L’avenir du processus de paix en question
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Au regard de la situation actuelle, caractérisée par une longue accalmie et la volonté sans cesse renouvelée des uns et des autres d’œuvrer pour une solution négociée de la crise, l’on peut, sans se tromper, croire que la disparition de ce fervent défenseur de la paix n’aura pas d’impacts négatifs sur le processus en cours qui semble irréversible.
La mort d’Abdou Elinkine Diatta, exécuté par un commando, ce dimanche, à Mlomp, son village d’origine, continue de défrayer la chronique à Ziguinchor et susciter des interrogations quant à l’avenir du processus de paix en Casamance et sur d’éventuelles représailles de la part de ses partisans. Sur ce dernier point, il faut souligner que la frange que dirigeait le désormais ex-secrétaire général du Mouvement des forces démocratiques de Casamance est méconnue des rangs du Mfdc violent. Partisane d’une solution négociée à la crise en Casamance, cette frange du mouvement irrédentiste s’est toujours illustrée dans la commémoration, en janvier de chaque année, de la disparition de leur leader historique abbé Diamacoune Senghor.
Elle ne constitue pas, à vrai dire, une fraction rebelle armée, à l’image de celle de César Atoute Badiate ou encore de Salif Sadio. ‘’Si tu as le courage de faire la guerre, il faut aussi avoir le courage de faire la paix’’. Tel était le slogan d’Abdou Elinkine Diatta et de ses partisans dont la grande majorité vit dans les villes et villages d’origine. Depuis qu’il s’est retrouvé aux côtés de Diamacoune Senghor en qualité de porte-parole, Abdou Elinkine Diatta n’a plus rejoint le maquis. Mieux, il n’a jamais été un antagoniste au processus de paix.
D’ailleurs, il n’était pas impliqué dans la recherche d’unité au sein d’Atika, la branche armée du Mfdc, que conduit le Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (Grpc), pour la simple et bonne raison que Robert Sagna et ses membres, dans le cadre de leur travail de facilitation, préfèrent se tourner vers les positions extrêmes. Et dans ce dispositif, Elinkine Diatta n’y figurait pas. Il est donc difficile de croire à d’éventuelles représailles de la part de cette frange de l’aile civile du Mfdc qui ne constitue point une faction armée au sein du mouvement ; même si, parmi ses partisans, certains sont encore dans le maquis.
L’autre question que soulève cet assassinat, c’est le processus de paix en cours. ‘’Sa mort ne constitue pas un coup de poignard sur le processus de paix’’, pense Ama Diémé, membre du Grpc. Selon lui, cette mort absurde qui ne profite à personne, peut même servir de déclic et permettre d’accélérer ce processus. Parce que les gens comprendront que ça suffit ! Et qu’il faut finir avec cette spirale de violence.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)