Publié le 20 Feb 2013 - 10:05
MARDI'MAG N°01 - EN PRIVÉ AVEC … BOUBACAR DIALLO ALIAS DJ BOUBS, ANIMATEUR

 «On a le salaire qu’on mérite»

 

Arborant un tee-shirt vert griffé Eden Park assorti à sa paire de chaussures et un pantalon jeans, DJ Boubs, coiffé d’une casquette, a choisi la terrasse du Radisson Blu pour se livrer à EnQuête. L’animateur vedette de la Bande FM et du Petit écran sénégalais aborde l’emprisonnement de son ami Cheikh Yérim Seck, se prononce sur la vague de polémique qu'a suscité le salaire de certains employés de la structure avant d'annoncer la prochaine diffusion de la série «Un café avec…»

 

 

 

Les auditeurs et téléspectateurs vous ont-ils manqué après un mois d’absence ?

 

J’avais vraiment envie de retrouver les Sénégalais dont je partage l’intimité et les activités depuis quelques années. Chaque jour, j’entre dans tous les foyers du Sénégal à partir de 9 heures. Je suis un enfant de toutes les familles que je fréquente par le biais de la télévision. Après un mois d’absence, j’ai une folle envie de renouer avec tous les Sénégalais sans exception. J’avais surtout envie de tâter le micro.

 

Les Sénégalais vous renvoient-ils l’ascenseur ?

 

Bien sûr qu’ils me rendent très bien cette passion que j’ai pour eux. C’est un respect réciproque qui existe entre nous même s’il est parfois difficile quand on est célèbre. Dieu sait qu’ils m’aiment très bien.

 

Au fond, qu’avez-vous fait pour mériter toute cette marque d’affection ?

 

Parce que j’ai changé le cours de la radio en innovant. Je me rappelle qu’avant mes débuts dans l’animation, il n’y avait que du Zouk, du Founana. Les gens n’écoutaient que ça, du Hip Hop et de la variété internationale. Je me suis imposé avec le Mbalax que d’aucuns taxaient de musique de pédé... J’ai fait de l’animation avec le Mbalax ma marque de fabrique. Aujourd’hui, tout le monde me suit dans la tranche de 9 heures.

 

Comment êtes-vous venu dans l’animation ?

 

J’ai toujours été présentateur à l’école, en classe et dans les boîtes de nuit. J’ai le spectacle, la scène et la présentation dans le sang. Je ne suis pas venu dans ce milieu par hasard. Pour preuve, je ne ratais aucun événement dans le showbiz. Avant et comme après le Bac, je faisais de l’animation.

 

Quels sont les animateurs qui vous ont inspiré ?

 

Il y a d’abord le regretté Gilles Obringer qui présentait l’émission Couleurs tropicales sur Radio France Internationale. Il m’a le plus inspiré. On me reproche d'ailleurs souvent de vouloir m’exprimer comme lui en français. Il y a aussi Claudy Siar qui a repris le flambeau de Couleurs tropicales après la disparition de Gilles Obringer. Ici au Sénégal, il y a feu Ahmadou Ba qui présentait l’émission «La nuit des étoiles» sur le petit écran et «Carrefour» à la radio. Mickael Soumah, Fanta Fifi Kanté m’ont aussi inspiré pour la radio. J’ai beaucoup aimé Radio Cyd de Banjul.

 

Le montant de votre premier cachet en tant qu’animateur ?

 

25 000 F Cfa pour un spot publicitaire que j’avais fait pour les cigarettes Excellence. J’étais encore élève en classe de Terminale à cette époque.

 

Comment ont-ils porté leur choix sur un élève ?

 

C’est par l’entremise de quelqu’un qu’on appelait Sow Karim qui venait souvent au Rio avec les équipes d’Excellence. J’avais l’habitude de tâter le micro à chaque fois. On m’a demandé de faire un spot pour une soirée qui devait se tenir dans un night-club. Je l’ai fait avec DJ Ras et ils l’ont fait passer sur Sud fm. C’était la première fois que j’entendais ma voix à la radio. Les gens ont apprécié. Depuis cette expérience, on ne cessait de me dire il faut faire la radio parce que tu as une bonne diction.

 

Parlez-nous de vos débuts à Walfadjri. Ont-ils été faciles ?

 

Pas du tout ! Parce qu’il fallait convaincre Mame Less Camara, Abdoulaye Lam et Reine Marie Faye qui ont une grande expérience radiophonique. Il ne faut pas oublier Sidy Lamine Niass. Au début, ils ont dit qu’ils allaient m’essayer avant de m’embaucher. Après le coup d’essai, ils n’ont pas arrêté de m’essayer.

 

Cette aventure a duré combien de temps ?

 

De 1997 à 2004.

 

Comment vous êtes-vous retrouvé à la Rfm ?

 

Avant de venir à la Rfm, j’avais déjà une expérience à la télévision en 2001 et 2002. Parce que j’avais beaucoup critiqué le régime du président Abdou Diouf dans l’émission Ataya avec Jules Junior. C’est dans le souci de faire autre chose que j’ai créé l’émission «Millénium stars». Un jour, je rencontre Youssou Ndour qui me dit : J’ai mis une radio sur pied et j’aimerais que tu me soutiennes. Je lui ai dit : si l’on est d’accord sur les conditions, je marche. Et c’est ce qui s’est passé. Je suis venu donner à la Rfm une autre dimension et depuis, elle est la première radio musicale du Sénégal.

 

Avez-vous une autre casquette à part celle d’animateur que l’on connaît déjà ?

 

Bien sûr ! J’ai une casquette de conseiller et de commercial. On me demande des conseils et j’essaie d’orienter les choses pour la bonne marche de la maison. Animateur de radio et de télévision, je suis un employé cadre du Groupe Futurs Médias.

 

Comment avez-vous réagi suite à la publication de votre salaire dans la presse ?

 

En ce qui me concerne, ça ne me dérange pas. On a le salaire qu’on mérite. Un salaire se négocie dans le privé. On n’est pas dans le secteur public où les salaires sont échelonnés. J’ai vu les choses de très loin parce que j’étais en congé. Maintenant, la direction est en train de trouver des solutions pour harmoniser les salaires. C’est vrai que faire de la radio est difficile et demande énormément de concentration. La télévision est encore plus difficile et exige plus d’attention. Parce qu’on a une image à soigner. La télévision, c’est l’habillement et plein d'autres paramètres. Il y a donc là une différence avec la radio et la presse écrite. Les salaires ne peuvent pas être les mêmes.

 

Vous, est-ce vous percevez une prime d’habillement pour la télévision ?

 

Chaque présentateur qui sort à la télévision a droit à une prime d’habillement. Si vos émissions sont sponsorisées, on vous paie les commissions. Si l’on ajoute cela à votre salaire, vous pouvez atteindre la somme de 5 millions de francs Cfa le mois.

 

Avez-vous négocié le salaire des animateurs de «Dakar ne dort pas» ?

 

Non. En arrivant à la Tfm, j’ai trouvé Amina Poté sur place avec Kouthia. Je ne savais pas ce qu’ils percevaient comme salaire. J’ai vu Poté au maximum quatre ou cinq fois de ma vie. Je n’ai jamais négocié de salaire pour quelqu’un. Je ne sais pas ce que Bessel, Ndèye Ndack, Niatam, Poté et Sidate gagnent à part ce que j’ai lu sur le net. C’est des animateurs comme moi. La seule différence est que moi, je fais office d’agent commercial.

 

C'est pourtant vous qui avez choisi l’équipe de «Dakar ne dort pas», non ?

 

Je vais vous expliquer comment les choses se sont passées. A l’ouverture de la télévision, Ndiaga Ndour et moi avions créé le concept de l’émission. Après avoir enregistré le numéro zéro, Ndiaga l’a présenté à Youssou Ndour. Il a trouvé que c’était excellent et a demandé que l’on diffuse ce numéro zéro. Comme j’étais appelé à honorer d’autres tâches à la télévision, Me Diop, le gérant de l’époque , m’a demandé de faire travailler les animateurs de la Rfm. J’ai commencé avec Sidate et Niatam. Après, j’ai recruté Pape Cheikh Diallo pour faire «Dakar ne dort pas» à ma place. Parce que je préparais le mariage avec Katy Chimère pour «Un café avec…»

 

 

Comment votre épouse a-t-elle réagi en apprenant la nouvelle de ce «mariage»?

 

Je partage tout avec ma femme. D’ailleurs, quand je lui ai expliqué le projet en question, elle m’a demandé si j’ai les moyens pour le financement. Je lui ai dit que je vais coproduire l’émission avec Cheikh Yérim Seck. Je n’ai jamais eu de problème avec ma femme. Elle m’a toujours accompagné dans «Un café avec…» J’ai toujours travaillé avec des femmes. «Millénium stars» en est une preuve.

 

Et le massage avec Aïda Patra dans la série «Rendez-vous» ?

 

J’ai entendu Axel Kabou s'interroger : «Et si l’Afrique refusait le développement ?» On accepte de voir les Blancs s’embrasser dans des films, mais pour un petit massage, on fait trop de bruit. Cette scène s’est passée chez Patra en présence de son mari et des caméras. J’assume ce que j’ai fait.

 

DJ Boubs a-t-il une structure qui gère ses annonces publicitaires ?

 

Je n’ai pas voulu avoir une quelconque structure parce que j’abats un boulot fou à la radio comme à la télé. Cela dit, j’oriente tous les marchés vers le Groupe Futurs Médias au lieu de le concurrencer. La maison me rend bien ce que je lui apporte. C’est Futurs Médias qui facture tout.

 

 

Que répondez-vous à ceux qui pensent que, en réalité, vous êtes promoteur de spectacle ?

 

Non, je ne suis pas promoteur de spectacle.

 

N’êtes-vous pas l’initiateur du concert qui avait réuni Youssou Ndour, Oumar Pène, Thione Seck et Ismaël Lô en faveur des sinistrés ?

 

J’ai des idées. Ce sont des grands frères. Il m’arrive de donner des conseils à Youssou Ndour, Thione Seck, etc. Je suis consulté plus d’une dizaine de fois par jour sur des questions de spectacles et d’harmonie. Je ne suis pas le promoteur du concert en faveur des sinistrés. C’est Youssou Ndour qui en a eu l’idée. Je lui ai juste apporté mon soutien. Par exemple, je viens récemment de conseiller Thione Seck d’organiser son anniversaire. Pape Diouf, Fatou Guéwel et tant d’autres artistes me demandent des conseils tous les jours. Je suis même consulté par des banques pour des questions de communication et d’images. Je donne mes idées et ça marche du coup. Je suis le dernier à venir dans l’espace audiovisuel et on parle de moi comme ça. Je rends grâce à Allah qui m’a donné toute cette chance.

 

Pourquoi êtes-vous si sollicité ?

 

Je crois que j’ai gagné le respect de mes pairs en donnant de bons conseils et en faisant très bien la promotion de ce qu’il faut promouvoir, c'est tout !

 

Patron de presse, ça vous tente ?

 

Non. Pour l’instant !(rires).

 

Etes-vous inspiré par Youssou Ndour pour embrasser une carrière politique plus tard ?

 

Non. Il a travaillé durant cinquante ans dans la musique pour en arriver là. Moi, j’ai juste quinze ans de radio. Pour le moment, je reste concentré sur le travail et sur mes responsabilités. Après la réussite de la radio, je dois accompagner la télévision pour quatre ou cinq ans pour en faire un régal. Après, le reste viendra...

 

Partagez-vous l’avis du ministre de la Culture selon qui il n’y a que des télévisions poubelles au Sénégal ?

 

Il (Abdoul Aziz Mbaye, ministre de la culture) a longtemps vécu en Europe où il était député européen. Il a nous confondus avec Euronews, CNN ou Tf1. Nous n’avons ni le matériel ni l’expérience de ces chaînes de télévision qui ont une dimension mondiale. Nos télévisions sont encore jeunes. Nous travaillons la qualité de nos prestations. En plus, on ne veut pas se tromper de public. Je me rappelle qu’il y a de cela cinq ou six ans, il m’a rencontré je crois à Paris. Avec son cigare, il m’a serré la main en me regardant droit dans les yeux avant de dire : «C’est lui. Il fait du bon boulot.»

 

 

Avec un agenda chargé comme le vôtre, avez-vous une vie de famille ?

 

J’ai une très bonne vie de famille. Je ne sors que quand j’ai une soirée de gala à présenter. On ne me voit pas dans beaucoup de choses. Quand je ne travaille pas, je reste à la maison pour travailler sur de nouveaux concepts ou jouer au playstation. J’ai le temps de suivre les championnats européens chez moi. J’aime bien le Paris Saint-Germain et l’Olympique de Marseille. J’adore le championnat anglais. Et je sors avec ma femme. J’ai même le temps d’aller manger chez moi et faire du sport. Je suis très bien organisé et mes assistants font le reste du boulot pour moi.

 

De nos jours, est-il dangereux d’être célèbre au Sénégal ?

 

Aujourd’hui, c’est extrêmement dangereux d’être célèbre au Sénégal, et cela à tous les niveaux de risque. Du jour au lendemain, on peut être mêlé à un scandale, arrêté et se retrouver en prison, sans rien comprendre de ce qui est arrivé ! Le mieux, c’est d’être discret, rester tranquille, travailler et rentrer à la maison. Pour le reste, les chiens aboient et la caravane passe.

 

L'emprisonnement de votre ami Cheikh Yérim Seck est-il une rançon de la gloire ?

 

Quand on est célèbre, il est toujours difficile de reconnaître ses ennemis. C’est pourquoi Assane Ndiaye chante Bëñ weex na waaye deret mooko lal (l’apparence est souvent trompeuse). Chaque jour, on prie pour que Le Bon Dieu veille sur nous.

 

A quand remonte votre dernière rencontre avec Cheikh Yérim Seck ?

 

On s’est vu pour la dernière fois le vendredi 1er février. Comme les visites ne sont autorisées que les mardis et vendredis, je m’y rends à chaque fois que je n’ai pas de rendez-vous et d’engagement professionnel à honorer. Il a bonne mine et se porte très bien. Il est serein et passe son temps à lire le Saint Coran. Il lit et écrit beaucoup. J’espère qu’il va bientôt respirer l’air de la liberté. En tout cas, c’est l’événement qui m’a beaucoup fait mal dans toute ma vie. Je ne me suis jamais prononcé sur ça. Mais quand on aime quelqu’un, on ne veut pas qu’il soit dans de pires situations.

 

N’est-ce pas cet événement malheureux qui explique l’arrêt du téléfilm Un café avec ?

 

Écoutez ! Nous sommes en train de tourner. C’est vrai qu’il y a eu un moment de flottement où les artistes étaient fatigués y compris moi-même. D’ailleurs, j’ai pris des vacances à la radio comme à la télévision. Mais on n’a pas arrêté. C’est juste une pause. Aujourd’hui, nous avons repris le tournage. Les téléspectateurs l’auront sur la Tfm dans quinze jours.

 

La main de Cheikh Yérim Seck sera toujours derrière ?

 

Bien sûr ! C’est lui qui m’a dit qu’à chaque fois que «Un Café avec...» passe à la télévision, personne ne respire dans la prison. Il m’a aussi révélé que c’est le même engouement pour «Dakar ne dort pas». Il y a toujours un monde fou qui suit ces deux programmes en prison.

 

D'autres projets de téléfilms ?

 

Si j’en ai les moyens, je vais produire des films et concurrencer ces télénovelas qui envahissent nos télévisions. Aujourd’hui, nous avons des célébrités qui peuvent porter nos films. Imaginez ce que nous avons comme mannequins, scénaristes, cameramen et nous n’arrivons à rien faire ! Il faut que les gens arrêtent de mettre l’argent dans du béton et du fer. On peut changer les mentalités en produisant des films et des séries avec nos ressources humaines !

 

Almami CAMARA

 

 

AVERTISSEMENT!

Il est strictement interdit aux sites d'information établis ou non au Sénégal de copier-coller les articles d' EnQuête+ sans autorisation express. Les contrevenants à cette interdiction feront l'objet de poursuites judiciaires immédiates.

 

Section: 
PREMIÈRE ÉDITION SOTILAC : Le Sénégal hisse les voiles du tourisme de croisière
ATELIER ‘’DAKAR AU FIL DES ARTS’’ À L’IFD : Une ville contée en sonorités
EXPO "TRAITS ET LETTRES" AU CARRÉ CULTUREL : Le pouvoir de l'art dans l'éducation et la transformation sociale
AVANT-PREMIÈRE « AMOONAFI » DE BARA DIOKHANE : L'art, l'histoire et le droit au service de la mémoire
EXPOSITION "SYMBOLES DE LA VIE : AU-DELÀ DU REGARD" : Réflexions sur la condition humaine
LE SYNPICS ET CONI IA LANCENT UNE FORMATION : Vers une révolution technologique du secteur médiatique
LIBERTÉ DE PRESSE ET DROIT À L’INFORMATION : RSF appelle les députés à instaurer quatre réformes
BIENNALE OFF : L'Orchestre national raconté à Douta Seck
EXPOSITION FALIA La Femme dans toutes ses facettes
MUSIQUE À L’IMAGE : Plusieurs jeunes formés au Sénégal
CÉLÉBRATION 50 ANS DE CARRIÈRE : L’Orchestra Baobab enflamme l’Institut français de Dakar
15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Seulement deux prix remportés par le Sénégal
BIENNALE DE DAKAR : Un éveil artistique, selon Bassirou Diomaye Faye
CÉRÉMONIE D'OUVERTURE DE LA 15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Dak’Art pour un voyage culturel
EXPOSITION ‘’FAIRE LIEU’’ À DAKAR : Cinq lieux africains comme espaces de transformation
BIENNALE DE DAKAR   - EXPO ‘’DEVOIR DE MÉMOIRE’’ : Un modèle d’engagement culturel
Goncourt 2024
PRÉSENTATION TAARU SÉNÉGAL : La première Symphonie d'Amadeus
PARTICIPATION DES USA À LA BIENNALE DE DAKAR : Mettre en lumière l’influence de la culture africaine sur l'art américain
MARIAM SELLY KANE - JOURNALISTE : Une voix pour les femmes et les enfants