Publié le 13 May 2013 - 18:25
MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

L'Ucaes et l'Acaes au front contre les nominations politiques

D'habitude si discrets, les hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur sont cette fois sortis de leur silence pour condamner diplomatiquement, mais nettement, la nature des nominations jusqu'ici décidées par le président de la République.

 

A travers un communiqué conjoint signé par l'Union des conseillers des Affaires étrangères du Sénégal (UCAES) et l'Amicale des chanceliers des Affaires étrangères du Sénégal (ACAES) relatif aux «nominations, affectations et conditions de travail» au dit ministère, ces professionnels de la diplomatie attendent encore que «la diplomatie (soit rendue) aux diplomates», une promesse du candidat Macky Sall devenue chef de l’État.

 

«C'est avec une inquiétude sans cesse croissante que les diplomates de carrière notent, depuis plusieurs mois, la nomination de nouveaux ambassadeurs, consuls généraux, vice-consuls, chef de Bureau économique avec rang de ministre-conseiller, qui viennent s'ajouter à une longue liste de personnes déjà en poste, dont la logique du choix n'est pas toujours d'explication aisée», indique ledit communiqué. A ce propos, l'Ucaes et l'Acaes constatent que «des hommes et femmes ayant largement dépassé l'âge légal de la retraite sont promus pour remplacer des diplomates de carrière chevronnés, impitoyablement admis à faire valoir leurs droits à une pension de retraite.»

 

«Pratiques injustes»

 

«De plus, au moment où des fonctionnaires compétents et expérimentés du cadre des Affaires étrangères, parfois au bord de la retraite, continuent (…) de caresser le rêve de la reconnaissance de leurs états de services, ajoute la note, il est frustrant de voir que ceux qui sont nommés chef de Mission diplomatique ou consulaire ou encore vice-consul, en plus de n'avoir qu'une expérience diplomatique ou même administrative des plus hypothétiques, ne bénéficient pas, non plus, du privilège de l'âge, critère pourtant souvent opposé à des professionnels qui justifient de plus d'une décennie d'expérience.»

 

Rappelant au Président Macky Sall qu'«une diplomatie de qualité ne saurait se concevoir sans l'implication effective des diplomates de carrière...», l'Ucaes et l'Acaes «dénoncent vigoureusement ces pratiques injustes et invitent les plus hautes autorités à prendre la pleine mesure des conséquences désastreuses de ces nominations et affectations sur l'efficacité de notre diplomatie, l'image du Sénégal à l'extérieur et sur la carrière des professionnels qui l'animent.»

 

«La diplomatie n'est pas Pôle emploi»

 

Aujourd'hui, quatorze mois après le changement de régime, les professionnels de la diplomatie «demandent la concrétisation de cette volonté de rupture prônée par le chef de l'Etat au début de son mandat, à travers la promotion des diplomates de carrière et l'affectation dans les ambassades et consulats d'un personnel qualifié». Pour l'Ucaes et l'Acaes, cette fronde ne vise point à «remettre en cause le pouvoir constitutionnel du chef de l'Etat de nommer aux emplois civils et militaires, ni de réfuter une ouverture aux autres compétences, porteuses d'enrichissement». Mais, «le décalage relevé entre les faits et la volonté affirmée de rupture n'est pas sans susciter notre incompréhension», soutiennent-elles.

 

Si les professionnels de la diplomatie sont «déterminés» «à servir loyalement l'Etat», en revanche ils se disent «décidés» à préserver une image de marque ayant «valu à notre pays son prestige sur la scène internationale». En cela, avertissent l'Ucaes et l'Acaes, la diplomatie sénégalaise «ne saurait être le Pôle emploi sénégalais, encore moins le lieu de dérives portant préjudice à l'intérêt national».

A plusieurs reprises, nous avons cherché à joindre, en vain, Papa Omar Ndiaye, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères...

 

Enquête

 

 

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