Publié le 12 Jul 2012 - 19:54
MALI-FRANCE-OTAGES

Fabius juge probable l'usage de la force

 

Les six Français détenus dans le nord du Mali seraient toujours en vie a assuré jeudi le ministre des Affaires étrangères. Sans autre détail. Dans ce dossier délicat, Laurent Fabius, comme ses prédécesseurs, se montre prudent. Les négociations autour des otages réclament une discrétion extrême. Tout juste sait-on que plusieurs canaux ont été ouverts avec les kidnappeurs, membres d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) pour obtenir la libération des quatre employés d'Areva, enlevés à Arlit, au Niger, le 16 septembre 2010. Le sort des deux hommes, enlevés à Hombori, au nord du Mali, le 24 septembre 2011 est plus nébuleux. Dans une vidéo tournée le 22 mars dernier, ces deux ingénieurs, Philippe Verdon, qui semblait en mauvaise santé, et Serge Lararevic, appelaient la France à l'aide mais sans dévoiler une quelconque revendication de leurs ravisseurs.

 

Plantureuse rançon

Dans cette affaire, les certitudes sont rares. Les six Français, sur le total des onze Européens que détient Aqmi, sont aux mains du groupe d'Abou Zeid. Cet Algérien, qui passe pour un islamiste ultraradical, est déjà à l'origine de l'assassinat d'un Français et d'un Britannique. Françoise Larribe, enlevée avec son mari à Arlit et libérée en février 2011 contre une plantureuse rançon, a cependant assuré «avoir été bien traitée». Déguisée en Touareg, séparée avec son époux des autres otages, elle avait été régulièrement transférée d'un lieu à l'autre. Jeudi, Laurent Fabius a confirmé que les six Français étaient toujours séquestrés séparément. Une façon pour Aqmi de rendre plus complexe les surveillances satellitaires et une éventuelle opération militaire. En janvier dernier, l'armée française avait attaqué la katiba d'Abou Zeid alors qu'elle venait d'enlever deux Français à Niamey. Le raid s'était soldé par la mort des otages. C'était le dernier coup direct porté à Aqmi par Paris.

 

La déroute des Touaregs laïcs

Mais, depuis, la situation au Mali a connu une détérioration rapide. Sous la poussée des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le nord du Mali, a échappé en avril au contrôle de Bamako. Le MNLA, un groupe laïc et indépendantiste, n'a guère pu profiter de sa victoire. Confrontée à des groupes islamistes soutenus par Aqmi, la rébellion a perdu ses places fortes. Tombouctou d'abord, puis Gao, il y a deux semaines lors d'un dur combat. Jeudi, ils ont été chassé d'Asango, leur unique bastion, laissant les islamistes maîtres du terrain.

 

Pour contrer cette offensive, Laurent Fabius juge que l'usage de la force serait «probable à un moment ou à un autre». Mais a-t-il ajouté «la France, pour des raisons évidentes, ne peut pas être en première ligne» dans une telle opération. La présence des otages, mais aussi le nationalisme sourcilleux des Maliens poussent en effet l'ancienne puissance coloniale à demeurer dans l'ombre. La future intervention militaire, qui serait conduite par les pays voisins du Mali, n'est de toute façon encore qu'un projet. Washington se montre très prudent. Et Bamako semble pour l'heure vouloir privilégier les discussions. Jeudi, le premier ministre, Cheick Modibo Diarra, a ainsi souhaité qu'un dialogue s'ouvre «très rapidement» avec ceux qui sont prêts à «combattre le terrorisme».

 

LeFigaro

 

 

 

 

Section: 
RÉPRESSION VIOLENTE AU TOGO : Trois jours de sang et de silence
L'AFRIQUE QUI BRULE ET CELLE QU'ON APAISE : Togo, Kenya, RDC-Rwanda, trois secousses, un même mépris
SONKO EN CHINE : Diplomatie active, accords concrets et nouvelle ère stratégique
CONFLIT IRAN-ISRAËL : Trêve fragile
CRISE NUCLÉAIRE : L’Ambassadeur d’Iran à Dakar interpelle la communauté internationale
RIPOSTE IRANIENNE CONTRE AL-UDEID : L'offensive de Téhéran bouleverse l’équilibre régional
ISRAËL-IRAN : Guerre préventive ou civilisationnelle ? 
EMPLOIS DANS LE MONDE EN 2025 : 53 millions seront créés, soit sept millions de moins que prévu
DIOMAYE PRESSENTI, BIO DÉSIGNÉ : Les coulisses d’un choix inattendu à la tête de la CEDEAO
YUVAL WAKS (AMBASSADEUR D’ISRAËL AU SÉNÉGAL) : ‘’S’il y a une réaction de l’État du Sénégal…’’
CRISE AU MOYEN-ORIENT ET ENVOLÉE DU BRUT : Le paradoxe pétrolier sénégalais
CONFLIT ENTRE ISRAEL ET L’IRAN : Péril sur l'ordre international
CYBERCRIMINALITE – DEMANTELEMENT RESEAU DE VOLEURS : Interpol neutralise plus de 20 000 adresses IP
MOUHAMADOU BASSIROU POUYE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AFRICAIN DU CONSEIL D’AFFAIRES CHINE-AFRIQUE DE YIWU : ‘’La visite du Premier ministre va incontestablement redynamiser les échanges bilatéraux’’
En Afrique, le « travel ban » à géométrie variable de Donald Trump
SHARREN HASKEL (VICE-MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES D'ISRAËL) : "Si le Hamas nous rend les otages, il y aura la paix, sinon..."
CAUSE PALESTINIENNE : Les “amis de la Palestine” fustigent l'interdiction de leur sit-in
ISRAËL-IRAN : La Palestine au cœur d’une bataille d’influence diplomatique… sur le sol sénégalais
LE SAHEL DEVENU ÉPICENTRE DES MENACES TERRORISTES : L’Africom reconfigure sa stratégie 
WOODSIDE ENERGY PORTE PLAINTE CONTRE LE SÉNÉGAL : Un contentieux fiscal aux portes du Cirdi