Publié le 9 Feb 2017 - 07:39
PECHEURS SENEGALAIS ARRETES EN MAURITANIE

Lettre ouverte aux présidents Macky Sall et Abdel Aziz

 

59 pêcheurs sénégalais arrêtés par les garde-côtes mauritaniens, puis relâcher finalement suite à une médiation conduite par les ministres des Affaires étrangères Mankeur Ndiaye et de la Pêche Oumar Guéye. Seulement la récurrence de tels conflits entre garde-côtes mauritaniens et pêcheurs sénégalais risque un jour de dégéner pour créer un autre conflit après celui de 1989. Prenant sur moi ma sénégalité-mauritanienne, j’ai décidé d’interpeler les présidents Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie et Macky Sall du Sénégal à travers une lettre ouverte sur un dossier qui me semble préoccupant aujour’hui dans les relations entre les deux pays. Au passage en interpellant par lettre ouverte le président de la République de la Mauritanie, c’est parceque je considère ce dernier comme un ami personnel pour l’avoir connu quand il était commandant du BASEP.

En outre, il y a le fait d’avoir été l’un des témoins occulaires du renversement du Gouvernement de Taya par un collectif d’officiers supérieurs de la Mauritanie conduit par un certain colonel Abdel Ould Aziz avec qui j’ai tissé une relation longue et durable. Cela me donne l’autorisation de l’interpeler directement. Je tiens aussi à rappeler que ce fut avec un enthousiasme débordant que tous les Mauritaniens avaient salué la prise de pouvoir du collectif des officiers supérieurs en août 2008. Ces derniers désignérent le colonel Ely Ould Vall comme président de la Transition en tant que officier le plus ancien. Cependant au sein de la CEDEAO, le président en exercice à l’époque le président du Niger Mamadou Tandjan avait affiché une certaine hostilité à l’endroit des nouvelles autorités de la Mauritanie. Il avait refusé de recevoir à Niamey une délégation de la junte militaire qui fut bloquée à Bamako.

Et pour l’histoire partant de mes relations personnelles avec le groupe des officiers et celles familiales avec le président Tandjan, je fus mandanté pour une médiation pour intervenir auprès du président Tandjan pour que ce dernier puisse recevoir les émissaires bloqués à l’époque à Bamako. Ce qui fut fait grâce à une écoute attentive du président Tandjan à la suite de visites effectuées à Niamey. A ce dernier, je suis parvenu à le rassurer des bonnes intentions des nouvels hommes forts de la Mauritanie. Le premier acte du président Abdel Aziz à son arrivée au pouvoir est d’apporter le changement auprès de la communauté négro-africaine.

Du 1er janvier au 31 décembre 2009, il a rendu possible le retour de 24.000 réfugiés qui étaient installés à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie lors des événements de 1989. On mettra aussi sur ce tableau du passif humanitaire du président Aziz, l’indemnisation des ayant-droits des victimes négro-mauritaniennes disparues en 1990 juste après les événements de 1989. Toujours dans cette dynamique de réconcialition, le chef de l’Etat mauritanien avait participé en 2009 à la Prière de l’Absent à la mémoire des négro-africains disparus à Kaédi. La prière fut dirigée à l’époque par l’imam Diagana. En outre, mes différentes visites à travers les rues de la capitale et mes discussions avec les Mauritaniens, la communauté sénégalaise et les mareyeurs témoignent du satisfécit à l’égard du nouveau gouvernement dirigé par le président Abdel Aziz pour son bilan positif en termes de développement économique et de réalisations d’infrastructures. Enfin tout dernièrement, le président Aziz était aux premiers rangs aux côtés de son homologue guinéen Alpha Condé dans la résolution de la crise gambienne. Par son engagement, il a réussi à épargner la sous-région d’un bain de sang

Mrs les présidents,

Il est important de souligner que le président Macky Sall est aussi dans une dynamique de recherche effrénée de la paix à l’intérieur du Sénégal à travers la crise casamançaise, dans le voisinage avec la présence de troupes sénégalaises au Mali, en Côte d’Ivoire, en République centrafricaine et au Soudan. Le président Macky Sall sous la casquette de président en exercice de la Cedeao a joué aussi sa partition dans le coup d’état avorté du Burkina Faso. Il a aussi fait preuve de leadership entraînant lors de la crise gambienne pour afficher une fermeté sur la position de principe d’un départ du pouvoir de Yaya Jammeh qui après avoir reconnu sa défaite a voulu faire dans le rétropédallage synonyme de refus de reconnaître la victoire de Adama Barrow comme nouveau président de la Gambie. Chemin faisant, il a été d’une disponibilité et d’une écoute à l’endroit des médiateurs mauritanien et guinéen dans la résolution de la crise gambienne.

C’est vous dire qu’entre les présidents Abdel Aziz et Macky Sall, ce qui les réunit est plus fort que ce qui les sépare. Alors partant d’un tel postulat, il me semble important de dire que les deux pays ne pourront pas s’engager sur les rampes de l’émergence économique surtout avec la découverte du pétrole et du gaz sans au préalable des relations de bon voisinage d’une exemplarité sans faille...  Certes la situation économique est difficile pour tout le monde, mais je convoque les relations séculaires entre les deux pays pour vous demander de rendre possible une paix durable avec nos pêcheurs et piroguiers.

Mrs les présidents,

Je ne vous interpelle pas en tant que membre du Gouvernement, ni officiel sénégalais des titres que je ne détiens pas, mais c’est au nom de ma sénégalité-mauritanienne pour que vous trouviez une issue heureuse à cette histoire récurrente entre pêcheurs sénégalais et garde-côtes mauritaniens. Il semble alors important que vous fassiez attention à des faucons (pardon des aiglons) tapis dans l’ombre de vos entourages qui poussent souvent à de la surenchère inutile entre deux pays condamnés à vivre ensemble. Autant les pêcheurs sénégalais se doivent de respecter les lois et réglements mauritaniens en vigueur, autant les garde-cotes mauritaniens ne doivent pas aussi avoir la gachette facile. Dirigeants et peuples des deux états ont eu à condamner les événements de 1989 qui ont fini de marquer une étape douloureuse dans les relations entre nos deux pays. Des événements que nous ne devons plus revivre des deux côtés parce que les deux peuples partagent tout. Mrs les présidents, la Mauritanie et le Sénégal ne doivent plus avoir des relations heurtées dans n’importe quel domaine. Une telle situation est possible parce que vous êtes deux hommes qui ont fini d’écrire autrement l’ histoire de vos peuples et du continent africain

Président Baba Tandian

Groupe Tandian Multimédia`

Section: 
Macky Sall, PASTEF et la vérité qu’on refuse de dire
Colloque du Gingembre Littéraire : vers une justice postcoloniale ? : Le Portugal face à ses responsabilités historiques
LEOPOLD SEDAR SENGHOR  PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE du SÉNÉGAL : RAPPEL HISTORIQUE
Le Phosphate Sénégalais : Un Levier de Croissance Économique ?
REDUCTION DE L'AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT : Quels impacts et quelles alternatives pour les pays africains ?
L’innovation militaire au Sénégal : Entre ambition et précautions
Oignons et pommes de terre : Les prix s’envolent, la spéculation commence à s’installer, et les mesures prises semblent ne pas convaincre
La candidature de M. Hott à la présidence de la BAD
Election de Sidi Ould Tah a la tête de la Bad : Soit une preuve d’amnésie, de tolérance des noirs africains ou de grand enfants
Macky SALL À L'ONU : DE L'URGENTE NÉCESSITÉ DE SOUTENIR SA CANDIDATURE !
Zone CFA : Trois forces financières mondiales à surveiller de près !
Sénégal, pays de paradoxes
Plaidoyer pour un Acte 4 de la Décentralisation : Pour des Territoires Résilients, Autonomes et Transformateurs
L’Horticulture : Une Science au Cœur de l’Avenir Agricole et Écologique
Le Sénégal, l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et la prochaine vague démocratique : Fascination de la Négation des valeurs du Sénégal
UNE OPPOSITION MINORITAIRE FACE AU DIALOGUE : Le choix risqué du boycott
Gaza ou l’effacement méthodique
DIALOGUER, VOUS DITES…
Des intellectuels, écrivains, constitutionalistes, chercheurs, économistes et sociologues, pour la préservation de la république, la sauvegarde des libertés et droits fondamentaux
Dialogue national du 28 mai 2025 : L’histoire ne doit pas se répéter !