Publié le 6 Dec 2012 - 08:00
OUVERTURE D'AFRICITÉS HIER

Quand le Méridien se transforme en luuma* international

 

La sixième édition du sommet «Africités», ce grand rendez-vous panafricain, annoncé à grandes pompes et préparé à coups de milliards de F Cfa, a ouvert hier ses portes dans un désordre indescriptible…..

 

 

Les organisateurs du sommet «Africités» ont vraiment du fil à retordre. La rencontre internationale qui a drainé presque 6 000 participants venus de divers horizons a démarré dans la cacophonie.

Placé sous la présidence effective du chef de l’État sénégalais, ce sommet qui est censé «aborder les enjeux du développement et de la gouvernance du continent, en vue de l’émergence d’une Afrique des Peuples…», s’est ouvert sous une fausse note suscitant même l’ire des participants venus de la sous-région. Déjà, lors de la cérémonie officielle d’ouverture, les écrans semblaient projeter des images de personnalités qui monologuaient. Et pour cause, aucune traduction n’a été faite pour les milliers de participants qui somnolaient à cause des discours en chinois, anglais ou portugais qui leur étaient servis.

 

''C’est aberrant de payer 1000F pour une tasse de café''

 

Nombreux sont aussi ceux qui n’ont pu retenir leur colère, face aux nombreuses défaillances enregistrées durant ce premier jour qui annonce mal la couleur de la rencontre internationale. Outre le fait de supporter les rigueurs des tourbillons du vent glacial, il fallait aussi jouer des coudes pour entrer dans ses droits de participant. «Il faut oser le dire. C’est de l’arnaque pure et dure. Ils font du business sur notre dos. Car on ne peut concevoir que chaque participant ait déboursé 350 euros pour se retrouver dans de telles conditions. Il faut poireauter pendant des heures, pour avoir son badge, subir les bousculades pour avoir son cartable et pire encore, mettre la main à la poche pour manger. Tout est payant ici, c’est inadmissible qu’on soit obligé de sortir de l’hôtel pour chercher de quoi se mettre sous la dent», peste Amadou Ousmane, un cadre nigérien du bureau d’études des bourses de Niamey.

 

Irrité par la longue file et le temps perdu pour l’acquisition d’un sac, il boude les rangs, avant de revenir sur ses talons, suite à l’intervention de ses autres pairs. Lesquels embouchent la même trompette, tout en tirant à boulets rouges sur les organisateurs du sommet. Tous n’ont pas eu le courage de s’exprimer à visage découvert, même s’ils jugent inadmissible le fait de devoir se rendre dans les gargotes pour se sustenter. «On n’a même pas droit à une pause café. La tasse de café est vendue à 1000 F de même qu’une bouteille d’eau. Conséquence : à midi, nos batteries se déchargent et la plupart des participants désertent les sessions pour se rafraîchir la gorge ou manger quelque chose. Cela aura un impact certain sur les différents panels», proteste un cadre malien.

 

Pour sa part, Souleymane Cissokho, un maire délégué malien, pointe l’index sur le tâtonnement qui frappe à vue d’œil. «Il faut reconnaître que ce sommet n’a pas l’envergure d’un sommet de l’Union africaine ou de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) où la prise en charge totale des participants est assurée, mais c’est quand même aberrant qu’on nous demande de payer 1000 F pour une tasse de café...».

 

À côté…. de la plaque ?

 

Même son de cloche du côté du burkinabé Charles Ki Adiémé, directeur général des collectivités territoriales du pays des hommes intègres. Il verse même dans l’ironie. ''Venez chez nous, on vous offrira le café…, c’est gratuit chez nous…». Changeant de tempo, il souligne que les organisateurs sont vraiment passés à côté….de la plaque. ''Les participants sont à Dakar depuis lundi, ils auraient dû au moins nous remettre nos badges à notre descente d’avion, de même que les sacs auraient pu être distribués très tôt ce matin, mais nous faire trimbaler jusqu’à 16h…?''

 

En fait, si le sommet organisé par le maire de Dakar, Khalifa Sall, est loin de traduire la volonté de rupture annoncée. Même si pour Abdel Aziz Lachahab, un parlementaire marocain, il faut faire preuve d’indulgence. ''L’accueil a été chaleureux. Ils ont été exempts de reproches au niveau de l’hébergement, du transport et de la logistique. Mais, il y a des problèmes à corriger. Car on a du mal à comprendre qu’une traduction directe n’ait pas été assurée, lors de la cérémonie officielle. C’était le minimum. Ils ont mis en place une grande équipe pour relever le défi organisationnel, mais cette équipe, elle-même, n’est pas bien organisée. Il y a des choses à améliorer, telle la mise en place de plaques publicitaires pour orienter les participants…». Usant d’un langage diplomatique, le parlementaire marocain peut se permettre de bomber le torse à l’idée que le Sénégal, qui prend le relais du Maroc où s’est tenu le précédent sommet, n’ait pu leur damer le pion en matière d’organisation….

 

*Marché hebdomadaire dans certains gros villages ou communauté rurales.

 

 

Matel BOCOUM

 

 

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