Quatre notes conceptuelles attendues
Le comité scientifique de la conférence internationale de préfiguration du musée des civilisations noires a fait face à la presse hier à Dakar. À cet effet, il a présenté les grandes lignes de cette prochaine rencontre qui s’ouvre à Dakar ce 28 juillet.
C’est définitif. Près de 150 chercheurs dont 47 étrangers et plus d’une centaine de nationaux sont attendus à la conférence internationale de préfiguration du musée des civilisations noires. Une rencontre prévue du 28 au 31 juillet et qui va coûter entre 150 et 200 millions de F Cfa. Le comité scientifique a tenu sa dernière conférence de presse hier au sein du musée. A cette occasion, sont attendues de grandes notes conceptuelles qui seront présentées par 4 experts tel qu’annoncé hier par le président du comité scientifique par ailleurs recteur de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar Ibrahima Thioub.
La première doit être signée par le Pr Iba Der Thiam. Elle portera sur les civilisations noires et sera présentée sous forme de leçon inaugurale. La seconde sur l’institution muséale va être réalisée par Samuel Sidibé. Augustin Hall fera quant à lui un exposé sur ‘’recherches et collections’’. Enfin, Brahim Sakho présentera la dernière note conceptuelle sur l’économie de la culture. Après toutes ces communications, une rencontre d’échanges sur ‘’perspectives et prospectives du musée des civilisations noires’’ va clore la rencontre.
A cette occasion, chacun pourra donner, suite à la présentation des différentes notes conceptuelles, son avis sur le contenu de cette nouvelle infrastructure. Ainsi, va être établi un modèle pour le musée des civilisations noires dans la cartographie des musées du 21e siècle entre autres. Une maquette de scénarisation sera proposée dans le même ordre d’idées. Cela doit aider à la programmation et la définition des grandes étapes de l’histoire à raconter, annonce-t-on. Par conséquent, il est prévu de dégager une vision à long terme du musée et de sa politique.
Quoi qu’il en soit, l’objectif principal de cette conférence internationale est de trouver une approche muséale nouvelle. ‘’Ce musée ne sera pas un musée de Noir, ni un musée ethnographique, encore moins un musée d’anthropologie. Il sera un musée dynamique. Il ne sera pas une copie du musée Théodore Monod’’, a assuré son directeur général Pr Hamady Bocoum. Si la ligne directrice n’est pas encore tracée, le comité scientifique a une vision de ce que doit être cette institution. Comme le souligne à cet effet M. Thioub, ‘’le musée des civilisations noires sera, au moins sur deux points, unique en son genre. Son ambition première est de remplir une mission qu’aucune institution dans le monde n’a jamais remplie’’. Aussi, ‘’ce musée sera en second lieu un espace de commémoration qui marquera à jamais l’aboutissement d’un processus, celui de l’affirmation et de la reconnaissance de l’apport des civilisations noires au patrimoine universel de l’humanité, dont le point d’orgue aura été, incontestablement, la tenue à Dakar en 1966, du festival mondial des arts nègres’’, a ajouté Pr Thioub.
HAMADY BOCOUM SUR LE TRANFERT D’OBJETS DU MUSEE DE L’IFAN ‘’C’est faux…’’ Suite à la missive que des universitaires ont adressé au président de la République fustigeant un transfert d’objets du musée de l’institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) à celui des civilisations noires, le directeur de l’institution, Hamady Bocoum, a tenu à apporter quelques réponses. Le face-à-face entre les journalistes et le comité scientifique de la conférence internationale de préfiguration du musée des civilisations noires a été l’occasion d’apporter quelques précisions sur certaines ‘’affirmations’’. Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, des universitaires dénonçaient le transfert de certaines œuvres du musée d’art africain au nouveau musée des civilisations noires. Faux, rétorque le directeur général des deux structures en question, le Pr Hamady Bocoum. ‘’Aucun objet du musée d’art africain n’a été à ce jour transféré au musée des civilisations noires. Aucune demande formelle n’a encore été formulée’’, affirme-t-il. Ce que confirme le recteur de l’université par ailleurs président du comité scientifique de ladite conférence internationale. ‘’Si le musée des civilisations noires adresse un courrier au recteur que je suis, je le transmettrai aux instances délibérantes de l’université qui vont donner une réponse positive ou négative. Je n’ai pas encore reçu ce courrier ni de l’Ifan ni de qui que soit. En conséquence, il n’y a pas besoin de créer un ouragan dans un verre d’eau. Cela n’a pas d’intérêt du point de vue du fonds comme de la forme’’, a dit Ibrahima Thioub. Seulement, précise les Professeurs Thioub et Bocoum, même si tel était le cas il n’y aurait pas de quoi s’émouvoir. ‘’Il faut connaître le sujet pour en parler en bon droit en universitaire. Il est d’une banalité presque affligeante de voir la circulation des objets qui sont dans les musées. Les collections peuvent circuler entre les musées’’, affirme le recteur de l’Ucad. Son collègue Bocoum de renchérir : ‘’Hier encore, en ma qualité de directeur de l’Ifan et de responsable du musée Théodore Monod, j’ai prêté des objets à un musée. Cela n’a offusqué personne. On ne doit pas perturber la République pour cela. C’est de l’ordre naturel des choses. Je vous signale qu’au moment où nous parlons, l’Egypte vient de mettre à la disposition du Sénégal 62 objets originaux du musée du Caire. Je crois qu’il faut arrêter de perdre son temps sur des conjonctures parce qu’il n’y a rien d’exact dans cette histoire’’. En tout cas, de l’avis du Pr Ibrahima Thioub, ‘’si nous sommes en mesure d’aller en Egypte et d’y prendre des objets, il serait mieux de le faire ici. On n’est jamais mieux servi que par soi même’’. Aussi, à en croire le recteur de l’Ucad, cette sortie des universitaires serait guidée par une certaine jalousie. Explications : ‘’Je pense que nous autres universitaires sommes très jaloux de l’autonomie de notre institution. Depuis des années, vous l’avez entendu plusieurs fois, les enseignants, les chercheurs veillaient comme de l’huile sur le feu à l’autonomie des universités. Si des biens appartenant à l’université sont menacés, le premier responsable, c’est l’assemblée de l’université dont je suis le président. A la limite, c’est à moi que le courrier aurait dû être adressé si on est dans les normes universitaires.’’ Et à l’attention de ceux qui s’offusquent de la double casquette de Hamady Bocoum, ce dernier dit ne pas être encore prêt à quitter la direction de l’Ifan pour celle du musée des civilisations noires. ‘’Je suis un polygame administratif basique. Pendant longtemps, j’ai cumulé les directions de l’Ifan et du Patrimoine. A ce jour, le musée des civilisations noires n’est pas encore ouvert’’, dégage-t-il en touche. Par conséquent, au moment venu, l’autorité prendra la décision adéquate. Car ‘’quoi qu’il puisse en être, ce sont des contrats de performance qui me lient à l’autorité’’, croit savoir le Pr Bocoum. |
BIGUE BOB