Power to Youth à l’assaut des pratiques néfastes
Un atelier d’orientation sur les pratiques néfastes a été organisé par Power to Youth, à l’intention des élus locaux du district de Matam et de Kanel. Les participants se chargeront de faire le plaidoyer, auprès des autorités, pour une présence plus significative des jeunes dans les instances de décision, avec un taux de 30 %, d’ici 2025.
Loin de la capitale sénégalaise, Matam est une région qui est restée ancrée dans certaines pratiques traditionnelles séculaires. Les mutilations génitales faites aux filles et aux femmes ne sont toujours pas éradiquées. Une fatalité qui n’en est pas une pour la jeunesse de Matam. Par l’entremise de Power to Youth, les jeunes, amenés par le point focal Abdoulaye Diaw, ont multiplié les plaidoiries pour la cause de la jeunesse. Lors d’un l’atelier d’orientation à l’intention des élus locaux du district de Matam et de Kanel, ils ont souligné l’importance d’éradiquer certaines pratiques néfastes encore présentes dans la zone. Ils peuvent compter sur le soutien de la collectivité territoriale de Matam dirigée par Mamadou Mory Diaw. C’est son adjoint, venu le représenter à l’atelier, qui a donné l’information. ‘’C’est un devoir pour la collectivité d’accompagner les jeunes. Et la collectivité va les accompagner’’, assure Mamadou Gaye.
Le projet Power to Youth, qui a démarré en 2021, va s’étaler sur cinq ans et ambitionne, à l’horizon 2025, de porter le taux de présence des jeunes dans les hautes instances de décision à 30 %. Pour réussir ce pari, il s’appuie sur le Réseau national des pairs éducateurs du Sénégal disséminé dans les différents départements du pays. A Matam, c’est Abdoulaye Diaw, le président régional du Renpes et aussi point focal du projet Power to Youth qui est chargé de mettre en synergie la volonté motrice des jeunes de participer à la gestion de la cité. Pour Ibrahima Deh, l’inspecteur régional de la jeunesse de Matam, l’objectif fixé par Power to Youth est bien réalisable.
‘’L’objectif d’obtenir un taux de présence des jeunes à 30 % dans les instances de décision est bien possible, d’autant plus que c’est jusqu’en 2025. Ce sont les hommes qui façonnent les textes ; ces mêmes hommes peuvent bien rendre cet objectif réalisable. Puisqu’aujourd’hui on ne peut pas parler de contribution significative des jeunes s’ils ne sont pas représentés dans les instances. Donc, ce qui se fait pour toi sans toi est fait contre toi. Aujourd’hui, il est clair que les jeunes ont quelque chose à apporter. Ils ont de l’expertise, ils ont de l’engagement à apporter aux collectivités territoriales. Donc, ils doivent être membres à part entière de ces instances’’, plaide l’inspecteur.
Cet atelier, qui a vu la présence d’une vingtaine d’élus, était principalement axé sur la lutte contre les pratiques néfastes telles que les mariages d’enfants, les grossesses d’enfants/non désirés et les mutilations génitales féminines. Ces pratiques, qui constituent encore un gros obstacle pour les filles, continuent de briser leur vie.
Pour l’adjoint au maire de Matam, cette pratique est un ‘’fléau, parce que c’est des pratiques anciennes qui sont ancrées. Nous sommes au Fouta. Si on parle sur le plan sociologique et culturel, on ne peut pas occulter les mutilations génitales ; on ne peut pas occulter les mariages précoces ; ça fait partie de nous. Mais comme je l’ai rappelé, ces pratiques constituent un obstacle pour l’épanouissement des filles’’, explique l’élu local.
Pour parer à tous ces obstacles, les jeunes se sont érigés en bouclier. À travers leurs différentes structures, ils s’engagent à réaliser l’objectif de zéro grossesse avant le mariage dans la circonscription. Abdoulaye Diaw, le point focal de Power to Youth à Matam, est plus qu’optimiste. La formation en technique de communication dont ses camarades ont eu à bénéficier est un atout majeur pour dissuader certains parents réticents. ‘’Nos jeunes sont bien formés en communication. Ils savent comment aborder une personne âgée. Ils connaissent parfaitement les sujets sensibles. C’est cela le gage de notre réussite ici à Matam’’, révèle-t-il.
Djibril Ba