Le procès de l’ex-directeur général du Cadastre a repris hier. Tahibou Ndiaye conteste la médiation pénale et la mutation de certains de ses biens au nom de l’Etat. Il a aussi produit des documents sonores pour confondre le milliardaire Mbaye Diop.

Après deux suspensions de séance à la Cour de répression de l’enrichissement illicite, la semaine dernière, le procès Tahibou Ndiaye a repris hier. Une audience marquée par la production de deux documents sonores par l’ex-Dg du Cadastre. Tahibou Ndiaye a fait ces enregistrements, sur recommandations de ses avocats, pour prouver qu’il dit vrai lorsqu’il affirme que le milliardaire Mbaye Diop, ancien Dg de Sattar, lui a offert 100 millions F CFA pour la construction de l’un de ses immeubles.

En effet, lors de la confrontation avec Tahibou Ndiaye en commission d’instruction, Mbaye Diop a nié avoir remis une quelconque somme au prévenu. Ainsi le premier élément sonore présenté hier concerne un appel d’Abdoulaye Diop, ancien ministre des Finances. ‘’Il me parlait de la confrontation entre Mbaye Diop et moi. Et je voulais profiter de cet appel pour confirmer la donation des 100 millions de francs CFA que j’ai reçu de la part de Mbaye Diop’’, a expliqué Tahibou au juge, après l’écoute de l’enregistrement qui date du début de ce Ramadan. On y entend une voix (celle d’Abdoulaye Diop, selon Tahibou Ndiaye) dire à l’ex-Dg du Cadastre de laisser tomber la confrontation prévue devant la Crei, étant donné que Mbaye Diop a fui. Pour ne pas créer de problème.

Dans le second enregistrement, c’est Tahibou Ndiaye lui-même qui appelle le courtier Abou Sall qui servait d’intermédiaire entre lui et Mbaye Diop. Le prévenu y reproche au courtier les dénégations de Mbaye Diop devant la commission d’instruction. On y entend Abou Sall lui demander pardon et lui dire de ne pas le mêler à cette histoire. Après l’écoute des bandes sonores, le substitut Antoine Félix Diome a pris la parole pour demander que ces enregistrements ne soient pas pris en compte. Selon lui, « rien ne dit que ces voix sont celles d’Abdoulaye Diop et de Abou Sall ». Mais, Me Abdourahmane So a demandé à la Cour de faire recours à la Sonatel pour être édifié.

Hier, l’autre fait marquant du procès a été le débat sur la mutation des biens de Tahibou Ndiaye au profit de l’Etat. Car, l’ancien directeur du Cadastre a aussitôt réagi, lorsque le substitut du procureur spécial s’est prononcé sur le sujet. ‘’Si cette médiation avait reçu mon aval, je ne serais pas aujourd’hui à la barre pour répondre du délit d’enrichissement illicite. On a voulu me faire signer des papiers et par la suite, j’ai décidé de ne plus les signer. Dès lors que la procédure a avorté, je n’ai pas cherché à savoir les biens qui ont été mutés à mon nom. Ce document n’a plus de valeur juridique. On devrait le déchirer et le jeter à la poubelle », a martelé Tahibou Ndiaye. Mais Antoine Diome lui a fait remarquer que le rapport relève que certains de ses biens ont été mutés au nom de l’Etat, en vertu d’un accord. ‘’Ce problème est derrière nous. Ce n’est plus à l’ordre du jour’’, a laissé entendre Tahibou Ndiaye.

Ainsi, après la longue audition de l’expert immobilier Amadou Kane, un autre expert, Amara Touré, s’est présenté à la barre. Il a été cité par la défense pour répondre aux méthodes utilisées pour en arriver aux résultats des rapports que les avocats ont déposés. ‘’Tahibou m’a contacté pour une expertise sur l’ensemble de ses investissements réels sur les terrains. Il nous a remis l’ensemble des plans et nous les avons visités. Il ne m’a jamais communiqué un montant. C’est dans le cadre de mes travaux que j’ai eu à donner des résultats’’. L’ingénieur en génie civil de soutenir qu’il a évalué une dizaine d’immeubles bâtis à l’exclusion du terrain. ‘’Je lui ai fait la méthode la plus simple qui est le devis. En calculant les quantités et les prix unitaires, le coût des constructions a été estimé à plus de 54 millions’’, a-t-il conclu. Aujourd’hui, un autre témoin, Madické Mbodj se présentera à la barre pour davantage d’éclairages.

AMINATA FAYE (Stagiaire)