‘’Il y a une baisse de la transmission et de la mortalité’’
Les personnes âgées représentent 50 % du taux de vaccination au Sénégal. En plus de cela, indique le professeur en gériatrie, Mamadou Koumé, il y a une diminution de la contamination et une baisse de la mortalité chez ces sujets.
La troisième vague de la Covid-19 est horrible pour la population. Mais chez les personnes âgées, elle est moins inquiétante. Actuellement, une nette baisse de l’infection, de la transmission du virus chez le 3e âge est remarquée. Il en est de même pour ce qui est de la mortalité. L’annonce est faite par le chef du Service de gériatrie de l’hôpital Fann, hier, après la réunion quotidienne du Comité national de gestion des épidémies (CNGE).
Selon le professeur Mamadou Koumé, lors des deux premières vagues, 22 % des personnes âgées sont contaminées par la Covid-19. Ce pourcentage de malades est passé à 14 %. C’est une nette tendance baissière de la transmission. Pour ce qui concerne le taux de mortalité, il était de 79 %, lors des deux premières vagues, chez les populations âgées. Actuellement, il est passé à 69 %. Donc, il y a une diminution de la mortalité liée à la Covid-19 chez les personnes âgées.
Parallèlement à cela, pour ce qui est de la vaccination, le Pr. Koumé soutient que sur les 1 100 000 personnes vaccinées, 33 % sont des personnes âgées. Cela veut dire que plus de la moitié des personnes âgées sont vaccinées. ‘’Au Sénégal, nous comptons plus de 900 mille personnes âgées. Nous sommes à un taux de vaccination de 50 % chez les populations âgées. Donc, nous avons une diminution de la contamination, une baisse de la mortalité et une augmentation de la vaccination. Cela mérite une certaine analyse’’, invite le Pr. Koumé. Avant d’ajouter qu’il faut convaincre les populations âgées à aller se faire vacciner, ‘’parce qu’elles sont les gardiennes de notre patrimoine des valeurs ancestrales’’.
A son avis, ces personnes du 3e âge doivent continuer à jouir en toute lucidité de leur rôle de médiateur social. De ce point de vue, elles doivent, souligne-t-il, non seulement continuer à se faire vacciner, mais à respecter les mesures barrières. Il leur a conseillé d’éviter les foules.
Par ailleurs, par le chef du Service de gériatrie de l’hôpital Fann explique que dans leur pratique de tous les jours, ils reçoivent des personnes âgées atteintes de Covid-19. Mais ils ont la chance de pouvoir poser le diagnostic très tôt. Car, selon lui, la Covid-19 ne se manifeste pas chez les sujets âgés de la même manière que chez les autres catégories de la population. Chez les sujets âgés, renseigne le Pr. Koumé, la Covid-19 se manifeste le plus souvent par les signes classiques appelés syndromes gériatriques. Il s’agit d’une confusion, c’est-à-dire une altération aigue de la conscience avec des propos incohérents. Il y a aussi, explique le gériatre, le fait que la personne fréquente régulièrement les toilettes pour des besoins et qui refusent de s’alimenter. ‘’Une personne âgée qui présente ces signes doit faire penser à la Covid-19. Nous les recevons. Mais nous nous sommes rendu compte de deux choses : les personnes âgées développant des formes sévères n’étaient pas vaccinées ; celles vaccinées développent des formes qui nécessitent une hospitalisation de quatre jours au maximum, tout simplement en raison de leur fragilité’’, renseigne le spécialiste.
S’agissant des personnes âgées qui hésitent encore à aller se faire vacciner, le professeur Mamadou Koumé soutient qu’il y a des familles qui s’y opposent. ‘’Il y a des personnes âgées qui se cachent pour aller se faire vacciner, parce que leurs enfants ne sont pas d’accord avec la vaccination’’. Il a rappelé que personne n’a le droit de vie et de mort sur une personne. Une personne âgée est une personne indépendante ; la famille doit la laisser décider si elle doit se vacciner ou pas. Dans la pratique, il faut penser dépister toute sorte d’affection chez les personnes. Ces dernières peuvent avoir besoin d’oxygène sans manifester cela, à cause vieillissement de leur système de régulation.
SITUATION DANS LES CTE AU SENEGAL 54 cas graves et 14 décès Si, du côté des sujets âgés, on constate une baisse de la transmission et de la mortalité, la situation dégénère dans les centres de traitement des épidémies (CTE). S’adressant hier à la presse au nom du Comité national de gestion des épidémies (CNGE), le docteur Marie Khemesse Ngom Ndiaye déclare qu’il faut s’armer davantage aujourd’hui. Les choses sont devenues beaucoup plus compliquées, vu le nombre de décès et de cas graves. ‘’Nous avons 54 cas graves dans les centres de traitement des épidémies et les autres lieux d’hospitalisation et 14 décès. Nous avons d’autres problèmes de santé publique de portée internationale, notamment la fièvre à virus Marburg en République de Guinée. Depuis le 12 août dernier, nous n’avons pas de cas nouveaux. Cela veut dire que la situation est en train d’être maitrisée en Guinée’’, établit le Dr Ngom Ndiaye. Selon la directrice générale de la Santé, la Guinée a été aussi confrontée à la maladie à virus Ebola, mais depuis le 19 juin dernier, il n’y a pas eu de cas. Mais étant un pays frontalier, le Sénégal a déjà élaboré un plan de riposte. Les autorités du pays se sont aussi renseignées au niveau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la maladie. ‘’Au Niger aussi, nous avons le choléra qui est en situation d’épidémie. C’est vrai que nous n’avons pas une frontière directe avec le Niger, mais il y a l’exploration des moyens de transport. Ce qui fait qu’il est extrêmement important, aujourd’hui, de suivre cette épidémie de choléra’’, prévient-elle. La Guinée avait annoncé, le 9 août 2021, la découverte sur son sol d’un cas de maladie à virus de Marburg, le premier dans le pays et en Afrique de l’Ouest. Ce cas a été diagnostiqué dans la localité de Témessadou M’Boket, un district situé à 54 km de la ville de Guéckédou, dans le sud du pays. Une région déjà connue pour avoir été le point de départ de l’épidémie d’Ebola qui avait endeuillé le pays entre 2014 et 2016. |
VIVIANE DIATTA