A propos de la polémique sur les prix de denrées
La baisse des prix des denrées de première nécessité a soulevé ces jours – ci (voir observateur n°2885 du 30.05.2013), un tôlé général dans la presse, parlée et écrite, avec les Discours du Président de l’Assemblée Nationale, Monsieur Moustapha Niasse, du Premier Ministre Monsieur Abdoul Mbaye et la mise au point du Directeur de la Communication de l’Assemblée nationale, monsieur Daouda NDIAYE.
Une analyse de la notion de prix dans la vision d’un enseignant, aiderait, peut –être, et plus facilement, à comprendre comment est structuré un prix. Ainsi, la baisse des prix des denrées, renvoie, implicitement au prix de vente de la denrée. Alors, qu’est-ce qu’un prix de vente ?
Un prix de vente (PV) c’est, soit :
Un prix d’achat (PA) + Bénéfice (B) quand il n’y a pas de frais ; soit
Un prix de revient (PR) [PA + Frais (F)] + Bénéfices soit
Une perte, ce que le commerçant ne peut envisager.
Mais, c’est le prix de vente qui intéresse le prix des denrées. Certaines de ces denrées ont vu leurs prix baissés quand Macky SALL a pris le pouvoir en 2012. Notamment le Riz brisé (ordinaire) qui intéresse le peuple sénégalais, qui est passé de 350f le kg à 300f (actuellement), l’huile végétale en vrac, de 1 100f à 900 f le litre, le sucre, de 700 f à 600f le kg pour l’essentiel, si je ne me trompe. Qu’on ne dise pas que le Président Macky n’a pas respecté sa promesse électorale, dans ce domaine. Ce serait manquer de bonne foi. Il a tenu parole dans une certaine mesure, et mérite des encouragements. C’est mon point de vue. La question qui se pose maintenant, est de savoir comment arriver à diminuer les prix et continuer à étendre la baisse à d’autres produits.
La réponse, c’est la structure du prix de vente qui nous la donne : agir sur les éléments constitutifs de ce prix, à savoir : les Frais (F) et les Bénéfices (B).
S’agissant des frais, pour le riz, pour exemple, le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse en a dressé une nomenclature exhaustive, dans son discours. C’est sur ces éléments qu’il faut agir (transports, assurance, entreposage, embarquement, débarquement etc.) pour réduire les prix et c’est possible par la négociation et la discussion entre parties intéressées dans les transactions.
Quant aux Bénéfices, (taxes de l’Etat et autres, bénéfices des commerçants, depuis l’importateur jusqu’au détaillant) une réduction de la marge est toujours négociable et possible, en actionnant sur la fibre patriotique. C’est dans cette optique, qu’il faut situer les discours de Niasse et du Premier Ministre Abdoul Mbaye. Ils n’ont pas dit autre chose. En effet, on ne peut pas baisser les prix sur un coup de tête ou, du tic au tac, encore moins les réduire à l’infini. Ce n’est ni possible, ni même envisageable. Moustapha Niasse et le Premier Ministre n’ont dit rien de mal ou de dramatique mais, n’ont pas été compris, voilà tout.
La baisse des prix exige une Étude sur ces leviers (frais et bénéfices) et du Temps pour les négociations entre parties impliquées pour déboucher sur un consensus acceptable pour tous, pour le seul bénéfice du peuple sénégalais. On peut peut-être reprocher au Gouvernement une certaine lenteur dans ses prises de décisions, face à la demande sociale, dans ce secteur, mais aussi, demander à la population qui piaffe d’impatience, de bien regarder les réalités en face, dans ce monde en perpétuelle mutation.
Un dirigeant, quel qu’il soit, ne doit jamais dissimuler la vérité à son peuple, quoi qu’il lui en coûte et c’est ce que Niasse et Abdoul Mbaye ont fait, même si au demeurant, ils semblent ramer à contre courant, ce qui n’est pas le cas, n’en déplaise aux partisans du Président Macky, même si cela enchante l’opposition.
Ce décryptage a permis, en effet, d’éclairer l’opinion sur la complexité de la structure des prix dans les discours de ces deux hauts responsables de l’Etat et de montrer le recoupement de leurs propos, dans la négation «ce n’est pas possible», au regard de la baisse des prix des denrées. «On ne peut pas baisser le prix des denrées de première nécessité sur un coup de baguette magique», disait l’un, comme, «on ne pouvait pas non plus, baisser indéfiniment et surtout, tous les prix», renchérissait l’autre. Une vérité que l’on ne peut leur nier au vu de la complexité des prix.
Le Président, fort embarrassé et visiblement dans la gêne, est venu jouer aux sapeurs-pompiers en tempérant et en régulant les ardeurs des uns et des autres, promettant de poursuivre la réflexion pour améliorer le vécu des Sénégalais qui, comme moi, lui accordent leur confiance qu’il est encore trop tôt de lui retirer, assailli comme il est, par ses adversaires politiques dans tous les domaines et acculé de tous côtés, par les priorités nationales et sociales.
Monsieur Abdoul Mbaye et Niasse sont des collaborateurs de tout premier ordre, loyaux, véridiques, patriotes, courageux. Ce qu’ils ont dit, personne d’autres, dans le gouvernement, n’oserait le dire et pourtant, ils n’ont dit que la vérité interprétée par certains, comme un scandale. Ils n’ont pas besoin d’être des flatteurs et des courtisans, pour rester à vos côtés, Monsieur le Président, parce que suffisamment nantis pour être à l’abri des besoins. Ils ne veulent que servir le Sénégal mais dans la loyauté et la dignité. Restez avec eux, monsieur le Président. Ça aussi, c’est un autre point de vue.
Kaolack, le 06 mai 2013
Mamadou Moustapha THIAM,
Inspecteur Adjoint de l’Enseignement
à la retraite à Kaolack