Ces écueils qui bloquent les mamans
Les femmes artistes évoluant dans les cultures urbaines peinent à s’imposer, même si la donne commence aujourd’hui à changer. Le manque de professionnalisme serait-il à la base de cette situation ? La question a été posée au cours d’une conférence tenue mardi à la Maison des cultures urbaines.
‘’Des femmes ordinaires réalisent des choses extraordinaires’’, dixit l’ambassadrice du Canada au Sénégal, Lise Filiatrault. Une manière pour elle de dire aux femmes qu’elles sont capables de faire de belles choses. Elles en ont le talent et les capacités, a-t-elle défendu mercredi à la Maison des cultures urbaines de Ouakam. Elle était l’une des invités au panel organisé par l’association Gën Ji hip hop, dans le cadre de la 14e édition du Festival international de hip hop et des cultures urbaines (Festa2H) initié par Africulturban dirigé par Matador.
Il était question de parler de la professionnalisation des femmes artistes au Sénégal. Elle pense que les femmes ne manquent pas de talent pour prétendre occuper une place de choix dans le Game.
L’épouse de l’ambassadeur des Pays-Bas au Sénégal, Anne Lande Peters, est du même avis. Elle a usé de la métaphore de l’échelle pour dire que chaque femme est maitresse de son propre destin. Elle a son échelle et peut se hisser haut, très haut. ‘’Vous êtes des femmes talentueuses, ne laissez rien vous empêcher de vivre votre passion’’, leur a-t-elle d’ailleurs conseillé. Lise Fierault a tenu à préciser que toutes les femmes du monde rencontrent les mêmes problèmes. ‘’Quand on parle des problèmes de femmes ici, on nous dit souvent : ‘Ce n’est pas comme chez vous.’ Ce qui n’est pas vrai. On a les mêmes peurs et on rencontre les mêmes problèmes’’, a-t-elle indiqué.
Rappeuse belge, Nephtys confirme ces propos. Elle a dû faire face à beaucoup de préjugés, quand elle a décidé d’être artiste, d’être une rappeuse.
C’est la nature des écueils qui diffèrent apparemment d’un pays à un autre. Artiste slameuse et auteure du livre ‘’Oxymoriques’’, Marième Absa Fall Coulibaly dite ‘’Samira Fall’’ fait savoir, entre les lignes, que le legs sociologique pèse lourd sur la balance et empêche certaines de mettre toutes les chances de leurs côté pour s’imposer dans leur milieu. ‘’Le problème de la professionnalisation commence par l’équité et l’égalité. Le professionnalisme n’a pas de sexe. Au Sénégal, je pense qu’on ne sent pas chez certaines ce sentiment d’oser dire ou faire des choses. Notre premier problème, nous les femmes, est l’autocensure. On s’interdit de traiter certains thèmes, d’adopter certains comportements, etc. On est toujours sous les diktats’’, a-t-elle regretté.
‘’Nous ne sommes pas en compétition avec les hommes’’
Des attitudes qui ne sont que des résultantes de l’influence de l’environnement dans lequel elles évoluent. Pour s’affranchir, mieux vaut se prendre en charge. La secrétaire générale de l’association Gën Ji hip hop, Ndèye Fatou Tounkara dite ‘’Wasso’’, est d’avis qu’il faut que les femmes connaissent leurs droits. Elle pense à tous ceux reliés à la pratique de leur métier. Ce qui commence par les textes liés au droit d’auteur. Gën Ji hip hop est dans ce processus et essaie, bon an, mal an, d’outiller les artistes membres de ladite association.
C’est dans ce cadre également que la problématique de la professionnalisation a été au cœur de cette conférence qu’elle a organisée. Elle a tenu à préciser, en outre : ‘’Nous ne sommes pas en compétition avec les hommes. On veut maitriser notre milieu. Les femmes doivent avoir foi en elles.’’
Ce qui leur permettrait de s’épanouir dans leur profession. ‘’Vous pensez sûrement qu’être femme d’ambassadeur est glamour’’, a dit Mme Peters. Ce qui n’est pas toujours le cas, semble-t-elle dire. Suivant son parcours par exemple, partout où son mari a été affecté, elle a tenu à travailler pour s’épanouir. Comprenez donc que les gens ne travaillent pas pour des raisons financières. Wasso, elle, pense que les artistes femmes doivent changer de mentalité, pour s’épanouir. Il leur faut vivre pour elles et ne pas vivre pour les autres. ‘’N’ayez pas peur des regards et de ce qui disent les autres. Même si vous avez peur, faites semblant. Vous finirez par y croire’’, a renchéri Samira. Cette dernière, comme Rimbaud, défend que la femme artiste s’épanouira dans sa profession, quand elle écrira pour elle et par elle.
Au Sénégal, l’essentiel des femmes artistes évoluant dans les cultures urbaines sont sous la tutelle d’un homme. Certaines pensent qu’elles doivent faire comme ces derniers, pour s’imposer, puisque le milieu est très masculin. Elles oublient très souvent que c’est dans la différence qu’elles se feront plus rapidement remarquer. Aussi, quand ce ne sont pas les collègues hommes qui fixent les règles, c’est le mari ou la belle famille. Quand on veut être artiste et professionnelle, l’on doit souvent faire fi de certaines, que dit-on, de beaucoup de remarques. Des œillères, elles en ont besoin, si elles ne sont pas soutenues.
Par ailleurs, il était également question, au cours de cette rencontre, de se pencher sur l’insertion sociale des femmes artistes. Samira pense que cela passe par les thématiques développées dans les textes. Gën Ji s’illustre à travers des dons à la prison des femmes de Liberté 6, par exemple. Les artistes femmes participent donc à divers niveaux.
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‘’ZERO DECHET – ZERO PLASTIC’’
Festa2H se veut un ‘’écofest’’
C’est parti pour la 14e édition du Festival international de hip hop et des cultures urbaines (Fest2H) ! Le top départ pour 4 jours non-stop de concerts, de conférences, d’ateliers de graphisme, de djing, etc., est donné mardi au cours d’une conférence de presse à la mairie de Pikine.
La célébration de la 14e édition du Festival international de hip hop et des cultures urbaines (Festa2h) sera sobre, en attendant de fêter en grande pompe la 15e. Les organisateurs ont compris l’importance que revêt cette manifestation annuelle qu’ils organisent à Dakar depuis 2006 et ont décidé de lui donner une nouvelle tournure. Ils veulent en faire un festival écologique ou ce qu’on appelle communément un ‘’ecofest’’. Le premier jalon vers cet idéal est posé cette année.
En effet, la thématique générale choisie cette année est ‘’Zéro déchet, zéro plastic pour un Sénégal propre’’. Il n’est, en outre, pas qu’un simple thème. Il renferme tout un programme qui s’étale sur 3 ans. Ainsi, chaque année, un pan sera testé, mis en œuvre pour qu’en 2021, Festa2H devienne un ‘’écofest’’ comme l’a dit le directeur de l’évènement, Amadou Fall Bâ de l’association Africulturban, organisatrice de cette manifestation. C’était mardi au cours d’une conférence de presse tenue à la mairie de Pikine.
La municipalité de cette ville est partenaire de cet évènement où sont attendus près de 175 groupes sénégalais dont une vingtaine de crews internationaux sur onze pays invités. La Mauritanie et le Pays-Bas sont les pays invités d’honneur. Ce sont les organisateurs du festival Assalamalekoum qui représentent le premier pays cité. Ils collaborent avec la structure dirigée par Matador depuis 2008. Des artistes mauritaniens viennent prester sur la scène du Festa2H, et vice-versa. S’agissant du Pays-Bas, le choix s’explique par le fait que Festa2H est soutenu, en grande partie, par les fondations Prince Klaus et Doëhn. ‘’On veut désormais avoir chaque année deux pays invités d’honneur. On aura toujours un pays du Sud et un du Nord. Pour l’année prochaine, on pense déjà au Maroc et à l’Allemagne’’, a expliqué le directeur du Festa2H, Amadou Fall Bâ.
Pour les divers concerts, il est prévu la prestation de 88 artistes sénégalais. L’affiche est très variée et propose des plateaux avec Awadi, Dip Doundu Guiss, Matador, Keur Gui, Mc Mon Xuman, Books, Omzo Dollar, Niit Doff, Kruh Mandiou Mauri, Ousseynou ak Assane, Eljaz, Paco Briz, etc. Ainsi, diverses générations du mouvement rap sénégalais vont participer. Une manière pour Africulturban peut-être de mettre à contribution tous les rappeurs le mieux possible. Cette année, il est demandé au public souhaitant suivre les concerts une participation de 500 F Cfa. ‘’Dans la culture, il faut que la structure qui organise apporte un financement, que les organismes de développement soutiennent, mais il faut également que le public participe’’, a expliqué Amadou Fall Bâ.
Il n’y a pas que les concerts. Les plateaux débutent à 16 h au village du festival, à la Maison de la culture Douta Seck. Il y est prévu tous les jours des battles de Dj à travers le concours Mix-up. Il se veut être ce que le flow up est dans le rap, c’est-à-dire être un tremplin du djing. La première édition est lancée cette année, sous la supervision du plus grand Dj du secteur au Sénégal, Dj Geebays. Ce dernier espère que Mix-up va s’inscrire dans la durée et permettre à des jeunes de faire éclore leur talent. Au programme également, figurent des battles de danse.
La Maison des cultures urbaines de Ouakam reçoit, quant à elle, tous les matins une série de projections de films et des conférences sur divers thèmes ainsi que des ateliers en musique assistée par ordinateur, graphisme et djing.
BIGUE BOB