L'insatisfaction des Sénégalais

L'accord signé le 2 juin dernier, entre le Sénégal et la Mauritanie, consécutivement à l'entrée, au séjour et à l'établissement des ressortissants des deux pays, est entré en vigueur le 26 juillet. La mise en application de cette convention suscite des controverses dans le milieu des Sénégalais, faisant installer une psychose générale. Retour sur les péripéties de cet accord.
Annoncé pour le 25 juillet 2025, c'est finalement le 26 du même mois que l'accord est effectivement entré en vigueur à Nouakchott. Les autorités compétentes des deux pays, après des concertations, ont finalement décidé d'un commun accord pour la mise en application de cette convention pour réduire la souffrance des Sénégalais pris entre l'étau des interpellations et des reconductions manu militaire à la frontière. La Mauritanie ayant considéré que tout Sénégalais vivant sur son sol devra détenir soit une carte de séjour ou tout au moins une déclaration de dispositif munie d'une fiche d'accès au territoire délivrée par la police à l'entrée.
Un démarrage sur fond de couacs et d'incompréhensions
Le samedi 26 juillet, alors que les Sénégalais avaient pris d'assaut très tôt les centres d'enrôlement, des problèmes ont surgi à cause d'une pièce exigée et devenue obligatoire, sans quoi tout dépôt de dossier demeure impossible. Il s'agit de cette fiche d'accès communément appelée ''devise''. Pour les responsables des centres d'enrôlement, cette pièce est inévitable, car elle renseigne sur la date d'entrée de la personne et son adresse de résidence, entre autres.
Cependant, pour les Sénégalais qui a bien lu les termes de l'accord, cette pièce ne figure pas parmi celles énumérées dans la convention, à savoir la pièce d'identité ou le passeport, la carte consulaire et un montant de 300 MRU, nouvelle monnaie (l'équivalent de 5 000 F CFA). En dépit des facilités accordées pour l'enrôlement avec l'ouverture de 13 centres uniquement pour les Sénégalais et pour chaque samedi, avec cette décision de la Direction de l'État civil mauritanien, nos compatriotes ont été pris de tribunal. Des appels du pied, des récriminations et des dénonciations n'ont pas permis d'ôter cette pièce de la liste des éléments à fournir.
Or, la Direction de l'État civil mauritanien a constaté des manquements sur ces fiches. Car, un grand nombre n'a pas été enregistré dans les données du registre de cet état civil ; du coup, elles ont été rejetées par les machines. Ces fiches rejetées ont été scannées et envoyées à la Direction de l'État civil pour correction et reprogrammation.
C'est d'ailleurs ces erreurs qui ont conduit au refoulement de centaines de Sénégalais détenant ces fiches non enregistrées dans le registre de l'Agence nationale de recensement des populations et des titres sécurisés (ANRPTS) pertinent de l'état civil.
L'appel du pied des Sénégalais
Face à cette situation qui risque de faire encore des victimes, l'ambassadeur du Sénégal, Son Excellence El Hadj Maguette Sèye, a encore pris son bâton de pèlerin, pour solliciter des autorités mauritaniennes une solution concertée afin de mettre fin à ces tracasseries administratives concernées font face aux Sénégalais.
Des appels du pied, de détresse ont été lancés par nos compatriotes émus et désemparés par cette situation. À les entendre, la seule solution, c'est de sursoir à cette fiche qui cause des goulots d'étranglement à tout Sénégalais demandeur de la carte de séjour. Obtiendront-ils un gain de cause ? C'est là toute la question.
Mais une chose est sûre : le diplomate sénégalais qui a réussi, à faire démarrer les opérations d'enrôlement, usera à nouveau de son entregent, avec la collaboration des autorités mauritaniennes qui ont jusqu'ici montré leur bonne foi, pour obtenir une solution idoine au grand bonheur des Sénégalais.
D'ailleurs, au-delà des actions diplomatiques, certains milieux religieux ont fait des pieds et des mains pour exhorter la partie mauritanienne à aller dans ce sens positif, eu égard aux liens historiques et légendaires qui ont uni le Sénégal et la Mauritanie depuis la nuit des temps.
À Nouadhibou, à 470 km de Nouakchott, le démarrage est timide et nos compatriotes restent également inquiets par rapport à ces documents à fournir. Cette communauté qui vit éloignée de l'ambassade souhaite ardemment qu'une solution leur soit trouvée.
Ibou Badiane, correspondant en Mauritanie