Pathétique et humiliant !
Entre les suppliques pathétiques du candidat Wade en direction de chefs religieux et l'instrumentalisation outrancière et sans honte de problématiques sociales, les libéraux ne font rien et ne veulent rien faire pour que le débat électoral vole un peu plus haut que ce qu'ils ont décidé d'offrir aux Sénégalais comme orientations globales pour les sept prochaines années. Et pourtant, le candidat Macky Sall, en dépit des fortes alliances qu'il a tissées avec le reste de l'opposition, est beaucoup plus attaquable qu'ils ne le croient. Sur ses capacités intrinsèques à diriger le Sénégal, sa responsabilité personnelle et politique dans la situation actuelle du pays, sa détermination mollement affichée à lutter contre la corruption comme symbole de la dégénérescence du régime d'Abdoulaye Wade, et sur bien d'autres points, il y a de quoi faire trembler et fragiliser le candidat de la coalition Macky 2012. Par exemple, sur la question de l'homosexualité, n'était-il pas plus productif d'interpeller le candidat Macky Sall en ces termes : «Si vous êtes élu président de la République, est-il possible que vous dépénalisiez l'homosexualité en tant que phénomène contraire à nos valeurs religieuses ?» Sans doute, la réponse aurait été politique, c'est-à-dire un ensemble de généralités qui ne seraient appréhendées qu'après le scrutin. Mais n'est-ce pas plus digne et plus respectueux que cet ensemble d'accusations saugrenues qui, par ailleurs, n'ont même pas le courage d'aller au bout d'une logique de déstabilisation pure et simple ?
Malheureusement, les libéraux en général, leur chef en premier lieu, ont perdu toute confiance en eux-mêmes. Dans la tête, ils sont déjà partis, dans l'opposition ou à la retraite. Ce défaitisme ambiant qui a installé une petite ère de fin de règne en leur sein, c'est Wade lui-même qui le leur a transmis. La campagne catastrophique qu'il est en train de mener témoigne de sa grande fragilité et de son impuissance face aux préoccupations des populations. Cet homme n'a plus rien à faire à la tête de ce pays, il travaille pour d'autres objectifs. Sa propension à distribuer de l'argent partout, en mallettes, enveloppes, pochettes est la preuve qu'il n'a pas une once de respect pour ceux qu'il abreuve de billets de banque. Il est la corruption personnifiée.
Dans ce tournant historique qu'est le scrutin présidentiel 2012, le Sénégal et les Sénégalais méritent tellement mieux que cet ersatz d'insanités et de bêtises qui est fondamentalement le lit de la médiocrité gouvernante. Le décalage entre la maturité du peuple électeur souverain et la structure actuelle de ce qui fait office de débat programmatique est trop énorme pour que le pays sorte grandi de cette période.
MOMAR DIENG