Publié le 8 Jan 2012 - 15:51
PRESTATAIRES ET FOURNISSEURS NON PAYÉS

Où donc est passé l’argent du FESMAN ?

‘’Le festival n’a pas de prix. Il est hors marché parce qu’il n’a pas son pareil’’. C’est ainsi que s’était exclamé le président Abdoulaye Wade, le 31 décembre 2010, lors de son adresse à la Nation, à propos du troisième Festival mondial des arts nègres (FESMAN 3) qui venait d'être clôturé après trois semaines d’intenses activités culturelles.

 

Mais près d’un an après, les fournisseurs et prestataires n’arrivent toujours pas à rentrer dans leurs fonds. Certains avaient même menacé, en novembre dernier, d’assiéger le Palais pour réclamer des dettes non encore payées par la Délégation générale à l’organisation du FESMAN. L'actuel ministre en charge de la Culture, Awa Ndiaye, interpellée le 5 décembre dernier par les sénateurs, lors du vote du budget de son département, avait dégagé la responsabilité de son ministère dans cette situation.

 

‘’C’est la délégation générale du FESMAN qui doit répondre [de la gestion], pas le ministère de la Culture’’, avait dit Awa Ndiaye rapporté par l’APS. La ministre avait ajouté : ‘’Une inspection est en train de se faire sur le FESMAN’’. On aura une idée plus claire sur la véritable situation des prestataires’’.

 

 

Mais où est donc passé l’argent du FESMAN ? Une question pas anodine au regard des complaintes des fournisseurs et prestataires. En effet, une société ayant acheminé 450 œuvres exposées au FESMAN avait confisqué des biens appartenant à des artistes, menaçant de ne les rendre que si elle est payée. Des prestataires étrangers ont contacté la rédaction de EnQuête pour préciser qu’ils ne sont toujours rentrés dans leurs fonds.

 

Et c'est à l'opposé de que véhicule une rumeur qui dit que seuls ‘’les amis de Syndiély’’ ont perçu leur argent. D’après les responsables de ces entreprises, c’est une panacée de ‘’mauvaise gestion, de manque d’anticipation (et) d’expérience’’ qui a ‘’peut-être’’ constitué les ‘’ingrédients qui ont fait que le festival est maintenant devenu une sorte de nébuleuse ou plus personne ne sait qui fait quoi, quelles sont les sommes dues et à qui et surtout qui va régler la note et quand’’.

 

 

En effet, les paiements des entreprises étrangères auraient été confiés à la société privée appelé ICFCI qui serait la propriété de Loum Diagne, homme d’affaires et propriétaire, entre autres, de l’hôtel des Almadies qui a abrité une partie du village du festival. D’après les entreprises étrangères, ‘’maintenant, cette société ne répond plus jamais aux e-mails et au téléphone, c’est le silence total et il n’existe à ce jour aucun document officiel stipulant que l’ICFCI est maintenant en charge des paiements. Il est absolument impossible pour les entreprises d’avoir des informations auprès de cette société et sur l’issue de cette affaire’’.

 

 

Pis, ''les trois hauts responsables de l’organisation du festival, Aziz Sow, Syndièly Wade et Abdou Diouf sont toujours soit injoignables, soit en voyage ou maintenant tenu au silence. C’est l’impasse totale’’, disent les plaignants.Pourtant, le budget national a abondamment saigné pour satisfaire ce que l’ex-ambassadeur de France au Sénégal, Jean Christophe Ruffin appelle des ‘’dépenses de prestige’’.

 

 

En juin dernier, la Loi de finances rectificative avait casqué pour 20 milliards de francs Cfa pour les besoins. Le ministre de l'Economie et des Finances, Abdoulaye Diop, pour justifier ces dépenses, avait dit aux députés que cette somme servait à prendre ‘’en charge des paiements, car les participations des pays (pour l'organisation au Fesman) ne parvenaient pas à couvrir toutes les dépenses’’. Ce qui porte ainsi les dépenses officielles du FESMAN prises en compte par les différents budgets de 2008 à 2011 à 53 milliards de francs Cfa. En effet, le FESMAN a bénéficié d’une enveloppe de 5 milliards de francs Cfa dans le budget 2008. Pour 2009, ce n'est pas moins de 10 milliards de francs Cfa qui auraient été dépensés et 18 milliards en 2010.

 

 

Ce, compte non tenu de certaines dépenses prises en charge par certaines entreprises du pays comme la SOCOCIM qui avait financé la réfection du musée de l’IFAN ou de la SONATEL qui a été un des grands sponsors des manifestations.

 

 

De là à soupçonner un blanchiment et à en appeler à la Cellule nationale de traitement de l’information financière (CENTIF) ? Seul Amath Dansokho, président d’honneur du Parti pour l’indépendance et du travail (PIT) a osé franchir ce pas. Le 10 janvier dernier, M. Dansokho, invité de l’émission ‘’Grand jury’’ de la RFM, avait émis de sérieux doutes sur l’origine de l’argent du FESMAN.‘’J'ai de forts soupçons que Wade est dans le blanchiment d'argent. Sur cet argent qui a circulé, ce ne sont pas les ressources uniquement sénégalaises. Ce sont ne pas les contributions des pays africains’’, avançait l’ex-Secrétaire général du PIT.

 

BACHIR FOFANA

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