Publié le 11 Mar 2017 - 19:39
MOBILISATION CONTRE L’INCARCÉRATION DE KHALIFA SALL

Quête de  l’union sacrée

 

Les partisans et soutiens de Khalifa Sall se sont retrouvés hier à l’hôtel de ville sur initiatives des élus de Dakar. Au-delà des critiques contre le pouvoir, il y avait surtout le souci d’une mobilisation en direction des Législatives et surtout l’union au sein de l’opposition.

 

Sur la demande de couverture des élus de la capitale, il est écrit ‘’conférence de presse’’. Mais le terme approprié est sans doute ‘’meeting de presse’’. Tôt dans l’après-midi, les partisans et sympathisants du maire de Dakar Khalifa Sall ont pris d’assaut l’hôtel de ville. Ils sont venus massivement écouter les leaders. Chaque maire a également mobilisé ses partisans. Çà et là, des t-shirts sont distribués comme des morceaux de pain. On essaie de véhiculer toutes sortes de messages qui peuvent passer. Mais tous reviennent au même sujet : les déboires politiques de Khalifa Sall.  ‘’Touche pas à mon maire’’, ‘’bayileen jaambur’’ (laissez le tranquille). Il y a même un message qui fait penser à une immatriculation d’un véhicule : ‘’Dk 2017 KS’’.

Vers 18 heures, les officiels sont déjà installés. Les leaders de l’opposition sont aussi venus répondre à l’appel. Abdoul Mbaye, Cheikh Bamba Dièye, Déthié Fall, Me El Hadji Diouf, Babacar Gaye, Doudou Wade, Seynabou Wade, Assane Ba, Serigne Assane Mbacké… Commencent alors une longue liste d’intervenants. Les responsables de Taxawu Dakar et leurs soutiens se relaient au micro. Tous dénoncent l’incarcération de Khalifa Sall considérée comme une tentative de musèlement d’un opposant. Selon les interlocuteurs, le chef de l’Etat Macky Sall a posé un acte politique, il faut donc une réponse de la même nature. ‘’Mardi dernier, aux environs de minuit, Khalifa Sall a été placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction. Il s’agit d’une conspiration d’Etat, une justice politique, une partialité expéditive. Ce soir-là, la justice n’a pas été dite, mais la lâcheté politique’’, fulmine le maire de Dieupeul Derklé Cheikh Guèye, lisant le texte préliminaire. Répétant sans cesse l’expression ‘’Macky Sall et son procureur’’, il les invite à faire la lumière sur tout ce qui s’est passé depuis 2012, s’ils ne sont animés que par le souci de transparence.

Barthélémy Dias, quant à lui, refuse de parler de ‘’procureur ou de juge d’instruction qui n’ont aucune dignité’’. Il préfère s’adresser à Macky Sall, leur chef. Mais aussi et surtout aux Dakarois à qui il demande de répondre à la provocation. Mais de quelle manière ? ‘’Il faut occuper les médias et les rues, comme dit Khalifa Sall. Il n’a pas dit brûler  les médias ou brûler les rues, mais occuper. Nous serons dans les marchés, les universités, partout. Nous allons convaincre les Sénégalais à aller s’inscrire et de voter utile’’, souligne-t-il, rappelant au passage que personne n’est invité à la violence, mais bien à la mobilisation. Une position qui ne rencontre pas l’assentiment du Serigne Assane Mbacké. Le marabout politicien estime que les conférences de presse et autres meetings ne sont pas la solution. Accusant la famille présidentielle (Macky, son frère et sa femme, via sa Fondation) ‘’d’être les vrais voleurs’’, il estime qu’il faut descendre dans la rue, ‘’mourir s’il le faut’’.

Le combat de l’union

Mais au-delà du cas spécifique de Khalifa, la mobilisation était aussi une occasion pour beaucoup de leaders à appeler à l’unité de l’opposition. Mamadou Goumbala du Grand parti, Déthié Fall de Rewmi, Moussa Tine et Doudou Wade ont tous abondé dans le même sens. ‘’Si nous ne sommes pas unis pour 2017, nous n’aurons rien. Les Sénégalais seront dépités de nous et nous ne  gagnerons rien en 2019’’, avertissent-ils.

Pour Déthié Fall, Macky Sall fait ce qu’il pense devoir faire. Mais la grande question est de savoir si l’opposition fait ce qu’elle doit faire. ‘’Il nous faut une mobilisation nationale et internationale’’, invite-t-il. Même point de vue du côté de Moussa Tine qui estime que si ce mouvement d’ensemble s’arrête à la libération de Khalifa Sall, alors il aura été vain. À son avis, il doit débaucher sur une cohabitation avec l’actuel pouvoir en 2017 et la conquête du palais en 2019.

Affrontements entre forces de l’ordre et proches de Khalifa

Durant tout le long des prises de parole, les organisateurs n’ont cessé de rappeler aux militants que le rassemblement est pacifique et qu’à la fin, chacun doit  rentrer en toute tranquillité. Mais il y a certains qui sont restés sourds à l’appel. En effet, après la rencontre, des jeunes se sont frottés aux forces de l’ordre fortement mobilisées aux alentours de l’hôtel de ville. Les policiers avaient fini de quadriller les lieux avant même le  début des activités. Mais cela n’a pas intimidé une partie de ceux qui ont fait le déplacement. Pendant quelques minutes, il y a eu des affrontements. La Police située de part et d’autre des lieux (vers le Port et à côté de la Place de l’indépendance) a tiré des grenades à l’intérieur de la municipalité. Mais malgré tout, le calme n’a pas tardé à revenir. 

BABACAR WILLANE

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