Chers Compatriotes,
Pendant les mois qui ont suivi l’échec d’Ousmane Tanor Dieng aux élections de 2012, j’ai entrepris de tout mettre en œuvre pour interpeller les militants du PS afin qu’ils comprennent que les défaites successives du Parti socialiste trouvent leurs explications dans l’absence d’organisation et de travail, dans le désintérêt évident que nos leaders ont pour l’avenir politique et social du Sénégal.
Ils protestaient mollement contre Wade et aujourd‘hui ils ont choisi d’être les alliés passifs d’un de ses anciens lieutenants ; autant vous dire qu’ils ont perdu toute forme de crédibilité. Vous avez été nombreux, sans être socialistes, à m’écrire pour m’encourager et me soutenir parce que comme nous, vous avez compris qu’il n’y a aucun avenir dans la corruption, car la corruption c’est le vol. Les fastes protocolaires de l’Etat, les discours, les promesses, le monde des intentions et des chiffres est un monde parallèle qui n’a pas le souci de ce dont souffre le peuple sénégalais, et comme l’habit ne fait pas le moine, le costume ne fait certainement pas le ministre.
Sénégalais, que vous soyez chef d’entreprise, étudiant, mère de famille ou ouvrier, vous ne pouvez plus confier votre destin à cette classe politique qui n’a pour souci que de bâillonner toute opposition en formant des alliances dont les masses populaires sont exclus. Or, l’ère des grandes idées fut aussi l’ère des grandes réalisations. Les grandes causes partent toujours de la noblesse des cœurs qui les pensent et de l’amour qu’ils ont pour leur peuple. Convergence Socialiste n’a pas de solutions immédiates à préconiser, mais cela ne nous empêche pas de comprendre que la situation politique, économique et sociale du Sénégal est extrêmement préoccupante. L’endettement auprès des financiers du Tiers-Monde, l’appauvrissement des fonctionnaires, l’inexistence de la classe moyenne, l’intégrisme à nos portes et une jeunesse majoritairement oisive et sans avenir sont une combinaison mortelle. Et lorsque des années d’indifférence nous précipiteront vers une destinée malienne, il sera déjà trop tard.
«Je m'en irais avec ma lèpre...»
Le Sénégal était un pays ou l’Homme dans ses derniers retranchements, au plus bas de la fosse, ne tendait jamais la main. Il avait cette dignité qui lui était naturelle et qui s’accompagnait d’un sens de l’honneur que le Wolof appelle Jom, et c’est cette nature qui nous est propre, conjuguée à notre foi, musulmane ou chrétienne, qui fait l’essentielle de la personnalité sénégalaise. Alors, cette personnalité qui nous définit et que nous incarnons, nous ne souhaitons pas la perdre, parce qu’elle exige d’un Homme qu’il soit moralement irréprochable. Et c’est dans cette intégrité que réside le secret de la prospérité.
Mais il me semble malheureusement que nos chers leaders n’ont que faire de la dignité nationale, qui n’est pour eux qu’une billevesée, et que l’essentiel de leurs préoccupations vont à leurs titres et aux privilèges qu’ils leur octroient. Nous n’avons pas protesté contre les exactions de Wade pour taire les pratiques mafieuses au sein du PS, nous nous sommes employés à les dénoncer a chaque fois que l’occasion se présentait. Et pour cela, comme un lépreux, on me chasse, on m’ostracise, on me vitupère dans un Parti ou, comme dans l’ordre stalinien, la protestation est devenue synonyme de maladie mentale.
Qu’à cela ne tienne, je m’en irais avec ma lèpre, car nous ne nous opposerons pas à cette décision. La contester serait la reconnaitre et si au sein du bureau politique des voix ne se sont pas élevées pour mettre un terme définitif à la dictature du clan Tanor, alors cela veut dire qu’aujourd’hui la tête est suffisamment malade pour qu’on la coupe. Il n’y a jamais eu de conseil disciplinaire pour m’entendre, jamais ils ne m’ont convoqué pour réfuter mes arguments. Tout au plus, ai-je eu à m’expliquer devant le Comité des sages et jamais, devant eux, nous ne nous sommes dédit ou excusé. Aujourd’hui, mon Parti est ma Patrie et aucun pays ne vaut celui que j’aime. Je réunirai les membres de Convergence Socialiste et ensemble, nous statuerons sur la ligne à suivre. Car si le 3 octobre 2012 marque pour beaucoup mon expulsion officielle du Parti socialiste, pour moi et mes camarades il est à célébrer comme une renaissance.
MALICK NOËL SECK
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE CONVERGENCE SOCIALISTE