Un mort, des arrestations et des migrants introuvables
Depuis quelque temps, les candidats à l’immigration reprennent la mer en direction de l’Europe. La semaine dernière, deux pirogues en provenance du Sénégal ont échoué sur les côtes mauritaniennes. Le décompte fait état d’un mort, de 48 arrestations, de 104 personnes déjà reconduites et de 102 migrants disparus en ville ou en mer.
Ils étaient environ 255 candidats à l’immigration, des Sénégalais en majorité, à embarquer depuis Fatick dans deux pirogues en direction des côtes européennes. Une pirogue ayant à son bord 105 personnes et une autre embarquant 150 candidats ont échoué à Nouadhibou, ville située à 465 km de Nouakchott, la capitale mauritanienne.
Selon les rescapés, une panne de carburant les a contraints à accoster, le vendredi 30 juin 2023 au soir, sur les côtes mauritaniennes, à la recherche d’essence. Ils ont vite été interceptés par les garde-côtes mauritaniens et les militaires en patrouille dans la zone.
Après leur arrestation, une personne a été retrouvée morte sur 105 candidats présents dans la première pirogue. Les autres ont été conduits au commissariat, puis reconduits à la frontière de Rosso.
S’agissant de la seconde pirogue, seuls 48 candidats, sur les 150, ont été arrêtés et placés en garde à vue au commissariat principal de Nouadhibou. On signale que quatre d’entre eux, visiblement exténués par le trajet du voyage, sont internés à l’hôpital régional de cette ville.
Contacté par nos soins, Baye Loum, président de l’Association des Sénégalais de Nouadhibou, a indiqué que ‘’personne ne sait si les 102 candidats (de la seconde pirogue, NDLR) disparus sont dans la ville ou sont restés en mer’’.
Toutefois, l’on confirme que ces deux pirogues avaient à leur bord des Gambiens et des Sénégalais en majorité qui auraient quitté Djifer, une localité située dans la ville de Fatick. Baye Loum interpelle les autorités sénégalaises compétentes et leur demande de prendre des mesures idoines pour éviter ces drames en mer.
À l’en croire, chaque jour, une pirogue échoue, faute de carburant ou du fait d’une panne technique du moteur. Des risques dont s'exposent ces candidats à l’émigration, dans un contexte climatique extrêmement difficile et sévère.
Il y a une semaine, une barque avec à son bord 142 personnes en provenance de Mbour, a été interceptée. Un garçon de 12 ans faisait partie du voyage et soutenait que son projet en Europe était d’intégrer un club de football.
Le consulat honoraire du Sénégal à Nouadhibou au chevet des malades
Informé, le consul honoraire Abass Boughourbal s’est rendu sur les lieux, au commissariat et à l’hôpital pour s’enquérir de la situation. Il a aussi pris langue avec les autorités mauritaniennes compétentes et a instruit les membres de la communauté et du consulat pour prendre des dispositions nécessaires au chevet des malades et pour assurer la nourriture aux personnes interpellées avant leur reconduction à la frontière.
Pour le corps sans vie, il est déposé à la morgue de l’hôpital, où il fait l’objet d’identification pour retrouver ses parents. Selon nos sources à Nouadhibou, cette personne serait de nationalité gambienne.
À Nouakchott, où les rescapés transitent avant leur arrivée à la frontière de Rosso, c’est l’ambassadeur Moustapha Ndour et le président de la FAGSEM (Fédération des associations et groupements sénégalais de Mauritanie) Assane Guèye, de prendre le relais pour assurer leur prise en charge alimentaire.
Selon plusieurs observateurs, cette recrudescence des embarcations de fortune en direction de l’Europe rappelle les mauvais souvenirs des années 2005 et 2006, lorsque des vagues de mer refoulaient au quotidien des corps sans vie de candidats à l’immigration.
Reste à savoir comment ces embarcations de fortune quittent les côtes sénégalaises. Autrement dit, des failles dans la surveillance maritime sont notées du côté du Sénégal.
Ibou Badiane, Correspondant en Mauritanie