La violence physique prédomine dans les couples
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Dans une étude intitulée ‘’Les violences basées sur le genre dans les ménages : représentations, connaissances, prévalences et prise en charge’’, parue en avril 2015, le Groupe d’études et de recherche genre et société (Gestes) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis a interrogé 1200 individus (600 hommes et 600 femmes) choisis selon un échantillonnage aléatoire stratifié qui a permis la couverture de toutes les régions du Sénégal. Les données analysées dans ce rapport proviennent de deux outils de collecte : des guides d’entretiens et un questionnaire. Les guides ont été administrés à des personnes ressources travaillant sur les VBG (violence basée sur le genre) et des victimes.
L’étude révèle ainsi que les types de violences fréquemment observés au sein des ménages sont d’ordre verbal (46,5%), physique (27,6%) et psychologique (12,5%). ‘’La répartition selon le sexe montre quatre catégories de formes de violences dont souffrent plus les femmes que les hommes : violence verbale (49,5%), physique (28,4%), sociale (5%) et sexuelle (2,4%). Il arrive que les hommes subissent ces formes de violence mais avec un pourcentage largement inférieur à celui des femmes’’. ‘’La violence physique est le type de violence conjugale le plus répandu dans les couples sénégalais. L’atteinte à l’intégrité physique du partenaire ou de la partenaire au sein des ménages est une réalité reconnue par les enquêtés. (…) Même si la majorité des deux sexes reconnaissent cette réalité, elle est plus fréquente chez les femmes avec une différence de 5%’’.
‘’Cette perception, même si elle ne peut être liée de manière catégorique au fait que les hommes sont souvent les auteurs de VBG, la construction sociale des rapports sociaux de sexe dans la société sénégalaise met souvent la femme dans une position de victime. En plus, certaines pratiques, qui peuvent être considérées par les femmes comme des actes portant atteinte à leur intégrité physique, renvoient pour les hommes à des pratiques qui s’inscrivent dans la norme des rapports au sein des couples’’, analysent les rédacteurs. Selon qui ‘’cette représentation analysée sous l’angle de l’approche structurelle explique la prolifération du phénomène. Pour rompre avec celle-ci, une déconstruction sociale est nécessaire autant auprès des femmes que des hommes’’.
En effet, les données de l’enquête révèlent que les ménages sénégalais sont encore très majoritairement sous le contrôle des hommes qui représentent 85,4% des chefs de ménage, alors que seules 12,3% des femmes occupent ce statut. ‘’Le contrôle des ménages par les hommes participe à maintenir les rapports de pouvoir au sein des ménages et limite l’autonomisation des femmes pour revendiquer certains droits nécessaires à la prévention et la lutte contre les VBG’’, renseignent les chercheurs. Qui font remarquer que, pour 58,8% des hommes et 54,3% des femmes, les VBG qui se produisent au sein du couple ne doivent pas être exposées dans l’espace public.
Autre enseignement, en cas de VBG au sein des ménages, seuls 48% des femmes et 44,7% des hommes affirment que la femme doit porter plainte quand elle est victime de violence , alors que 52% des femmes et 55,3% des hommes pensent le contraire. Il ressort aussi de l’étude que les VBG sont confinées dans la plupart des cas dans la sphère domestique. L’enquête auprès des ménages a montré que 52,1% des cas de VBG se sont produits dans l’espace domestique et 42,3% à l’extérieur du domicile.