Publié le 7 Aug 2012 - 08:30
MAMADOU HADJI CISSÉ, DÉPUTÉ PDS

«L'Etat doit revoir le code minier»

MAMADOU HADJI CISSÉ, DÉPUTÉ PDS

 

 

Le président de la Chambre de commerce de Kédougou, un des trois opposants à avoir résisté au rouleau compresseur de la coalition Benno Bokk Yaakaar aux législatives du 1er juillet dernier, souhaite que sa région bénéficie des retombées de son trésor minier.

 

 

Pour quelqu'un comme vous qui n'a fait que quelques mois en politique, c'est quoi devenir député ?

Je suis ému vu la confiance que me vouent les populations de Kédougou. Je suis très heureux. J’en profite pour les remercier de m’avoir accompagné jusqu’à l’Assemblée nationale. C’est un attachement fort à mon endroit.

 

Il n'y a aucun membre du Pds dans le Bureau de l’Assemblée.

C’est décevant. On avait parlé de rupture, aujourd’hui on revient à l’ancien système. Dans l’ancienne législature, le parti majoritaire avait tout raflé. C’est cette même pratique qui est là. Je pense qu’à l’avenir, chaque député prendra ses responsabilités. Il saura qu’il n’est pas là pour un parti, mais pour le peuple. On ne va pas mettre les intérêts des partis en avant, mais plutôt ceux des populations.

 

Quelles sont vos ambitions pour Kédougou ?

C’est d’abord défendre la région de Kédougou. J’ai toujours une vocation régionale même si j’ai été élu au niveau départemental. Au-delà de mes activités politiques, j’ai toujours œuvré dans le développement et le social.

 

Qui parle de Kédougou, parle de richesses minières. Que comptez-vous faire pour une meilleure répartition des richesses dans la région ?

C’est cela mon principal objectif. Il faut que l’Etat revoie le code minier, les négociations avec les sociétés minières, les lois, réglemente les retombées de l’exploitation minière, étant donné que Kédougou est la zone minière principale du pays. Les lois sont là, il suffit juste de veiller à leur application. Il faut que les entreprises trouvent du travail aux jeunes. Par ailleurs, je milite en faveur d’un nouvel découpage administratif de Kédougou car le premier n’a fait que créer des problèmes. Nous voulons que les populations soient plus proches de l’administration.

 

Vous êtes le président de la Chambre de commerce de Kédougou. Vous envisagez la création d'un port sec à Kédougou.

J’ai des projets non seulement régionaux mais sous-régionaux. Nous voulons créer un port sec au niveau de Kédougou étant donné que la région n’a pas de mer. Nous allons signer des conventions avec des compagnies maritimes comme Maerskline. On ne dira pas : «destination Dakar, mais destination : le port (sec) de Kédougou». Arrivé à Dakar, nous nous chargerons d’acheminer le conteneur jusqu’à Kédougou. Les Maliens, au lieu de venir jusqu’à Dakar, viendront à Kédougou récupérer leurs marchandises. C'est un gain de temps et d'argent. Les Maliens nous ont dit qu’ils sont preneurs même si cela leur revient plus cher. Parce que, disent-ils, les risques qu’ils encourent à la frontière entre le Mali et Kédougou sont énormes. Il y a des retombées économiques au niveau de Kédougou et cela va créer des emplois.

 

Comment ?

Il y a la restauration, le logement et plein d’autres activités connexes. Nous avons aussi un projet de création d’un comptoir d’or. 70% de l’or extrait au Sénégal, les populations n'en voient rien et n'en jouissent donc pas. Il transite par la Gambie à cause de l’inexistence d’un comptoir d’or. Avec ce comptoir donc, on aura des avantages fiscaux et cela va créer des emplois.

 

A combien est estimé le coût de ces projets ?

Nous avons trouvé des partenaires. Nous attendions que les élections se terminent. Ce sont des projets estimés à 30 milliards de francs Cfa.

 

Où trouver tout cet argent ?

Ce n’est pas difficile de trouver de l’argent. Ce sont des projets qui produisent de l’argent. Nous travaillons dans le secteur ; nous avons le lobbying financier dans le monde des affaires. Un investisseur ne met pas ses billes dans un projet non viable. Un port sec produit immédiatement. Il n’y a pas de risque. Nous attendons la fin des élections sénatoriales pour les démarrer.

 

Vous avez remporté les élections devant votre adversaire politique Moustapha Guirassy. Etes-vous prêt à vous réconcilier avec lui d’autant plus qu’il est le maire de la région?

Je n’ai aucun problème particulier avec Moustapha Guirassy. C’est mon frère aîné. J’ai toujours lutté pour le développement de Kédougou. Quiconque veut participer au développement de Kédougou est le bienvenu car les intérêts de la région et des populations sont au-dessus de tout. Le problème de Guirassy, c’est qu’il veut être loin et vouloir travailler pour sa région... Si j’ai gagné les élections, c’est parce que je suis près des populations, je vis le quotidien des gens.

 

 

DAOUDA GBAYA

 

 

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