Péril pour les Sénégalais en situation irrégulière
La menace d’expulsion des Sénégalais d’Allemagne est l’arbre qui cache la forêt. En réalité, une mesure est prise à l’unanimité des dirigeants de l’Union européenne pour expulser tous les migrants économiques en situation irrégulière, y compris sénégalais, de la zone Euro.
Les dirigeants européens sont déterminés à juguler la crise migratoire qui frappe le vieux continent de plein fouet. L’une des mesures phares qu’ils viennent de prendre est d’expulser les migrants économiques qui sont en situation irrégulière sur le sol européen. « Devant la crise des migrants, notre objectif doit être de ralentir rapidement le flot, de protéger nos frontières extérieures, de réduire l'immigration illégale et de sauvegarder l'intégrité de la zone euro », écrivent-ils dans le communiqué officiel conjoint qui a sanctionné la réunion des gouvernants européens, à Bruxelles lors d’un dîner. Selon le président d’Horizon sans frontières (HSF) qui rapporte les grandes lignes dudit communiqué, tous les migrants économiques, y compris les Sénégalais ‘’doivent être renvoyés dans leurs pays’’.
‘’Voilà ce qui explique les menaces d’expulsion qui planent sur les ressortissants sénégalais en situation irrégulière dans les pays européens’’, alerte Boubacar Sèye qui souligne que ‘’le migrant sénégalais ne peut pas bénéficier du droit d’asile, parce qu’économique et non prévu par la convention de Genève de 1951 sur le droit des réfugiés’’. Sous ce rapport, la même menace d’expulsion des Sénégalais d’Allemagne pèse sur les ressortissants se trouvant dans les autres pays de l’Union européenne. Qui peuvent s’attendre, à leur tour, à faire face éventuellement à la même situation d’angoisse que vivent, en ce moment, leurs compatriotes en terre allemande.
Pour expliquer cette situation, le président d’Horizon sans frontières convoque la mondialisation et la conjonction des déçus de cette globalisation. A cela, il ajoute la montée des discours populistes en Occident et les amalgames sur les questions comme l’Islam et l’immigration extra-européenne. ‘’Un rapatriement, quand il n’est pas volontaire, est une violation des articles 3 et 5 de la déclaration universelle des droits de l’Homme et HSF a une position irréversible de principe et fermeté sur ces violations des droits de migrants’’, poursuit Boubacar Sèye, non sans préciser qu’en matière de migration, pour des raisons économiques et familiales, la souveraineté appartient à chaque pays d’accueil qui dicte ses lois. En termes de jurisprudence, selon le président d’Horizon sans frontières, il ne peut pas y avoir de rapatriements sans accords entre le pays d’accueil et le pays d’origine, mais aussi sans compensation financière pour l’insertion socio-économique des rapatriés.
L’Etat sénégalais, le dernier rempart
Ainsi, tous ces migrants en situation irrégulière en Europe doivent prier et espérer que l’Etat du Sénégal reste ferme dans la position qu’elle a adoptée et annoncée par le biais du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur (MAESE). Dans un communiqué parvenue à EnQuête, avant-hier, les services du ministre Mankeur Ndiaye renseignent qu’‘’aucune mesure d’expulsion de Sénégalais n’était en discussion, à ce jour, entre les autorités sénégalaises et allemandes’’. Tout en sachant que ces expulsions annoncées ne se feront qu’avec l’assentiment de l’Etat sénégalais, l’espoir est sans doute permis pour ces migrants.
MAMADOU YAYA BALDE