Focus sur les difficultés des Sénégalais

C’est un Diomaye serein et calme qui a réagi de façon mesurée, mais ferme, à la dernière sortie de son Premier ministre.
Ils étaient nombreux, les Sénégalais, à se demander si le président de la République allait répondre aux attaques de son Premier ministre. Bassirou Diomaye Faye a profité, hier, de la réception officielle des conclusions du dialogue national politique pour réagir. Une sortie qui renseigne sur la nature du conflit qui oppose les deux têtes de l’Exécutif.
À Sonko, qui réclame l’envoi en prison de certains dignitaires de l’ancien régime qu’il juge coupables de graves détournements, Diomaye oppose l’intérêt particulier qu’il accorde à la libération de la Justice.
“...Moi qui vous parle, c’est parce que j’avais dénoncé l’injustice dans ce pays, qu’on m’a envoyé en prison pendant 11 mois. Si je reconduis les mêmes pratiques que mes prédécesseurs, j’aurais échoué. Ma mission, c’est de rendre à la Justice son indépendance et c’est pourquoi nous faisons tous ces efforts…”, rétorque-t-il avec beaucoup de fermeté.
Fonctionnement de la Justice : “...Si je reconduis les mêmes pratiques, j’aurais échoué”
Au Sénégal comme ailleurs, souligne Diomaye, si nous voulons une justice qui se respecte, il faut la libérer. Selon le président de la République, cela ne signifie pas “laisser les juges faire ce qu’ils veulent”. Il faut juste tirer les leçons du passé et avancer, car, selon lui, le Sénégal doit en finir avec l’instrumentalisation de la Justice par les régimes successifs.
C’est la raison pour laquelle, dès son arrivée au pouvoir en avril, il a travaillé à organiser les assises de la Justice, dont le but était de mettre en branle les réformes nécessaires.
L’objectif de telles réformes, c’est aussi de réconcilier l’institution avec les Sénégalais, ce qui est indispensable pour bâtir la paix, indispensable au développement.
“Je sais dans quelles conditions nous avons pris le pouvoir, avec de profonds déchirements dans notre société, des conflits jusque dans nos propres familles. Et on s’était dit que le premier grand chantier pour le nouveau président, c’est de réconcilier les Sénégalais”, a-t-il rappelé.
“Si nous voulons développer ce pays, attirer des investisseurs, il faut préserver la stabilité”
Pour lui, ce que le Sénégal a de plus précieux, c’est la paix et la stabilité. Le pays ne devrait pas le vendanger. Diomaye défend ainsi la paix, indispensable pour attirer les investisseurs.
“…Si nous voulons développer ce pays et attirer des investisseurs, il faut préserver cette stabilité politique. Et pour la préserver, nous avons besoin d’un climat politique apaisé. C’est pourquoi, tout ce qui peut promouvoir cette paix dans le pays, je vais y travailler. Dans ce cadre, je tends la main à quiconque veut accompagner ce processus. Parce que cette paix et cette stabilité, c’est notre plus grande richesse”, souligne-t-il.
Au-delà des péripéties préélectorales, Diomaye est revenu sur la situation du pays, qui doit mobiliser toutes les énergies. Selon lui, son gouvernement ne saurait perdre son temps sur des détails qui ne vont lui valoir que le mépris et le dégoût des Sénégalais.
Revenant sur l’importance de la paix pour le développement du pays, il a rendu compte des étapes les plus importantes de son séjour aux États-Unis, notamment les rencontres avec les investisseurs américains. Pour lui, pour faire venir ces investisseurs, l’environnement des affaires est certes important, mais la valeur paix est encore plus déterminante.
“Chaque pays peut se lever et réformer ses lois pour attirer des investisseurs, mais la paix, quand on la perd, on ne peut la reconstruire du jour au lendemain”, prêche-t-il pour montrer l’importance qu’il accorde à cet aspect.
Cela dit, Bassirou Diomaye Faye a tenu à rassurer tout le monde. Il n’a de problème avec personne, et surtout pas avec son Premier ministre.
“Certains vont peut-être dire que cela montre qu’il y a des divergences. Non. Comme l’a dit le Premier ministre, c’est mon ami. Je n’ai aucune divergence avec lui. Mon souhait est de continuer à travailler avec lui pour la prise en charge des préoccupations des Sénégalais. Focus sur les véritables préoccupations des Sénégalais”, répète le chef de l’État. C’est, selon lui, le seul combat qui vaille.
“Le seul combat qui vaille, c’est le combat contre les difficultés des Sénégalais”
“Le seul combat qui vaille, c’est le combat contre les difficultés que les Sénégalais endurent. Nous-mêmes, nous l’endurons en tant que gouvernants ayant trouvé une situation difficile. Quand on hérite d’une telle situation, il faut se concentrer sur cela pour trouver des solutions. C’est là que les Sénégalais nous attendent.
C’est pourquoi j’ai lancé un appel à tous les citoyens, a fortiori aux membres de notre organisation, à qui les Sénégalais ont fait confiance”, se défend le président Faye, soulignant que le régime n’a pas droit à l’erreur.
“Président de la République : c’est un honneur et un privilège que je compte assumer pleinement, avec humilité”
Revenant sur les priorités auxquelles son gouvernement doit travailler, il rappelle que ce sont : la gestion transparente des affaires publiques ; l’affirmation de la souveraineté ; la veille systématique sur les intérêts du Sénégal ; la libération de la Justice ; la défense des libertés et la préservation des valeurs démocratiques.
“En tant que président de la République, conscient de ma responsabilité, je vais inscrire mon action dans cette dynamique et je ne compte pas en dévier. C’est un honneur et un privilège d’être choisi comme président de la République du Sénégal. Mais c’est aussi une charge que je compte assumer pleinement, avec beaucoup d’humilité et avec responsabilité”, soutient le chef de l’État.
MOR AMAR