"Notre DG est un très mauvais élève en gestion"
Un audit de la gestion du Centre national d'appareillage orthopédique (CNAO) a révélé de nombreuses défaillances. Cette semaine, l'Intersyndicale de la structure a pris la parole pour exprimer ses préoccupations.
"Nous remercions le directeur (CNAO) pour ses efforts. Cependant, c’est un très mauvais élève en gestion. La situation a commencé à se détériorer depuis janvier 2024, avec des querelles, l'arrêt de la distribution des consommables comme l'eau et les mouchoirs en papier, l'arrêt de la distribution des draps, l'arrêt des fournisseurs Baobab et d'intrants, et des procédures administratives perturbées", a tonné hier Philippe Sène, secrétaire de l'Intersyndicale du CNAO, lors d'une conférence de presse.
Selon lui, les Sénégalais attendent des rendez-vous très longtemps pour faire de la kinésithérapie, alors qu'en 2023, le directeur Djibril Bèye se félicitait sur de nombreuses plateformes d'avoir réduit le temps d'attente des patients. Ce qui n'est pas le cas, selon M. Sène. "Il a dit qu'il y a la contractualisation d’une expatriée qui prend 15 patients par jour. Je corrige, c’était plus de 20 patients. Nous invitons les autorités à vérifier, d’une part, ses états de paiement et, d’autre part, la nature de sa contractualisation. Concernant les indemnités de logement, jusqu'au mois de juillet, on ne les voit pas. Nous invitons l'État à clarifier la situation des contractuels. Le directeur du CNAO a déclaré n’avoir ni les moyens ni les fonds pour les payer. Pourtant, la DGES (Direction générale des établissements sanitaires) nous a confirmé que les primes étaient disponibles pour toute l’année 2024. On veut aussi que la DGES nous délivre le procès-verbal de cette convocation comme promis’’, a indiqué M. Sène.
Selon ses dires, ‘’un matériel de 8 millions a disparu’’. ‘’Il avait dit avoir porté plainte, mais depuis lors, rien. Le plus bizarre est que ce matériel a été sorti de ce local par un véhicule. Que les nouvelles autorités s'intéressent à ce dossier", enjoint M. Sène. Qui souligne qu’il y a eu la construction d'une unité de scanner et d’imagerie, mais sans revêtement de plomb, ce qui est dangereux, selon lui, pour les spécialistes à cause des intoxications.
D’après le syndicaliste, au CNAO, on leur coupe l'IPM à la source, mais cette structure doit de l'argent aux partenaires, ce qu'il juge aberrant. Pour l'Ipres, il a lancé un appel à la structure concernée et aux autorités compétentes à s’autosaisir du dossier et à leur dire si les cotisations des contractuels sont à jour. Il n’y a pas aussi d’orthophoniste au CNAO, dénonce Philippe Sène.
Pour sa part, Grâce Inès Koity, kinésithérapeute et vice-présidente de l’Intersyndicale, a souligné que les principaux problèmes rencontrés concernent le bâtiment de kinésithérapie où ils ont vu le directeur montrer un document comme quoi c’était le plan d’urgence, mais il a omis de mentionner le financement de ce plan. "Nous avons reçu 150 millions d’Abdoulaye Daouda Diallo, à l’époque ministre des Finances. Alors que nous avons reçu cette somme, c’est lui-même qui a dit qu’il a affecté une somme de 64 millions au bâtiment, raison pour laquelle il s’est engagé à faire les constructions. Dans notre plateforme revendicative, le directeur vient écrire noir sur blanc que le plan initial, c’est 55 millions pour le bâtiment. Il a dit qu’il n’y a eu qu’un acompte de 6 millions qui a été versé à l’entrepreneur. Pourquoi ne l’a-t-il pas dit dans ses réponses ? Pourquoi ce bâtiment tarde-t-il encore à voir le jour ? Nous voulons que la lumière soit faite. Il faut un audit de ce bâtiment avant qu’il ne reprenne pour savoir comment les 150 millions reçus ont été dépensés", a-t-elle souhaité.
Concernant les recrutements, depuis l’arrivée du DG Bèye, de 2022 à 2024, le CNAO se retrouve avec 35 prestataires au niveau de ce centre. "Comment peut-on dire que j’ai trouvé une masse salariale de 114 % et créer 35 postes budgétaires ? Disons la vérité. Parce que même si vous recrutez un stagiaire, c’est un poste budgétaire. Le soin que nous devons prodiguer aux patients dépend de la bonne gestion de ce centre", a-t-elle indiqué.
CHEIKH THIAM