Publié le 4 Sep 2013 - 16:30
MUSIQUE - SORTIE DE YOUSSOU NDOUR DU GOUVERNEMENT

Le risque de faire ombrage à Pape Diouf et Cie

 

 

''Namoon naaleen''. C'est le titre que Youssou Ndour a dédié à ses fans lors de son dernier concert le 21 juin 2013. Très nostalgique de ses soirées, il peut désormais en livrer autant qu'il veut, n'étant plus ''gêné'' par sa fonction ministérielle. Ce qui n'ira pas sans conséquence pour ceux qui s'étaient fait une place au soleil en son absence du showbiz musical.

 

 

Les commentaires vont bon train quant à ce que va faire Youssou Ndour, ''libéré'' depuis dimanche des brides du gouvernement. En tout cas, ce n'est pas pour déplaire à ses aficionados qui espèrent ainsi retrouver les soirées de concert show de la star mondiale au Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices) ou au Thiossane, sa boîte de nuit.

Mais ce come-back tant désiré ne sera pas sans conséquences pour les concurrent du Roi du mbalax. Même si certains, comme Guissé Pène, de l'Association des métiers de la musique (Ams), considèrent que l'absence de Youssou Ndour n'a pas laissé de vide, il faut reconnaître que cela a permis à certains artistes de se frayer un chemin vers le soleil. C'est le cas de Pape Diouf et Waly Seck. La parenthèse gouvernementale du  Grammy Awards 2005, pour son album ''Egypt'' (catégorie meilleur album de musique du monde), a aussi ouvert la voie des retours en force, comme celui du duo Pape et Cheikh.

Le retour de Youssou Ndour peut-il faire ombrage à ceux qui meublaient l'espace musical ? ''Non'', pensent en chœur le journaliste culturel de la Radio Sénégal international (Rsi), Alioune Diop, Guissé Pène et le patron de ''1 000 Mélodies'' l'instrumentiste Baba Hamdy Diawara. ''Youssou va revenir et continuer son travail. Ceux qui étaient là ne l'attendaient pas vraiment et vont continuer sur leur lancée'', pense Alioune Diop. Baba Hamdy est d'avis que ''cela ne peut pas avoir des incidences sur la carrière des artistes qui sont là parce qu'ils n'ont pas vraiment le même public, sauf peut-être Pape Diouf ainsi que Pape et Cheikh, et cela, dans une moindre mesure''.

Guissé Pène est moins nuancé : ''Ce n'est pas Youssou Ndour qui fera danser la génération qui vient voir Pape et Cheikh, par exemple.'' Et tous s'accordent à dire que Youssou Ndour ne peut d'autant ''gêner'' les autres musiciens qu'il ne se produit que rarement au Sénégal. ''Youssou Ndour ne joue pas beaucoup dans les boîtes de nuit, disent-il en chœur. C'est l'homme des grands événements.''

Pendant les fêtes de fin d'année, le patron du Super Étoile organisait les plus grands plateaux et s'adjugeait la plus grande part du marché des soirées de gala. Une donne que semblent oublier nos analystes. Et cette année, Waly Seck, Pape Diouf ainsi que les auteurs de ''Lonkotina'' se sont fait la part belle cette année. Ce qui pourrait ne plus être le cas avec la reprise de service de l'auteur de Wommat (Guide en wolof). Optimiste pour ces étoiles montantes et assez réservé sur l'avenir musical de l'ancien ministre du Tourisme, Alioune Diop prévient : ''On a vu Youssou Ndour jouer au Grand Théâtre dans une salle à moitié vide. S'il ne revient pas avec des chansons inédites, il ne pourra pas renverser la tendance.''

Pourtant, l'interprète de ''Birima'' a donné le ton de son come-back le 21 juin dernier au Cices. Il a presté dans une salle pleine comme un œuf avec un public fou recalé devant les portes de la grande salle du Cices. Et ''Namoon naaleen'' a été bien accueilli par l'assistance présente ce soir-là. Mais, ne voulant démordre, Guissé Pène avance que ''le public n'est nostalgique d'aucune musique''. Baba Hamdy lui, tempère et concède que le tout nouveau ministre conseiller a un public fidèle qui ne sort que pour aller le voir.

 

Les artistes internationaux n'ont qu'à bien se tenir

 

Par ailleurs, certains conçoivent que ce sont les artistes internationaux qui ont du pain sur la planche. C'est le cas du pianiste Baba Hamdy : ''Ce sont les artistes qui se produisent d'habitude sur la scène internationale qui devraient s'en faire. Tous les grands festivals que Youssou Ndour animaient d'habitude leur sont revenus parce qu'il n'était pas là. Ce sont eux qui ressentiront les conséquences.''

Et si certains sont déçus par cette ''liberté'' demandée et obtenue par Youssou Ndour du président de la République, d'autres en sont contents. ''Pour nous qui avons espéré le voir réussir en politique, l'entendre dire qu'il a demandé à être libéré nous attriste profondément'', s'est désolé Alioune Diop. De l'avis de Guissé Pène, en revanche, ''ce retour est bénéfique pour You qui pouvait se faire 7 millions par semaine. En plus, la musique sénégalaise gagne à l'avoir dans ses rangs''.

 

La reconstitution du Super Étoile en question

Son entrée au gouvernement a désuni son groupe le Super Étoile. Plusieurs valeurs sûres de l'orchestre sont allés voir ailleurs s'il ne vole pas de leurs propres ailes. Aujourd'hui, sur le point de remonter sans souci sur scène, Youssou Ndour fait face au défi de la reconstitution du ''Super étoile''. En effet, l'homme de Bercy devra convaincre Jimmy Mbaye et Habib Faye de réintégrer la ''famille'' Super Étoile. Sinon, leurs touches si particulières manqueront aux productions du Roi du mbalax.

 

Bercy sans brides

 

Très critiqué à l'annonce de la tenue du grand bal de Bercy pour octobre 2013, alors qu'il était encore ministre, Youssou Ndour a tenté d'expliquer son projet. ''Je suis ministre du Tourisme et je veux à travers la série de concerts que je prévois de livrer en Europe au mois d'octobre, vendre la destination Sénégal'', arguait-il alors. Mais cela n'avait pas convaincu ses détracteurs. Les uns avançaient l'argument qu'un ministre de la République ne devait bénéficier que de son salaire et n'avait pas le droit de tenir des activités génératrices de revenus. D'autres considéraient simplement qu'un ministre de la République ne devaient pas chanter. Et les deux parties s'accordaient à dire que le bal de Bercy n'avait pas lieu d'être.

Aujourd'hui ''libéré'' et nommé ministre conseiller, Youssou Ndour ira à Bercy, l'air léger.

 

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