Publié le 24 May 2013 - 06:30
MARCHE SILENCIEUSE À ZIGUINCHOR

 La Plate-forme des femmes pour la Paix en Casamance réclame la libération des 12 démineurs

Un peu plus d’une centaine de personnes ont marché en silence hier, dans les rues de Ziguinchor, pour réclamer la libération des 12 démineurs de la société Méchem enlevés le 3 mai dernier, dans le village de Kaïlou, à une vingtaine de kilomètres au sud de la capitale méridionale du pays, par des éléments armés appartenant au chef de guerre César Atoute Badiate.

 

 

Les marcheurs ont arboré des tee-shirts blancs sur lesquels on pouvait lire ''Privés de leur liberté en protégeant la nôtre''. Ou encore, ''Libérez les 12 !''. Ils ont par ailleurs porté 12 pancartes sur lesquelles était affichée la photo de chacun des démineurs. Les marcheurs, composés d’hommes, de femmes, de jeunes et de victimes de mines, sont partis de la place de Gao (centre-ville de Ziguinchor). Passant par les ronds-points de Bélaly et d’Esso, le quartier Korentas, la place Jean-Paul, ils se sont retrouvés devant la Gouvernance de Ziguinchor. Là, ils ont remis au Chef de l’Exécutif régional Cheikh Tidiane Dieng une déclaration, avant de rallier la ''Maison de la Paix'' au quartier Korentas pour une rencontre avec la presse.

 

Solidarité avec les 12 démineurs

 

A en croire la Présidente de la Plate-forme pour la Paix en Casamance, cette marche ''silencieuse'' a été organisée pour exprimer leur peine, devant la capture des 12 démineurs. Elle dira : ''Nous sommes endeuillées, parce que nos enfants sont loin de nous. Nous souffrons, parce que nos enfants sont dans le maquis. Nous les voulons à nos côtés, même si on nous dit qu’ils sont dans de bonnes conditions''. Ndèye Marie Diédhiou Thiam a souligné que la manifestation d’hier entrait dans le cadre de leur plan d’action pour faire libérer les otages. ''Ce rassemblement des femmes est une manière, dira-t-elle, de leur exprimer notre solidarité, et montrer que les populations casamançaises veulent et réclament leur libération''. Ainsi, ces femmes vont poursuivre leur mobilisation jusqu’à ce que les 12 démineurs recouvrent la liberté et retournent auprès de leurs familles. La Plate-forme refuse de s’inscrire dans une dynamique de confrontation avec le maquis, puisque des négociations doivent aboutir. C'est pourquoi la présidente indique qu’elles ''sont des mères et que dans la tradition diola, un enfant ne s’attaque jamais à sa mère''.

 

Ndèye Marie Diédhiou Thiam a rappelé que l’enlèvement des démineurs, qui intervient au moment où des efforts considérables sont en train d’être faits, ne favorise pas la consolidation de cette lueur de paix définitive que tous les observateurs de la crise casamançaise ont saluée dernièrement. Raison pour laquelle elle lance un appel solennel aux combattants du MFDC, à César Atoute Badiate en personne pour que les 12 soient libérés. ''Les personnes en charge du déminage humanitaire risquent leurs vies chaque jour pour que les nôtres soient plus sûres. Elles ne doivent pas faire l’objet d’attaques ou d’emprisonnement, mais doivent être protégées'', a clamé la présidente de la Plate-forme.

 

''Une Casamance sans mine est une demande légitime des populations''

 

Abordant d’une manière globale la problématique des mines dans le conflit en Casamance, Ndèye Marie Diédhiou Thiam a rappelé que depuis les premières explosions, en mai 1990, à la place mythique de Gao, jusqu’à nos jours, les mines antipersonnelles n’ont cessé de briser des vies en Casamance. Selon elle, plus de 800 victimes ont été dénombrées à ce jour, au nombre desquelles une écrasante majorité de civils qui n’ont eu pour seul tort que de vaquer à leurs activités pour tenter de survivre, dans un contexte de conflit qui a fini de les appauvrir profondément et durablement. ''Les mines ont fait trop de peine. Une Casamance sans mine est une demande légitime des populations. La nécessité de se saisir sérieusement de cette question du déminage se pose avec acuité. Il faut que tous se convainquent que les mines sont une arme redoutable à bannir dans ce conflit. Leur usage est moralement et humanitairement insoutenable, injustifiable.»

 

De l’avis de la présidente de la Plate-forme, ''il faut s’accorder sur les modalités du déminage qui est une œuvre de salubrité publique''. César Atoute Badiate, lors d’une rencontre tenue à Sao-Domingo, en mars dernier entre le MFDC, le Centre National d’anti-mines du Sénégal (CNAMS), des officiels bissau-guinéens et des Ong, avait clairement indiqué, par la voix de ses représentants, que le déminage avait atteint la ''ligne rouge'' et qu’au-delà de cette ligne ''Maginot'', la sécurité des démineurs n’était plus garantie''. Madame Ndèye Marie Diédhiou lui a répondu indirectement. ''La seule ligne rouge à ne pas franchir, c’est la pose des mines, ainsi que toutes tentatives d’enfreindre le déminage de la Casamance'', a-t-elle martelé. Selon elle, la seule garantie d’y parvenir le plus tôt possible, c’est «la tenue de négociations entre l’État et le MFDC, en vue de parvenir à des accords définitifs pour un déminage complet de la Casamance''.

 

 

HUBERT SAGNA

 

 

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