Les Thiantacounes avertissent avant l'irréparable
L'affaire Cheikh Béthio Thioune suscite des vagues de protestations un peu partout. Ses talibés, les «Thiantacounes», ont organisé lundi un sit-in devant la chancellerie de l’Ambassade du Sénégal à Nouakchott pour dénoncer le «transfert illégal» de leur chef spirituel de la prison de Thiès à celle de Rebeuss et exigé «sa libération sans condition», au risque de «voir le Sénégal sombrer dans une situation ingérable».
Cette manifestation s’est déroulée sans heurts et sans incidents. Au terme de leur manifestation pacifique, les responsables ont été reçus par l’ambassadeur Kane à qui ils ont remis une déclaration à cet effet.
C’est sous la houlette de Cheikh Tidiane Dia, représentant de Cheikh Béthio Thioune en Mauritanie, que les Thiantacounes au nombre d'une trentaine ont crié leurs slogans : «Libérez Béthio Thioune», «Non au procès politique», ou encore «Vive le Sénégal de la démocratie», et condamné «un abus judiciaire». Selon Cheikh Tidiane Dia, «tout le monde sait que derrière ce procès, il y a une tentative déguisée de déstabiliser le mouvement du Thiant (…) Mais cette manœuvre ne passera pas». Fustigeant à mots voilés l'ingratitude des autorités sénégalaises, il a rappelé que «Cheikh Béthio a beaucoup contribué à l'éducation des jeunes» et à «la lutte contre la dépravation des mœurs, grâce à son aide et son assistance à la formation professionnelle de ses milliers de talibés».
Pour sa part, Babacar Kassé, spécialiste de droit privé et responsable juridique dans une ambassade africaine de la place, est radical. «Nous assistons aujourd’hui à une violation des droits les plus fondamentaux au Sénégal, dit-il. Ce que subit aujourd’hui notre Cheikh relève de l’arbitraire car on lui a fait endosser une affaire de meurtre dont il n’est pas responsable directement.» Ce thiantacoune, juriste, indique ensuite que «le transfèrement administratif visé par les normes constitue des mesures que l’administration pénitentiaire n’a le pouvoir de prendre que lorsque la personne indiquée a comparu devant une juridiction de jugement qui a prononcé une condamnation à son encontre».
Du reste, poursuit Kassé, «Béthio était en sécurité à Thiès et il n’y avait pas de casse», a-t-il martelé. Aujourd'hui, «mettre Cheikh Béthio en prison est une menace pour la sécurité et la démocratie sénégalaise», a-t-il averti, non sans appeler les bonnes volontés «à intervenir avant qu'il soit trop tard».
IBOU BADIANE
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