Publié le 15 Dec 2021 - 17:51
PROJET REDEVABILITÉ DE LA GOUVERNANCE COVID-19

Une gestion ambiguë de la crise

 

Legs-Africa a organisé, hier, un forum de partage des résultats du projet de redevabilité active de la gouvernance sanitaire économique et sociale de la Covid-19 au Sénégal.

 

L’association panafricaine Legs-Africa a restitué, hier, les résultats issus du projet dit de gouvernance sanitaire, économique et sociale de la Covid-19 au Sénégal. Trois axes constituent ce projet : une étude d’évaluation et de perception de la gouvernance de la pandémie à travers une analyse approfondie des mesures sanitaires, administratives, économiques et sociales ; une capitalisation des expériences des populations vis-à-vis de la gestion de la maladie et la mise en place d’un instrument digital de suivi et de contrôle citoyen. Ainsi, pour la réalisation du projet, trois zones ont été ciblées : Dakar, Guédiawaye et Touba.

Cette étude, qui a mis à contribution une équipe de terrain, était composée de 42 enquêteurs, de superviseurs et de contrôleurs de qualité de données. Financé par Open Society Initiative for West Africa (Osiwa), à hauteur de 50 millions de francs CFA, ce projet a mobilisé aussi une dizaine de points focaux. Ils sont investis d’une mission de veille citoyenne permanente au niveau des districts cibles. Ce qui leur a permis de s’intéresser à la gestion communautaire et gouvernementale de la pandémie dans les localités où ils étaient en mission.

À propos de la gouvernance administrative, sociale et économique de la maladie, les Sénégalais se sont heurtés à de nombreuses difficultés. Cette partie du projet qui concerne surtout les mesures barrières édictées par les autorités sanitaires, traite aussi de la gestion de la crise à travers les décisions prises par l’État pour freiner la propagation. La population en a payé les frais, d’après l’évaluation du docteur Khadim Bamba Diagne.

‘’Le malheur est que les réponses apportées par l’État étaient purement sanitaires. On a édicté des mesures sans tenir compte de l’aspect économique. Pour gérer un État, il faut avoir une vision holistique de la situation’’, fait-il savoir. ‘’Malheureusement, cette vision a manqué et les conséquences économiques étaient terribles pour le pays où 67 % des revenus des ménages viennent du travail, 12 % du transfert domestique. C’est-à-dire ceux qui travaillent à Dakar et qui envoient de l’argent à leur famille dans les régions, 13 % des transferts internationaux de la part de la diaspora et 7 % viennent d’autres sources de revenus’’, poursuit M. Diagne.

 

  ‘’Avec les 1 000 milliards F CFA, l’État a commis une erreur’’

Pour lui, l’arrêt de travail a entrainé de véritables difficultés qui ont impacté les travailleurs et leurs familles. Ce, vu le nombre de personnes en activité qui atteindrait une dizaine de millions. Monsieur Diagne précise : ‘’Sur les dix-sept millions de Sénégalais, les 10 millions sont actifs. Et parmi ceux-ci, il y a 400 000 salariés dont 150 000 sont dans le public et 245 000 dans le privé. À côté, les 9 millions 600 sont dans le secteur informel. Donc, en bloquant ce dernier, on crée une crise. Le commerce est passé de 5,8 % à -16,7 % en moins de trois mois. De même, pour le transport qui est passé de 12 % à -41 %,  l’hébergement et la restauration, de 12,5 à -54,1 %. Autrement dit, tous ces secteurs sont à genoux.’’

Les 1 000 milliards F CFA mobilisés dans le cadre de la riposte ont aussi attiré l’attention de Dr Diagne. Pour lui, l’État a commis une erreur à ce niveau. ‘’Sur les 1 000 milliards F CFA, presque les 657 milliards sont captés par les entreprises. L’erreur de l’État, c’est de penser que cet argent pouvait régler le problème des Sénégalais. Ce qui est faux. Cette somme ne pouvait même pas dépasser quarante jours, malheureusement. Ce qui est grave, c’est qu’on ne communiquait que sur les 69 milliards utilisés pour les vivres. La population est allée jusqu’à oublier les 1 000 milliards F CFA pour se concentrer sur l’argent alloué aux vivres’’.

L’analyse de perception de la pandémie a fait l’objet de plusieurs vidéos et reportages documentaires qui ont impliqué les populations. En plus de cela, une plateforme de redevabilité en ligne a été mise en place pour l’information générale. ‘’Grâce à cette plateforme, nous avons partagé toutes les informations et posé des cas qui existaient sur le terrain et répertorié tous les résultats, lesquels sont partagés à travers les réseaux sociaux’’, déclare le président de Legs-Africa et coordinateur du projet Élimane Kane.

  ‘’Décisions liberticides’’

L’étude d’évaluation de la riposte à la pandémie a fait ressortir un certain nombre de constats. On peut citer, par exemple, le problème de la gestion des données. Cette dernière était limitée et peu transparente. Du coup, il y a eu des difficultés pour apprécier l’évolution épidémiologique, selon le rapport. Mais surtout, les décisions ‘’liberticides inefficaces qui renforcent le pouvoir du président de la République’’, des mesures ‘’drastiques contre les réalités d’une économie majoritairement immédiate et informelle…’’.

En ce qui concerne le comportement des populations vis-à-vis de la Covid, M. Kane renseigne : ‘’Les jeunes ont été plus dans le déni que les plus âgés. Ce, parce qu’on disait que la Covid est plus dangereuse pour les vieilles personnes. Les jeunes pensaient à une politisation de la maladie, mais également, considéraient cela comme une affaire de business. C’est pourquoi d’ailleurs, dans cette étude de perception, les 1 000 milliards F CFA ont été mis en exergue. C’est ce qui intéressait les gens.’’

Dans le cadre de la collecte de données sur le terrain, les acteurs sont revenus sur les difficultés rencontrées. ’’La question de la disponibilité des données a été le plus grand défi auquel nous avons été confrontés, surtout dans l’analyse épidémiologique. Et les raisons de ces difficultés sont liées aux problèmes de sources pour accéder à l’information. Il n’y avait pas suffisamment de tests réalisés et également, les remontées de données ne sont pas centralisées. Ainsi, on avait du mal à avoir des données directes. Ce qui fait qu’il fallait se rabattre sur des données qui sont agrégées par d’autres institutions internationales qui suivent les questions de santé, pour pouvoir s’informer sur notre pays. Pour les données directes dont nous disposons, elles ont été recueillies par une cinquantaine d’enquêteurs qui ont sillonné les trois localités’’ (Dakar, Guédiawaye, Touba), soutient M. Kane.   

El hadji Fodé Sarr (Stagiaire)

       

Section: 
LANCEMENT À ZIGUINCHOR D’INFRASTRUCTURES STRUCTURANTES : Le Premier ministre attendu à Ziguinchor entre mai et juin
THIÈS - UNIVERSITÉ IBA DER THIAM : Tensions entre étudiants et forces de l'ordre
FORUM GREEN TERR’ANGA : La DGPU et Blue City Key offrent Diamniadio en exemple
À KOLDA, LE G7 EN GRÈVE : Les syndicats membres exigent le paiement des indemnités du Bac 2024
VIOL PÉDOPHILIE DÉTOURNEMENT DE MINEURE : Abdoulaye Banora nie les faits, la victime, traumatisée, réclame justice
DEMANDE DE CESSATION DES ACTIVITÉS DE LA CENTRALE DE BARGY : La cour suprême décide ce jeudi
DRAME : Les dernières volontés de Matar Diagne
SAINT-LOUIS: MORT DE L’ETUDIANT MATAR DIAGNE : Les organisations estudiantines de l’UGB  se mobilisent  
Occupation illégale frontière Sénégal-Gambie
Mutilations génitales féminines
Procès
AFFAIRE SAMUEL SARR : L’audition contradictoire qui pourrait tout changer
INDICE DE PERCEPTION DE LA CORRUPTION 2024 : Un léger mieux, mais le Sénégal reste dans la zone rouge
Grève Matam
KAOLACK : DÉVERSEMENT DES EAUX USÉES - PROBLÈMES D’ASSAINISSEMENT DU MARCHÉ CENTRAL : Les commerçants en colère contre le maire
UCAD : Retour sur les raisons des affrontements
COMMERCIALISATION DE L’ARACHIDE : Des paysans bradent leurs productions, faute d’acheteurs
VOL À L’OCCASION DU SERVICE : La nounou Maimouna Diop condamnée à deux ans de prison
OPÉRATION MONDIALE CONTRE LES RÉSEAUX DE TRAFIC D'ESPÈCES SAUVAGES ET FORESTIÈRES : 20 000 animaux vivants saisis et 365 suspects arrêtés
SYNDICAT NATIONAL DES GENS DE MER OFFSHORE PÉTROLE : Le ras-le-bol des travailleurs