Minusma
Les autorités du Mali ont demandé le retrait sans délai de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), lors de la 9350e session du Conseil de sécurité consacrée à l'examen du rapport trimestriel du secrétaire général des Nations Unies sur la situation au Mali, tenue à New York, le 16 juin 2023. Dans une note reçue à ‘’EnQuête’’, le gouvernement indique que cette décision est la conclusion du bilan de la présence de la Minusma au Mali depuis juillet 2013, soit 10 ans, au terme desquels un double constat s'impose.
Il s’agit, d'une part, du ‘’revirement total’’ du mandat de la Minusma, qui a évolué de son objectif initial d'appuyer les autorités maliennes pour stabiliser la situation dans les régions du Nord-Mali, écarter les menaces et prendre activement des dispositions afin d'empêcher le retour d'éléments armés dans ces régions, particulièrement à travers le rétablissement de l'autorité de l'État dans tout le pays. D'autre part, ‘’le constat qu'il est impossible de maintenir la paix dans une situation où il n'y a pas de paix à maintenir’’. Pour les autorités maliennes, il en ressort que le mandat de la Minusma n'est pas adapté à la situation sécuritaire au Mali, qui aurait nécessité une force de lutte contre le terrorisme dépassant la doctrine des missions de paix des Nations Unies’’.
...D’ailleurs, le gouvernement de la transition, après avoir constaté la non-prise en compte de ses fortes réserves et des attentes légitimes des populations maliennes concernant le mandat de la Minusma, note que la situation sécuritaire s'est améliorée substantiellement grâce à la montée en puissance des forces armées maliennes (Fama).
En outre, ‘’la Minusma devient désormais une partie du problème, notamment en alimentant les tensions intercommunautaires exacerbées par des allégations d'une extrême gravité et qui sont fortement préjudiciables à la paix, à la réconciliation et à la cohésion nationale’’, selon le gouvernement qui déplore la perception, par la Minusma, des mesures de contrôle de la rotation des contingents et la surveillance de l'espace aérien malien comme étant des restrictions ou des entraves à la mise en œuvre de son mandat, alors que celles-ci viseraient à assurer la sécurité de tous. Le gouvernement regrette par ailleurs l'’’instrumentalisation et la politisation’’ de la question des Droits de l'homme qui sapent les efforts de stabilisation et de refondation du Mali.