Une commission de recouvrement des biens mal acquis annoncée
En marge du bilan de la première année d’exercice de Macky Sall, Aminata Touré a annoncé la création d’une commission pour retracer les biens mal acquis.
L’architecture judiciaire du Sénégal se renforce dans le but de retracer les biens mal acquis jusque dans leur logis. En effet, le garde des sceaux, Aminata Touré, a annoncé hier la mise en place, sous peu, d’une commission de recouvrement des biens mal acquis qui sera le ‘’levier sur lequel l’État va s’appuyer pour identifier, à l’étranger et sur l’international, toutes les niches dans lesquelles des biens mal acquis ont pu être logés et les rapatrier.» La garde des Sceaux s’exprimait au cours d’un panel organisé par le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar sur les réformes, en matière de gouvernance, engagées par Macky Sall après un an d’exercice du pouvoir.
Selon Mme Touré, l’ambition d’une gouvernance vertueuse s’inscrit dans une quête de justice sociale. «En l’absence de mesures efficaces, la corruption réduit les efforts de développement, dit-elle ; elle entraîne des investissements mal orientés et anticipe le taux de détérioration des finances publiques». La lutte contre la corruption et la traque des biens mal acquis ne se conjuguent pas à une vendetta contre des adversaires politiques, elles permettent au contraire d’asseoir les bases du développement, a précisé la ministre de la Justice.
Intervenant au titre de panéliste, le professeur Ismaïla Madior Fall a insisté sur l’importance d’introduire des réformes institutionnelles pour «changer la République sans changer de République», moyen, selon lui, pour moderniser le régime politique et renforcer l’État de droit. Ainsi, en ce qui concerne la durée du mandat, le Pr. Fall a présenté le septennat comme une anomalie dans l’histoire du Sénégal alors que le quinquennat reste l'orthodoxie. Dans cette lancée, il s'est prononcé contre l'idée d'«une nouvelle constitution» car les réformes envisagées peuvent bien être introduites dans l'actuelle.
«Le pouvoir, pas une fin en soi»
Autre point tout aussi important, c'est la déconnexion de la fonction de président de celle de chef de parti, a insisté Ismaïla Madior Fall. Il reconnaît néanmoins qu’il serait difficile pour un président, en course pour un second mandat, de ne pas demeurer à la tête de son parti.
Pour sa part, Mouhamadou Mbodj, coordonnateur du Forum civil, a indiqué que le pouvoir n’est pas une fin en soi, mais le moyen de satisfaire les besoins du citoyen, ajoutant que la question des débats sur les institutions n’est pas séparable de la qualité de la gouvernance et de sa finalité. «L’erreur est que le gouvernement a toujours parlé avec l’opposition, (or) votre interlocuteur, c’est celui qui vous a donné le pouvoir», a-t-il fait savoir.
Le Premier ministre qui présidait ce panel a regretté que personne n’ait eu l’idée de comparer la première année de Macky Sall à celui d’un ancien président. «À ceux qui vont comparer, on leur demande de comparer avec ce qu’ils ont fait, ainsi le débat sera fructueux», a-t-il souligné à l'endroit des Libéraux mais sans les citer.
ANTOINE DE PADOU