Ban Ki-moon à Kinshasa dans un climat tendu par des combats dans l'Est
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a rencontré mercredi à Kinshasa le président Joseph Kabila dans un climat tendu par la reprise d'affrontements entre l'armée gouvernementale et la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) dans l'est de la République démocratique du Congo.
"Le temps est venu pour la paix et le développement pour le peuple de la République démocratique du Congo et ceux de la région", a déclaré M. Ban à l'issue de sa rencontre avec M Kabila. Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, qui l'accompagnait, a annoncé une aide d'un milliard de dollars pour la région des Grands Lacs, dont la RDC. L'aide sera destinée à des projets liés à l'énergie, l'agriculture, le commerce transfrontalier, la santé et l'emploi. La rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) s'est déclarée mercredi prête à "une cessation immédiate des hostilités" avec l'armée afin de faciliter la visite de Ban Ki-moon.
La visite de Ban Ki-moon s'inscrit dans le cadre d'une tournée dans la région des Grands Lacs qui le conduira jeudi à Goma, capitale de la province riche et instable du Nord-Kivu. Il se rendra ensuite à Kigali (Rwanda), à Entebbe (Ouganda) et à Addis-Abeba (Ethiopie), siège de l'Union Africaine. Depuis lundi, et après plusieurs mois de trêve, les combats ont repris entre l'armée congolaise et les rebelles dans la zone de Mutaho, à une dizaine de kilomètres au nord de Goma. Les deux camps s'accusent mutuellement d'avoir relancé les hostilités. Conséquence, plus de 30.000 personnes ont fui les camps situés près de la zone des combats, selon le Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU. "Le camp de déplacés de Mugunga I, qui compte 55.000 déplacés, s'est vidé à 45% et celui de Mugunga III, où 13.000 personnes sont recensées, s'est vidé à 70%", a déclaré mercredi à l'AFP Simplice Kpandji, chargé de communication du HCR à Kinshasa.
Selon lui "la population fuit vers Goma et Sake". Les déplacés fuient "de façon préventive", craignant une escalade, estime une source onusienne. Des tirs d'armes lourdes ont atteint mardi Mugunga et Ndosho, à l'ouest de Goma. Selon Médecins sans frontières, 6 obus sont tombés dans la zone des camps de déplacés de Mugunga et ont fait mardi 4 blessés. A Ndosho d'autres obus ont fait "deux morts et une dizaine de blessés", selon MSF. Mercredi après-midi, le M23 a dénoncé l'usage par l'armée d'hélicoptères de combat et a affirmé que les combats risquaient de s'étendre. "Nous voudrions demander à la population de s'éloigner des FARDC (armée congoalise, ndlr) car les combats se dirigent vers Mugunga. (...) Ils peuvent se rendre à Goma au lieu de rester près des FARDC car s'ils ne partent pas, il y aura des pertes humaines", a affirmé le porte-parole rebelle.
Malgré la situation, l'escale de Goma reste au programme pour Ban Ki-moon, selon un haut-responsable de l'ONU. Les affrontements interviennent alors que la nouvelle brigade d'intervention de l'ONU, composée de 3.000 soldats tanzaniens, malawites et sud-africains, a commencé sa mise en place, avec pour mission de combattre et désarmer les groupes armés dans l'Est, dont le M23. "Vu ce qui se passe, je pense que nous devons accélérer le déploiement pour qu'ils soient pleinement à pied d'oeuvre le plus tôt possible", avait déclaré mardi Ban Ki-moon depuis le Mozambique.
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