Publié le 30 Dec 2014 - 09:32
MALI

Attaque contre un camp militaire et affrontements entre groupes armés 

 

Le nord du Mali, vaste région toujours instable malgré une intervention militaire internationale en cours, a renoué lundi avec les violences: des jihadistes ont attaqué un camp militaire mixte et des groupes armés touareg rivaux se sont affrontés.

 

Le site pris pour cible lundi matin, sans faire de victime, est un camp que la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) "partage avec les Forces armées maliennes et les éléments de la force (militaire française) Barkhane à Tessalit", localité au nord de Kidal, chef-lieu de région dans l'extrême nord-est du pays, selon la Minusma.

Plus au sud, entre une et cinq personnes ont été tuées lors de violents affrontements de groupes touareg rivaux à Bamba, à 245 km au nord de Gao, la principale ville du nord du Mali, selon les bilans donnés par des sources au sein des mouvements armés et de l'ONU. L'accrochage était terminé lundi en fin d'après-midi.

A Tessalit, "au moins neuf roquettes/obus de mortier ont été tirés sur le camp", mais "aucune victime n'est à déplorer", a indiqué la Minusma, précisant que des patrouilles ont été dépêchées dans la zone de provenance des tirs.

L'attaque a été revendiquée auprès de l'AFP par Ansar Dine, du Touareg malien Iyad Ag Ghali, un des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda qui ont contrôlé pendant près de dix mois, entre 2012 et début 2013, le nord du Mali, avant d'en être en partie chassés par une intervention militaire internationale en cours depuis janvier 2013.

"Nous avons réussi à attaquer les ennemis de l'islam aujourd'hui (lundi) à Tessalit", a dit Abdoul Ag Attaher, un membre d'Ansar Dine, par téléphone à l'AFP.

"L'ennemi principal de l'islam est la France. Les pays qui travaillent pour la France en terre d'islam (nord du Mali) sont aussi nos ennemis", a dit Abdoul Ag Attaher.

S'ils ont été affaiblis par les forces internationales, les jihadistes continuent néanmoins de perpétrer des attaques.

Selon les spécialistes, c'est la première fois depuis l'année dernière qu'Ansar Dine revendique une attaque.

- 'Message clair' -

Le sociologue malien Mamadou Samaké y voit une réponse de ce groupe à de récents appels de dirigeants du Sahel - dont le président malien Ibrahim Boubacar Keïta - à nettoyer le Sud libyen, en proie au chaos, où se sont réfugiés des chefs jihadistes refoulés du Mali, dont Iyad Ag Ghali, le chef d'Ansar Dine.

"C'est également un message clair d'Iyad Ag Ghali pour dire qu'il est toujours présent, et qu'il faut compter avec lui. (. . . ) Il faut compter avec lui au moment où les négociations d'Alger vont redémarrer en janvier 2015", juge M. Samaké.

Plusieurs groupes armés touareg et arabes, dont certains sont engagés dans ces discussions de paix avec le gouvernement malien lancés en juillet, sont également présents dans le nord du Mali.

Les affrontements à Bamba ont opposé deux de ces groupes: le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg) et le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), l'un et l'autre aidés de branches rivales d'un troisième groupe, le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA).

Le MNLA participe aux négociations d'Alger. Le Gatia, créé en août, revendique une place à la table des négociations.

Les combats à Bamba ont fait au moins trois morts, selon une source militaire africaine au sein de la Minusma.

Un membre du Gatia, Mohamed Ould Taya, a indiqué à l'AFP que son groupe a fait cinq morts et trois prisonniers parmi les assaillants adverses issus du MNLA et d'une branche du MAA.

Joint par l'AFP, le MNLA n'a pas souhaité se prononcer dans l'immédiat. Mais un responsable d'une branche du MAA proche du MNLA, Ahmed Ould Méthy, a de son côté indiqué qu'un de leurs combattants a été tué à Bamba et un autre porté disparu, sans fournir de bilan pour ses adversaires.

De son côté, un élu de Bamba, contacté par téléphone, a affirmé à l'AFP avoir "vu deux corps criblés de balle".

Des affrontements avaient déjà opposé le MNLA au Gatia mi-octobre dans la localité de N'Tilit (à environ 130 km au sud de Gao), faisant au moins sept morts, selon des sources concordantes.

(JeuneAfrique.com)

 

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