freiné les efforts visant à protéger les populations contre les maladies non transmissibles (MNT).
Pour protéger la santé de ses citoyens, aucun pays ne peut se permettre de ne pas investir dans la lutte contre les MNT et de ne pas renforcer ses services de santé dans le cadre de sa préparation aux futures pandémies et aux situations d'urgence humanitaire.
"La nouvelle épidémie... en 2023, s'appelle maladies non transmissibles"
À l'occasion de la cérémonie de lancement du Forum Galien Afrique, le directeur de la Santé, Barnabé Gning, a souligné que les maladies non transmissibles sont devenues une épidémie mondiale. "Pendant longtemps, quand on parlait d'épidémie, tout le monde pensait aux maladies contagieuses, maladies transmissibles. La nouvelle épidémie, le danger rampant, le fléau silencieux, en 2023, s'appelle maladies non transmissibles. Les facteurs de risque, pourquoi on en parle ? Parce que, paradoxalement, ils sont à notre portée ou semblent être à notre portée. Les facteurs de risque sont essentiellement d'ordre comportemental", a-t-il indiqué.
Les MNT constituent aujourd'hui une épidémie mondiale, avec un fort taux de mortalité. "Quelle que soit la cause, tous les décès au Sénégal en 2022, les 45 à 46 % étaient liés aux maladies non transmissibles, près de la moitié des décès, avec toutes causes confondues, ont été imputées aux maladies non transmissibles, quel drame ! Quelle urgence !", s’exclame le directeur de la Santé. De 2013 à 2020, rappelle-t-il, sur près de 41 millions de décès dans le monde, les 74 % étaient imputés aux maladies transmissibles.
"Plus de 18 millions de décès sont dus aux maladies cardiovasculaires, c'est-à-dire 1/3 des décès est dû aux maladies cardiovasculaires. Neuf millions de décès sont dus au cancer, c'est-à-dire un décès sur six. Huit millions de décès sont dus au tabagisme, ce qui est plus triste encore, dans ces 8 millions de décès, 1 million 200 mille décès sont dus au tabagisme passif. Quatre millions de décès sont dus aux maladies respiratoires chroniques. Près de 3 millions de décès sont dus à l'obésité. Le diabète fait 2 millions de décès dans le monde", énumère-t-il.
De même, soutient le directeur de Santé, près de 30 % de la population sénégalaise souffre de l'hypertension artérielle et ces statistiques ont un peu pris de l'âge. "Ce n'est pas moins de 40 % de Sénégalais qui ont une maladie cardiovasculaire. Le cancer, non seulement augmente, mais de plus en plus, il survient chez les personnes jeunes. Nous n’attendons pas moins de 12 000 nouveaux cas de cancer chaque année au Sénégal", regrette Barnabé Gning.
De son côté, le président de l'association Galien Afrique, Ibrahima Seck, a souligné qu'il ne faudrait pas se limiter à une communication qui soit portée par les techniciens. "Je pense qu’il faudrait aujourd'hui aller dans ce qu'on appelle la communication sur les risques et engagements communautaires, ne plus se limiter sur une communication qui soit portée par les techniciens pour parler aux populations, mais impliquer les populations de sorte à les amener à porter la parole des populations pour que la population elle-même s'approprie les mesures préventives", dit-il.
En effet, explique-t-il, la Covid-19 a montré tout le danger qu’il y avait autour des maladies non transmissibles, puisque 3/4, ou 75 % des personnes qui ont fait les formes graves étaient des personnes porteuses de maladies non transmissibles. "Ce qui est extraordinaire, c'est que ces maladies peuvent être évitables. Aujourd'hui, les maladies non transmissibles tuent autant que les maladies infectieuses. On a dit, durant ce forum, il ne sera pas question de ne dégager que des problèmes. Il faut proposer des solutions : comment amener les gens à se prévenir ? Ici, le challenge est comment faire pour que les personnes en bon état de santé soient maintenues en bon état et aider ceux qui ne sont pas en bon état de santé", dit-il.
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)