Publié le 30 Sep 2020 - 22:32
PERENNISATION DES ACQUIS DE LA LUTTE CONTRE LES MNT

Une grande équation 

 

Eradiquer des maladies comme le trachome, à l’origine de la cécité ; de la filariose lymphatique, qui conduit à l’éléphantiasis, l’hydrocèle et la lèpre, c’est possible. Le ministère de la Santé et de l’Action sociale cherche des ressources locales pour pérenniser les acquis de la lutte contre ces maladies tropicales négligées (MTN).

 

Le Sénégal pourra-t-il pérenniser les acquis obtenus dans la lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN) ? C’est la question que les acteurs se posent, vu la faiblesse et le manque de ressources. Le coordonnateur du Programme national de lutte contre les maladies tropicales négligées, le docteur Moukhtar Badianne, a lancé un appel dans ce sens, lors d’un atelier à Dakar avec les partenaires pour l’élaboration d’un plan de pérennisation. D’autant que la lutte intégrée a permis d’avoir beaucoup d’acquis avec la distribution en masse de médicaments pour la prise en charge.

C’est grâce à cette réussite, souligne le médecin, qu’il y a eu la réduction de certaines maladies comme le trachome et la filariose lymphatique. ‘’Tous ces acquis doivent être maintenus. Pour les pérenniser, il faut une collaboration multisectorielle, d’où l’intérêt de cet atelier. Nous voulons mettre en place un plan de durabilité qui va nous permettre de mobiliser des ressources domestiques, mais aussi de s’appuyer sur la multisectorialité’’, déclare le Dr Badianne.

Le programme compte collaborer avec le ministère de l’Eau et de l’Assainissement, celui de l’Elevage, des autres secteurs comme le Service national de l’hygiène, la Direction de l’action sociale, la direction de la CMU. ‘’Nous pensons qu’en s’appuyant sur ces partenaires, nous pourrons mobiliser des ressources. Mais aussi, on pourra amener la population à changer de comportement vis-à-vis de ces maladies pour une durabilité, une pérennisation de la lutte contre ces maladies à long terme’’, dit-il.

A l’en croire, le ministère de la Santé ne peut pas régler tous les problèmes. Tout le monde doit mettre la main à la pâte et agir de manière synergique. Les collectivités locales et territoriales aussi sont de la partie pour la mobilisation des ressources locales.

Dans la même veine, le docteur Rose Montey, Médecin en santé publique, renseigne que le Sénégal est en voie d’éliminer le trachome. Il est également en bonne voie vers l’élimination de la filariose lymphatique. Donc, une maladie comme le trachome peut être éradiquée. Mais, par faute d’hygiène, d’assainissement, il peut demeurer.  ‘’C’est ce que nous appelons pérenniser les acquis. Si on arrive à éliminer, il faut qu’on arrive à garder cette élimination. Ce plan que nous élaborons pendant ces jours est important. Parce que l’appui financier peut manquer. Il faudra voir localement avec les ressources locales comment arriver à maintenir ce qui est atteint. Le programme MTN n’a pas beaucoup de partenaires. Les finances diminuent peu à peu ; il faut que les pays se préparent, en suivant également les recommandations de l’OMS, qui parle aujourd’hui de cadre de pérennisation’’, prévient le Dr Montey. 

A son avis, il va falloir voir comment le faire.  Car, précise le médecin, il y a des stratégies qui vont leur permettre, avec peu de moyens, ou avec les moyens dont ils disposent localement, d’arriver à faire d’excellentes choses.

Les maladies tropicales négligées regroupent un certain nombre de maladies transmissibles qui sont endémiques dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires. Elles touchent généralement les femmes et les enfants qui ont des difficultés d’accès à l’eau et à l’assainissement, mais aussi aux services sociaux de base.

Selon l’OMS, ces maladies touchent environ plus d’1,5 milliard de personnes dans le monde. Le docteur Moukhtar Badianne souligne que parmi ces 20 maladies, 13 sont endémiques au Sénégal. Il s’agit, entre autres, du trachome, qui est à l’origine de la cécité ; de la filariose lymphatique, qui est à l’origine d’éléphantiasis, d’hydrocèle et de la lèpre. ‘’Ces maladies sont endémiques dans presque toutes nos régions. Cela nécessite la mise en place de plusieurs actions’’.

Par ailleurs, le docteur Amadou Alassane Ndiaye du ministère de l’Elevage et des Productions animales précise que pour que le ministère de la Santé puisse lutter efficacement contre les MTN, il faut une surveillance chez les animaux sauvages. ‘’Les animaux sont en contact avec les humains, donc l’approche pluridisciplinaire est bonne. Si on ne prend pas en compte la santé animale, je ne pense pas que le MSAS puisse atteindre son objectif. Parce que, dans cette lutte, il faut aller à la source, au réservoir, au transporteur, au vecteur : ce sont les animaux. C’est bien que nous fassions une surveillance intégrée pour l’atteinte des objectifs’’, approuve le Dr Ndiaye. Ce, d’autant plus, soutient le médecin, qu’on parle maintenant d’une santé globale.

‘’On ne peut pas lutter contre les maladies tropicales négligées sans pour autant associer le ministère de l’Elevage, parce que nous luttons contre les mêmes maladies. Ces maladies sont présentes chez les animaux, que ça soit la rage, la trypanosomiase, entre autres. C’est bien de collaborer, de mener des actions en synergie’’, dit-il.

VIVIANE DIATTA

 

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